C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

12 avril 2012

Les bibliothèques d'Albin et d'Alfred…

Albin de Montvaillant
Le 20 mars 1865, Albin de Montvaillant, maire nouvellement installé depuis la fin du mois de janvier de la même année, présenta aux anduziens son projet de création d'une bibliothèque populaire "destinée à fournir à tous, et particulièrement aux ouvriers laborieux, les moyens de développer leur intelligence et de recréer dignement leurs loisirs", à travers une lettre ouverte proposant une souscription à ses administrés. Je ne puis résister à la tentation de vous en présenter un autre extrait  : "…un jour viendra ou le cultivateur, assis le soir devant sa porte, pourra parler avec ses voisins de toutes les grandes conquêtes de l'esprit humain…". Ce n'est pas par hasard si notre première bibliothèque communale, défendue avec autant de lyrisme, vit ainsi le jour sous la houlette de ce jeune avocat anduzien de trente cinq ans.
En effet, comme son frère de quatre ans son aîné, qui n'était autre que le célèbre poète Alfred de Montvaillant, Albin possédait un vrai goût pour la littérature. Ces deux hommes, issus de l'une des familles les plus anciennes de la région, ont plus d'un point commun à leurs brillants parcours individuels. Ils firent déjà les mêmes études de droit pour devenir avocats, en dignes fils d'un père magistrat à la Cour royale de Nîmes. Si Albin ne fut jamais vraiment tenté de taquiner la muse, comme son frère le fit avec passion et le succès que l'on sait, il n'en était pas non plus indifférent. Le premier magistrat d'Anduze organisa en 1869 des "Jeux floraux", avec un concours de poésie ayant pour sujet un hommage à Florian. Il devait vraiment apprécier le fabuliste pour en avoir, dix ans plus tard, rédigé une biographie : "Florian, sa vie, ses œuvres, sa correspondance" (Dans ce livre il est à noter aussi une étude et un portrait intéressants de Robespierre…). Particulièrement fécond cette année là, il publia également une "Etude sur la littérature Hollandaise". Parmi sa production, on peut aussi signaler une attrayante biographie de "Jean Cavalier", éditée en 1884.
Etudes, diplômes, poésie, écriture, les deux frères se rejoindront également sur le plan politique, car si Albin fut maire d'Anduze, Alfred le poète le devint de Boisset et Gaujac en 1874 ! Il ne dirigera les affaires de cette commune que pendant deux ans, abandonnant ses fonctions pour d'autres obligations à Nîmes. Mais au cours de cette période il réussira quand même à faire aboutir un projet qui lui tenait à cœur : créer une bibliothèque !…

1 avril 2012

Paulet d'Anduze…

A ce jour, notre Porte des Cévennes bénéficie de quatre monographies. La dernière en date, "Histoire d'Anduze", est de 1952 et fut écrite par un de ses anciens premiers magistrats, André Chastand. En remontant dans le temps c'est au XIX ème siècle que furent publiées les trois autres avec l' "Histoire de l'Eglise Réformée d'Anduze" du pasteur Jean-Pierre Hugues en 1864, la "Notice sur la ville d'Anduze" écrite en 1823 sous la plume de A.L.G. Viguier, et enfin la publication en 1847 d'un manuscrit du XVIII ème siècle sur l' "Histoire de la ville d'Anduze" de …Paulet.
En dehors du fait d'être le premier auteur connu de notre histoire locale, Paulet, nommé ici sous son abréviation botanique officielle (c'est à dire sans son prénom), nous réserve quelques surprises quant à son parcours professionnel particulièrement brillant mais à priori oublié depuis longtemps à Anduze, sa ville natale.
Jean-Jacques Paulet est donc né à Anduze le 27 avril 1740. Après avoir fait des études de médecine à Montpellier, il est reçu docteur à 24 ans. Monté à Paris pour exercer, il se passionne pour la recherche, notamment pour un véritable fléau à cette époque, la petite vérole (attention à la confusion : si la vérole est synonyme de la syphilis, la petite vérole l'est de la variole). Il publiera un certain nombre d'ouvrages sur le sujet dont l' "Histoire de la petite vérole, avec les moyens d'en préserver les enfants et d'en arrêter la contagion en France". Avançant dans son livre le caractère contagieux de la maladie, il suscita une levée de boucliers qui faillit l'envoyer à la Bastille ! Il s'intéressa aussi aux maladies épizootiques et fut en outre un botaniste distingué. C'est d'ailleurs les deux grands volumes de son "Traité des Champignons", imprimés en 1793 par ordre du gouvernement, qui firent sa notoriété. Encore aujourd'hui, cet important ouvrage est considéré comme une référence dans le domaine de la mycologie, terme dont il fut le premier à en proposer l'emploi. Ce grand scientifique décéda le 4 août 1826 au palais de Fontainebleau dont il était devenu le médecin officiel.
Jean-Jacques Paulet est sans aucun doute l'un des plus exceptionnels enfants d'Anduze et j'espère qu'il trouvera un jour la place qui lui revient dans la mémoire collective communale à travers son nom enfin honoré…