Les événements de 1848, avec le départ forcé du roi des Français Louis-Philippe, contribuèrent à reporter la décision de mise en route du projet, pourtant adopté, de Jules Teissier-Rolland : d'autres priorités politiques et économiques du moment escamotèrent son dossier…
Opiniâtre, notre passionné n'en poursuivit pas moins inlassablement ses études, rendant rapport sur rapport, d'année en année. Celui de 1852 est encore plein d'espérance car il a obtenu l'engagement de principe du Président de la République devenu, après son coup d'état de 1851, l'empereur Napoléon III. Alors Jules prépare le nouveau concours qui aura lieu en 1853. Il publie une nouvelle série de communications sur son projet qu'il affine mais livre aussi l'historique de ceux de ses concurrents. Certains sont étonnants comme celui de 1824 où un ingénieur avait imaginé un canal de navigation entre Alès et la mer (Aigues-Mortes), avec une dérivation pour alimenter Nîmes, l'eau nécessaire étant puisée dans les gardons d'Anduze et d'Alès (!). Ces communes " alarmées d'une dérivation de ces deux branches de la rivière pour alimenter le canal projeté, s'opposèrent à cette dérivation et adressèrent des réclamations au Conseil général et au gouvernement." Ce projet fut logiquement abandonné… Jules était évidemment opposé à de telles propositions, connaissant particulièrement bien son environnement et ses nombreuses contraintes.
Pendant une douzaine d'années d'études acharnées, il n'avait jamais eu qu'une seule véritable ambition, celle de concrétiser une superbe idée : rendre au vieil aqueduc romain sa destination première et le sauver de la ruine par la même occasion. Durant tout ce temps il aura rempli environ quatre mille cinq cents pages d'explications dans les moindres détails, ne laissant rien au hasard, sans compter les dizaines de plans et croquis. Il termine son dernier rapport du concours de 1853 de la façon suivante :
" J'ai tout dit maintenant, et je serai compris, je l'espère, bien que la fin de mon travail soit incomplète, que le malheur me force à le tronquer. Je n'ai plus qu'à me dévouer au silence, désormais, en brisant la plume qui hier encore traçait sous mes doigts, avec ardeur, l'ouvrage auquel j'ai consacré les années viriles de mon existence, ces publications qui m'ont coûté tant de sacrifices et de labeurs, et pendant la durée desquelles le sort m'a cruellement ravi mon père, ma mère, ma fille unique et bien aimée !… Aujourd'hui, triste, découragé, isolé dans ce monde dominé par des devoirs nouveaux, je finis, en exprimant toutefois ce vœu de mon cœur et de ma raison : que Nîmes accomplisse enfin une entreprise digne de lui !… Digne du Prince qui le secourt et le protège ! Anduze, le 1er juin 1853."
Nous savons aujourd'hui que ce vœu, ce rêve magnifique, ne fut jamais exaucé.
Cet homme exceptionnel décéda le 27 avril 1862 à l'âge de 64 ans…
Opiniâtre, notre passionné n'en poursuivit pas moins inlassablement ses études, rendant rapport sur rapport, d'année en année. Celui de 1852 est encore plein d'espérance car il a obtenu l'engagement de principe du Président de la République devenu, après son coup d'état de 1851, l'empereur Napoléon III. Alors Jules prépare le nouveau concours qui aura lieu en 1853. Il publie une nouvelle série de communications sur son projet qu'il affine mais livre aussi l'historique de ceux de ses concurrents. Certains sont étonnants comme celui de 1824 où un ingénieur avait imaginé un canal de navigation entre Alès et la mer (Aigues-Mortes), avec une dérivation pour alimenter Nîmes, l'eau nécessaire étant puisée dans les gardons d'Anduze et d'Alès (!). Ces communes " alarmées d'une dérivation de ces deux branches de la rivière pour alimenter le canal projeté, s'opposèrent à cette dérivation et adressèrent des réclamations au Conseil général et au gouvernement." Ce projet fut logiquement abandonné… Jules était évidemment opposé à de telles propositions, connaissant particulièrement bien son environnement et ses nombreuses contraintes.
Pendant une douzaine d'années d'études acharnées, il n'avait jamais eu qu'une seule véritable ambition, celle de concrétiser une superbe idée : rendre au vieil aqueduc romain sa destination première et le sauver de la ruine par la même occasion. Durant tout ce temps il aura rempli environ quatre mille cinq cents pages d'explications dans les moindres détails, ne laissant rien au hasard, sans compter les dizaines de plans et croquis. Il termine son dernier rapport du concours de 1853 de la façon suivante :
" J'ai tout dit maintenant, et je serai compris, je l'espère, bien que la fin de mon travail soit incomplète, que le malheur me force à le tronquer. Je n'ai plus qu'à me dévouer au silence, désormais, en brisant la plume qui hier encore traçait sous mes doigts, avec ardeur, l'ouvrage auquel j'ai consacré les années viriles de mon existence, ces publications qui m'ont coûté tant de sacrifices et de labeurs, et pendant la durée desquelles le sort m'a cruellement ravi mon père, ma mère, ma fille unique et bien aimée !… Aujourd'hui, triste, découragé, isolé dans ce monde dominé par des devoirs nouveaux, je finis, en exprimant toutefois ce vœu de mon cœur et de ma raison : que Nîmes accomplisse enfin une entreprise digne de lui !… Digne du Prince qui le secourt et le protège ! Anduze, le 1er juin 1853."
Nous savons aujourd'hui que ce vœu, ce rêve magnifique, ne fut jamais exaucé.
Cet homme exceptionnel décéda le 27 avril 1862 à l'âge de 64 ans…