C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

21 avril 2019

D'Anduze à la principauté d'Orange…

Parmi les diverses archives retrouvées dans les combles de la mairie, celles dont je vous fais part régulièrement sur ce blog, il y a aussi un grand parchemin déroulé et abimé. Sans doute un rescapé de la grande inondation de 1958 (les tâches et salissures ainsi que la déformation de la fine peau d’agneau très gondolée devenue aussi dure que du carton montraient une exposition prolongée à l’humidité). Par contre l’important texte qui l’habille est parfaitement lisible mais… incompréhensible pour celui qui n’a pris aucun cours de latin ! Une écriture soignée dont certains mots, le titre en particulier mais aussi dans le texte, ont été tracés en couleur dorée. On remarque aussi une des signatures qui est graphiquement très belle, son auteur ayant suggéré avec talent le profil d’un oiseau !

Nous avons fait appel aux compétences de la restauratrice Aurélie Tanguy pour savoir ce qu’il serait possible de faire pour conserver dans de bonnes conditions ce grand document (41 X 60 cm). Dans un premier temps elle réussit à l’aplanir, ce qui lui permit de faire à ma demande des photographies assez nettes du texte pour que je puisse les transmettre à une spécialiste pour traduction. En attendant la fin de la restauration du parchemin et ensuite son encadrement sous verre pour sa conservation, nous allions enfin connaitre la destination de cet écrit.
La spécialiste c’est Marie-Lucy Dumas, historienne des Cévennes et présidente du « Lien des Chercheurs Cévenols », qui a eu la gentillesse de me faire une réponse précise et rapide. Il s’agit en fait d’un diplôme de docteur en droit canon et civil de l’université d’Orange, reçut en 1670 par Jacob Bezesse, Anduzien, après le passage de ses épreuves devant ses pairs qui l’ont qualifié « d’un mérite éminent et à l’unanimité ». Ce « grade » a été attribué dans le « palais » sous le haut patronage du chancelier de l’université, l’évêque d’Orange Alexandre Fabre, en présence également du « viguier du prince sérénissime ».

Un petit mot, sans entrer dans les détails, sur la principauté d’Orange et ce prince qui était à l’époque Guillaume III, ennemi juré de Louis XIV qui revendiquait depuis longtemps ce petit territoire voisin de la France. A la mort du prince, qui était entre-temps devenu aussi en d’autres circonstances roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, le roi soleil en profita pour l’occuper. A partir de 1713 l’acquisition sera reconnue officiellement. Enfin, après avoir été réunie au Dauphiné en 1734, la principauté fera partie intégrante du Vaucluse, nouveau département créé en 1793.


Alors bien sûr, comme me l’a écrit notre amie Marie-Lucie, ce document n’est « pas forcément intéressant pour les Anduziens mais plutôt pour les archives municipales d’Orange… ». Mais, en dehors du caractère inédit de ce grand parchemin au sein de nos propres archives locales, il concerne aussi une famille anduzienne au premier chef. Un patronyme du dix septième siècle oublié aujourd’hui et dont il reste tout à découvrir…

7 avril 2019

Naissance à Anduze de quatre des six enfants de Marie-Charlotte…

De gauche à droite l'abbé Noblet, Etienne, Jason, Nicolas et Julien.
Ce fut un bon week-end que ces 5, 6 et 7 avril, malgré le temps incertain, car nous avons assisté aux différentes étapes d’une opération rarissime et en tout cas complètement inédite à Anduze : les coulées et les démoulages en direct de quatre des six cloches du carillon qui viendra orner le beffroi du clocher de l’église d’Anduze.

Quelques mots pour résumer les circonstances qui nous ont amenées à organiser cet événement exceptionnel où les aspects cultuels et culturels sont intimement liés. Ils ajoutent ensemble une page particulièrement valorisante à notre histoire locale.

Une grosse cloche d’environ 670 kg pour plus d’un mètre de diamètre ornait le clocher de l’église ; née en 1847 et baptisée Marie-Charlotte, la vieille dame fut descendue il y a un an et demi à peu près pour les examens approfondis de symptômes visuels alarmants. Les conclusions confirmèrent nos craintes : sa dégradation avancée et irréparable ne lui permettant plus de regagner sa terrasse, une mise à la retraite après plus d’un siècle et demi de bons et loyaux services était inéluctable.

La municipalité, propriétaire des bâtiments de l’église dont le clocher, était prête à prendre en charge le remplacement de la cloche quand elle reçut une proposition de l’abbé Noblet, curé d’Anduze. Celui-ci voulait profiter de l’opportunité de ce changement pour installer un carillon de plusieurs cloches, elles-mêmes issues de la fonte de l'ancienne, afin d’obtenir un instrument aux possibilités musicales nettement plus élargies pour accompagner les différents services religieux du culte. Un souhait que nous n’avions aucune raison de refuser à partir du moment où la paroisse prenait en charge le surcoût financier de cette opération.

Culturellement et dans le cadre des JEMA (Journées Européennes des Métiers d’Art), c’était aussi pour la ville d’Anduze l’occasion ou jamais d’inviter les techniciens et véritables artisans d’art d’Azur Carillon à venir exprimer de façon concrète leur savoir-faire ancestral sur notre espace communal. Julien, Etienne, Nicolas et Jason nous ont donc emmenés, au cours de ces trois jours, dans leur univers particulier de fondeurs de cloches en nous expliquant aussi les différentes opérations conduisant à la réalisation des instruments.
Une fois finalisées ces cloches prendront place dans l’église d’Anduze pour une présentation au public et seront baptisées par l’évêque de Nîmes le lundi de Pâques 22 avril 2019. Il faudra le temps des travaux des nouveaux accès à la terrasse ainsi que de l'installation de la belle charpente en bois du beffroi pour que les six instruments soient opérationnels vers le 15 août 2019.

Concernant les coulées voici quelques images qui valent mieux qu’un long discours…