C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

23 janvier 2016

Tour de l’Horloge : le temps s’est arrêté pour ses travaux !…

Ce mois de janvier voit le démarrage des travaux de rénovation interne de la tour de l’Horloge avec comme première priorité un accès plus facile et sécurisé aux différents étages pour aboutir enfin jusqu’à la terrasse. La structure en fer forgé encadrant la cloche et le coq installé à son sommet ne seront pas oubliés pour une réfection nécessaire. Un paratonnerre, inexistant à ce jour, viendra protéger l’ensemble du monument contre d’éventuels mouvements d’humeur de Zeus !
 
Sous la houlette de notre maître d’œuvre Frédéric Fiore, architecte du patrimoine, cinq entreprises se partagent, chacune dans leurs domaines, l’exercice de ce chantier anduzien d’exception. En voici les différents lots. N°1 : échafaudages, maçonnerie, pierre de taille, revêtement de sol, étanchéité ; n°2 : serrurerie, ferronnerie, miroiterie ; n°3 : menuiserie bois ; n°4 : électricité, éclairage ; n°5 : cloche, horloge, paratonnerre.
Des aménagements particuliers seront faits au rez-de-chaussée, future pièce d’accueil de la tour. D’abord parce que c’est le seul niveau accessible aux handicapés, mais aussi pour son caractère inondable en cas d’épisode cévenol sévère avec la montée du Gardon.
Même si la Ville d’Anduze prend à sa charge l’essentiel du financement de ce beau projet patrimonial et culturel, il lui aurait été difficile de le concrétiser sans le soutien de ses partenaires. Pour un budget global de 270 830 €, la DRAC (l’Etat) verse 45 000 €, le Conseil Régional 23 600 €, le Conseil Départemental 27 000 €.
 
Une fois ces travaux terminés il faut ajouter le temps de la mise en valeur des premiers aménagements opérationnels destinés à recevoir le public dans les meilleures conditions, avec notamment l’organisation d’une première exposition. Donc si tout se passe bien nous prévoyons l’inauguration de la tour de l’Horloge pour les prochaines Journées du Patrimoine, programmées en septembre 2O16. En attendant et pour ceux que l'absence du son de la cloche perturbe, sachez que notre première préoccupation sera de remettre en marche l’horloge dès que l’avancée des travaux du troisième étage et de la terrasse le permettra !…

10 janvier 2016

Anduze et la Révolution par Alain Rouquette - 10


VI – SOUS LA CONVENTION (1793-1794)

A/ L’ANNEE 1793

L’effort de guerre au printemps 1793

A la fin de 1792, les armées de la République ont occupé la Belgique, la Rhénanie, la Savoie et Nice ; ces pays sont annexés. L’extension de la puissance française, puis l’exécution de Louis XVI (en janvier 1793) provoquent une coalition générale de tous les pays proches de la France, plus la Russie. Un immense effort militaire s’impose pour faire front à de si nombreux ennemis.
Le 24 mars 1793, le Directoire Départemental nomme ROQUIER Commissaire pour l’achat des fournitures nécessaires à 4 000 nouvelles recrues. Le premier avril, ROQUIER et CHAS sont chargés d’aller à Montpellier (et ailleurs, au besoin) pour faire l’achat des fournitures demandées par les districts. Dès le 6 avril, ROQUIER rend compte de sa mission.
Le 15 avril, les représentants de 34 sociétés « patriotiques » se réunissent à Nîmes, en l’église du Grand Couvent, pour tenter un nouvel essai de fusion entre la Société Républicaine (bourgeoisie) et la Société Populaire de Nîmes. La Société Populaire d’Anduze est représentée par MOUTIER et REILHAN. Cette tentative n’aboutit pas plus que les précédentes : mais le président du Conseil de département encourage le Comité central des Sociétés Populaires à poursuivre ses efforts d’unification.

En raison de la situation militaire à la frontière espagnole, la Convention envoie, dans le Midi, des « Représentants en mission ». Pour faire front au danger, il faut organiser une nouvelle force armée. Le 22 avril, sur réquisition des représentants en mission, le Conseil de département appelle 24 villes et bourgs (dont Anduze) à fournir 945 fantassins, 106 cavaliers et 40 canonniers, par appel au volontariat (et, au besoin, par tirage au sort). Les 1091 recrues seront équipées par leurs communes d’origine.

Le « fédéralisme » (juin-juillet 1793)

Le 2 juin 1793, les révolutionnaires parisiens obligent la Convention à arrêter les chefs « girondins » opposés à la « Commune ». Pour faire front aux immenses dangers (intérieurs et extérieurs) qui menacent la France et la Révolution, les « Montagnards » confient le gouvernement révolutionnaire à un « Comité de Salut public ». Mais le Midi « fédéraliste » est favorable aux Girondins proscrits (Rabaut Saint-Etienne est du nombre) qui s’opposent aux mesures de « Salut public », rendues nécessaires par une situation dramatique.
Le 3 juin, le Conseil de département interdit partout les « coalitions » de travailleurs, qui pourraient demander des augmentations de salaires ; mais le prix maximum des grains n’est imposé que dans dix villes (dont Anduze).
Le 13 juin les « Sections » (quartiers) de Nîmes et d’Alais demandent au Conseil de département de convoquer les assemblées électorales. Cette réclamation est soutenue par la municipalité de Nîmes et par la « Société des Républicains français ». Le Conseil permet à chaque commune (et à chaque section urbaine) de désigner un délégué qui siègera dans une « Assemblée représentative des Communes ». Cet organisme (illégal) se réunit le 21 juin ; Anduze y est représentée par FONTANES et REILHAN. L’Assemblée forme, en son sein, un Comité de seize membres, chargé de préparer ses travaux ; FONTANES et REILHAN sont membres de ce Comité. L’Assemblée des communes se proclame en « état de résistance » (c’est-à-dire d’insurrection) contre la Convention « montagnarde ».
Le Comité de « Salut public » du Gard lève, parmi les Gardes nationales, une force départementale, qui doit être portée vers les Pyrénées, mais beaucoup de ceux qui sont désignés pour en faire partie se déclarent « infirmes » et produisent des certificats de complaisance. Le 10 juillet, les citoyens d’Anduze s’estiment requis irrégulièrement ; ils offrent cependant « de rester attachés à la force départementale et de servir la patrie dans ce corps ». Le « Comité de Salut public » remercie les Anduziens pour leur attitude patriotique.

Ralliement du Gard à la Convention

Pour soumettre le Midi, la Convention y envoie le Général CARTEAUX, à la tête de quelques milliers d’hommes. Le 14 juillet 1793, CARTEAUX s’empare de la citadelle de Pont-Saint-Esprit, véritable « porte du midi ». Le même jour, le texte de la constitution républicaine (votée le 24 juin), parvient à Nîmes.
Le Conseil départemental se rallie aussitôt à la nouvelle constitution : l’Assemblée des Communes n’est plus en état de « résistance à l’oppression ». Dès le 16 juillet, les districts se rallient à la Convention ; les administrateurs chassés par les « fédéralistes » sont réintégrés.
Le 21 juillet, les assemblées primaires cantonales doivent se prononcer sur la Constitution, que le Gard accepte unanimement. Les administrateurs départementaux (qui ont dû rétracter leur attitude hostile à la Convention) rendent compte, le 27 juillet, de leur administration, qu’ils s’efforcent de justifier :
« Les citoyens craignaient une dissolution de l’Etat. Les sections de Nîmes, d’Alais, d’Uzès, de Beaucaire, de St Hippolyte, d’Anduze, de Saint Jean, de Sauve… s’étaient déclarées permanentes, elles attendaient le rapport sur les troubles qui déchiraient la Convention à Paris ».
Le 12 septembre, les administrateurs départementaux, compromis dans la dissidence « fédéraliste » cèdent la place à leurs successeurs.

Arrestations et incarcérations pendant les premiers mois de 1793 (An I)

Le 9 Ventôse (début mars), Jean-Antoine REILHAN est arrêté sur intervention de l’Accusateur public ; il est libéré un mois plus tard, le 9 Germinal (début avril).
Le 25 Ventôse (mi-mars), sont arrêtées Angélique PORTALES et Françoise RIVAUD, ainsi que deux religieuses : Jeanne FABRE et Thérèse PAULET ; Jeanne FABRE n’était pas encore libérée en Messidor (Juillet).
Le lendemain, 26 Ventôse, le marchand Antoine CAHOURS est arrêté sur intervention de la municipalité ; il est écroué à Alais ; puis libéré, six mois plus tard, le 26 Fructidor (septembre) par le tribunal révolutionnaire.
Le 3 Messidor (fin juin), le négociant BERGER est écroué à Alais ; il est libéré deux mois plus tard, le 10 fructidor (mi-septembre).
DU MERLET, noble de Tornac, a été incarcéré sur intervention du Comité de Surveillance d’Anduze. Il était écroué le 26 Messidor (mi-juillet).

Maintien de l’ordre - Aide aux Armées (An II)

Au début d’Octobre 1793, des bandes rebelles opèrent en Bas-Vivarais et dans le canton de Saint-Ambroix. Le Conseil de département y envoie l’administrateur MAIGRON, accompagné de trois compagnies de chasseurs à cheval. Les renforts sont bientôt demandés : on fait appel aux Gardes Nationales de St Jean du Gard, Anduze et Vézénobres. Le 21 octobre, le Conseil autorise MAIGRON (son Commissaire à Alais) à faire marcher 200 Gardes Nationaux de St Hippolyte, Anduze, St Jean du Gard pour les diriger vers Saint-Ambroix.
Le 30 Brumaire an II (20 novembre 1793) BON (fils aîné), Augustin BASTIDE, et Charles ROBERT, d’Anduze, NOVIS, LAFONT et FROMENTAL, et autres habitants des métairies de Tornac, recueillent « plusieurs voitures chargées d’habits, bas, souliers, chemises » qu’ils conduisent eux-mêmes à l’armée des Pyrénées !

A suivre.