Problèmes monétaires – Loi sur les émigrés.
Dans une période si troublée, la situation économique devient difficile ; elle ne peut que s’aggraver après la déclaration de guerre à l’Empereur germanique (20 avril 1792). La bonne monnaie (thésaurisée par certains particuliers) devient rare. Les assignats (billets gagés sur les biens nationaux) n’inspirent pas confiance ; ils se déprécient rapidement.
Dans 35 localités gardoises, on tente de remédier à cette situation par l’émission de billets de confiance, pour faciliter le règlement des petites transactions. A Anduze, deux délibérations municipales (avril et août 1792) décident l’émission de billets de 2, 3 et 5 sols.
Le 13 mai 1792 (trois semaines après la déclaration de guerre), l’administration départementale envoie aux 31 sociétés des « Amis de la Constitution » (Anduze a la sienne) un exemplaire de la loi du 29 avril, sur les émigrés. Le concours des sociétés est sollicité pour l’application de cette loi.
Le 14 juillet 1792 à Alais
Pour le second anniversaire de la Fédération Nationale, le serment fédératif doit être renouvelé. Les gardes nationales des diverses localités se rassemblent à Alès ; en fin de matinée, la cérémonie fédérative se déroule dans un ordre parfait.
Au début de l’après-midi, divers groupes de « légionnaires » et de femmes se dirigent vers le Fort ; ils veulent libérer certains prisonniers et en massacrer d’autres ; on envoie la Légion d’Anduze pour les disperser. Mais, vers 4 heures, les prisons sont forcées ; deux suspects prisonniers sont massacrés ; les administrateurs locaux proclament la loi martiale ; escortés par la cavalerie nationale d’Alais, d’Anduze et de St Jean du Gard, ils se dirigent vers les attroupés.
Les « factieux » se dispersent vers différents quartiers de la ville, dévastant des maisons, malgré les efforts de la Garde nationale d’Anduze. Son commandant, le négociant GAUTHIER, est menacé de coups de sabres et de baïonnettes ; il est sauvé par le dévouement de ses grenadiers. Les administrateurs parviennent à disperser les émeutiers.
Le recrutement des Compagnies franches
Pendant l’été 1792, la France est menacée d’invasion. Un décret de l’Assemblée législative proclame « La patrie en danger ». Le 10 août, une insurrection parisienne met fin au règne de Louis XVI ; la Législative se prépare à céder la place à une nouvelle Assemblée constituante : la Convention nationale.
Le Conseil de département se hâte d’appliquer la loi qui prévoit le recrutement de Compagnies franches ; le nombre des volontaires dépasse l’objectif prévu. Le 20 août, les commissaires chargés du recrutement distinguent Anduze, Générargues et 7 autres communes gardoises qui ont fourni des volontaires avant même la réception de la loi.
La vie politique pendant l’été 1792
Le 19 août, à Nîmes, 25 clubs gardois (dont celui d’Anduze) forment un Comité central des Sociétés populaires. Le 26 août, les Assemblées primaires se réunissent, afin de choisir les 540 électeurs gardois qui désigneront les six députés du Gard à la Convention. Quatre assemblées locales (dont celle d’Anduze) approuvent solennellement les mesures prises, après le 10 août, par l’Assemblée législative.
L’Assemblée électorale du Gard se réunit le 2 septembre, à Beaucaire. Pour l’élection du Bureau, le doyen d’âge est assisté de trois scrutateurs : l’un d’entre eux est l’Anduzien FRAISSINET-GIBERT. L’Assemblée estime que le « Directoire du département et le procureur général syndic ont perdu la confiance des administrés pour avoir pris des arrêtés improuvant les évènements arrivés à Paris, le 20 juin et le 10 août dernier ». Les membres du Directoire démissionnent et demandent qu’on leur trouve des successeurs.
L’Assemblée électorale prie alors l’Assemblée législative de faire prononcer sans retard ces démissions ; elle lui fait parvenir un extrait du procès-verbal de la séance dans laquelle le corps électoral a déclaré que le Directoire et le procureur général syndic ont perdu la confiance des administrés.
Débuts de la Convention (An I)
L’administration départementale pendant l’automne 1792
Le 20 septembre 1792, la victoire de Valmy redresse la situation militaire. Le lendemain, 21 septembre, lors de sa première séance, la Convention proclame la République.
L’Administration départementale sortante achève sa mission. Le 5 novembre, le Directoire prononce la confiscation des biens des émigrés. Figure sur la liste : François, Denis, Auguste BEAUVOIR-BRISON (Anduze et Tornac). Un arrêté du 8 novembre réduit de moitié le nombre des notaires du Gard. Le district d’Alais (56 000 habitants) n’aura que 23 notaires au lieu de 50. Anduze conserve trois études notariales !
Le 14 novembre, à Uzès, l’Assemblée électorale du Gard élit sept membres du nouveau Directoire départemental, auxquels s’ajoute (le lendemain) l’Anduzien ROQUIER.
Le 18 novembre, 39 membres de l’Assemblée électorale (dont ROQUIER) contestent l’élection du nouveau président du tribunal criminel, VIGIER, président de la « Société des Républicains français » (Club modéré de Nîmes, concurrent de la « Société populaire des Amis de l’Egalité et de la Liberté »). Les 329 protestataires considèrent l’élection de VIGIER comme illégale (il a été élu en son absence) ; ils envisagent de faire casser cette élection. Leur protestation suscite de nombreux remous ; un membre de l’Assemblée demande la cassation de l’élection de ROQUIER au Directoire. L’Assemblée demande à la Convention nationale de faire remplacer ROQUIER « dernier membre du nouveau Directoire, signataire de la protestation et capteur de signatures ».
« La Convention sera invitée à priver, par un décret, pendant dix ans, du droit de citoyen, les signataires de cette protestation ». Le 19 novembre, plusieurs signataires se rétractent ; l’Assemblée écrit à la Convention :
« ROQUIER d’Anduze, membre du nouveau Directoire du département du Gard, signataire de cette protestation, ayant perdu la confiance de l’Assemblée, doit être remplacé par le premier suppléant de l’Administration. »
En fait, ROQUIER et VIGIER restent en fonction. Un an plus tard, (le 5 décembre 1793), le Conseil de département les décharge des inculpations portées contre eux.
A suivre.