« (…) Furieux, le sénéchal fit détruire ses châteaux de Boucoiran, de Lascours, de Saint-Etienne, d’Aigrefeuille, de Montaigu, sans oublier celui de Rousson ; profitant de l’absence de Tiburge, il s’empara même de celui d’Alais, en sorte qu’à son retour celle-ci ne trouva nul refuge ; pourchassée dans la ville, elle dut se retirer avec son fils au couvent des frères mineurs.
« Pierre d’Athies voulut alors détruire la tour même des Pelet et convoqua pour cette démolition les habitants de la ville. Tiburge essaya d’arrêter le sénéchal ; grossièrement injuriée, elle n’obtint de lui qu’un sursis ; persécutée pour n’avoir pas voulu affirmer faussement au roi que Pierre avait accompli ses instructions, elle dut revenir à Paris demander justice.
« En son absence, le châtelain d’Alais (Il s'agit ici d'une fonction d'administrateur territorial royal, donc le châtelain était sous les ordres du sénéchal) tenta de détruire la tour, mais la grand-mère du jeune Bernard Pelet la fit fortifier, prévint Tiburge et fit appel au roi.
« Celui-ci défendit d’inquiéter davantage les seigneurs d’Alais ; ils échappèrent ainsi à une ruine totale, mais, dans cette lutte, ils avaient perdu plus de mille livres tournois, les châteaux de leurs vassaux avaient été détruits et leur prestige atteint.
« A Rousson, le seigneur du lieu avait été tenu en otage un mois durant à Bellegarde ; pendant son absence, le sénéchal avait pris, à défaut de sa femme, son château, et il avait extorqué mille sous aux habitants du lieu, sans parler des objets mobiliers saisis ; il y avait installé ses garnisaires (terme ancien qui désignait les hommes souvent peu recommandables chargés d’occuper la maison d'un débiteur saisi), qui y avaient fait bonne chère, puis il avait détruit les murs de la forteresse.
« La maison d’Aigrefeuille, « l’une des plus illustres » de la région, n’avait pas été mieux traitée : les demeures et la tour seigneuriales avaient été démolies ; mobilier, caves, greniers, tout avait été mis à sac.
« Des faits analogues s’étaient produits à Soucanton (Ce château, dont il ne reste que quelques ruines oubliées au sommet d’un éperon rocheux, était situé non loin de Saint Jean du Pin). Dès le temps de Pèlerin (un autre sénéchal de Beaucaire), le châtelain d’Alais, Thierry, avait détruit le château, sa tour, ses dépendances et jusqu’à une citerne construite à grand peine et à grand frais ; à Montclar, à Verfeuil (A l’Est d’Alès, en direction de Bagnols-sur-Cèze), Pierre d’Athies avait détruit les châteaux de Bermond (Un autre Bermond que celui de Sauve ! Avec Bernard ces prénoms étaient très « à la mode » à l’époque. C’est malheureusement la source de nombreuses erreurs chez les historiens, qu’ils soient amateurs ou professionnels : pour l’exemple il suffit de s’intéresser à la généalogie de la maison d’Anduze/Sauve pour se rendre compte de la difficulté de bien « numéroter » les différents membres de la famille portant le même prénom !) seigneur du lieu ; il lui avait en revanche offert l’hospitalité dans sa ville d’Alais, où il l’avait tenu enfermé pendant sept semaines, ne le relâchant que moyennant soixante livres.
« Ainsi, dans toute la région alaisienne où s’étendait l’autorité des Pelet, par leurs destructions, leurs usurpations et leurs violences de toutes sortes, les sénéchaux de Beaucaire n’avaient cessé de ruiner le pouvoir seigneurial et d’étendre l’autorité du roi.
« Mais il vaut la peine de remarquer que c’est à eux seuls, à leur initiative personnelle, à leur arbitraire que sont imputables toutes les exactions subies par le coseigneur du roi et ses vassaux ; elles sont le fait d’officiers indépendants et avides, qui ne peuvent souffrir d’obstacle à leur autorité, et qui usent de leur pouvoir au gré de leur caprice ou de leur colère ; il ne faut pas y voir l’accomplissement d’un dessein préconçu, l’application d’une politique.
« Ce fut bien par l’effet de la volonté royale que saint Louis se substitua en tant que coseigneur d’Alais à Pierre Bermond de Sauve, mais ce ne fut point par sa volonté, sans doute, que l’équilibre des forces se trouva rompu dans la seigneurie alaisienne du jour où il y fut entré ; si l’état de fait fut profondément troublé, rien ne fut changé en droit ; ce n’est pas à un titre différent de celui de son prédécesseur que le roi domine dans le pays.
« Aussi, en dépit des ruines qu’elle y accumula, la conquête, encore que violente et spoliatrice, ne s’appesantit-elle pas également sur les Pelet et la famille de Sauve ; alors que Pierre Bermond VII avait perdu toutes ses terres, les seigneurs d’Alais restaient coseigneurs du roi ; ils durent à la longue fidélité de leurs ancêtres, autant qu’à leur propre soumission, de ne point perdre leur héritage. »
« La maison d’Aigrefeuille, « l’une des plus illustres » de la région, n’avait pas été mieux traitée : les demeures et la tour seigneuriales avaient été démolies ; mobilier, caves, greniers, tout avait été mis à sac.
« Des faits analogues s’étaient produits à Soucanton (Ce château, dont il ne reste que quelques ruines oubliées au sommet d’un éperon rocheux, était situé non loin de Saint Jean du Pin). Dès le temps de Pèlerin (un autre sénéchal de Beaucaire), le châtelain d’Alais, Thierry, avait détruit le château, sa tour, ses dépendances et jusqu’à une citerne construite à grand peine et à grand frais ; à Montclar, à Verfeuil (A l’Est d’Alès, en direction de Bagnols-sur-Cèze), Pierre d’Athies avait détruit les châteaux de Bermond (Un autre Bermond que celui de Sauve ! Avec Bernard ces prénoms étaient très « à la mode » à l’époque. C’est malheureusement la source de nombreuses erreurs chez les historiens, qu’ils soient amateurs ou professionnels : pour l’exemple il suffit de s’intéresser à la généalogie de la maison d’Anduze/Sauve pour se rendre compte de la difficulté de bien « numéroter » les différents membres de la famille portant le même prénom !) seigneur du lieu ; il lui avait en revanche offert l’hospitalité dans sa ville d’Alais, où il l’avait tenu enfermé pendant sept semaines, ne le relâchant que moyennant soixante livres.
« Ainsi, dans toute la région alaisienne où s’étendait l’autorité des Pelet, par leurs destructions, leurs usurpations et leurs violences de toutes sortes, les sénéchaux de Beaucaire n’avaient cessé de ruiner le pouvoir seigneurial et d’étendre l’autorité du roi.
« Mais il vaut la peine de remarquer que c’est à eux seuls, à leur initiative personnelle, à leur arbitraire que sont imputables toutes les exactions subies par le coseigneur du roi et ses vassaux ; elles sont le fait d’officiers indépendants et avides, qui ne peuvent souffrir d’obstacle à leur autorité, et qui usent de leur pouvoir au gré de leur caprice ou de leur colère ; il ne faut pas y voir l’accomplissement d’un dessein préconçu, l’application d’une politique.
« Ce fut bien par l’effet de la volonté royale que saint Louis se substitua en tant que coseigneur d’Alais à Pierre Bermond de Sauve, mais ce ne fut point par sa volonté, sans doute, que l’équilibre des forces se trouva rompu dans la seigneurie alaisienne du jour où il y fut entré ; si l’état de fait fut profondément troublé, rien ne fut changé en droit ; ce n’est pas à un titre différent de celui de son prédécesseur que le roi domine dans le pays.
« Aussi, en dépit des ruines qu’elle y accumula, la conquête, encore que violente et spoliatrice, ne s’appesantit-elle pas également sur les Pelet et la famille de Sauve ; alors que Pierre Bermond VII avait perdu toutes ses terres, les seigneurs d’Alais restaient coseigneurs du roi ; ils durent à la longue fidélité de leurs ancêtres, autant qu’à leur propre soumission, de ne point perdre leur héritage. »