« Ce jourd’hui », avec le document que je vous propose, nous entrons de façon inédite dans l’univers des potiers d’Anduze à travers la famille Gautier qui est sans conteste la plus emblématique de l’histoire locale de cette corporation puisqu’à l’origine même de la dynastie des Boisset et de l’entreprise actuelle « Les Enfants de Boisset »…
Comme dans l’avant dernier billet il s’agit d’une plainte déposée sous l’autorité de notre juge de paix de l’époque, Jean Coulomb aîné. Cette fois la date – le 7 mai 1806 – est compréhensible immédiatement car écrite selon notre calendrier grégorien au détriment du républicain (brumaire, nivôse, pluviôse, etc…), définitivement abandonné par l’Empire quelques mois plus tôt.
En dehors de la description savoureuse des déboires du plaignant, avec quelques fois des mots d’argot et des expressions populaires oubliés depuis longtemps, ce petit manuscrit officiel de plus de deux cents ans s’avère être aussi d’un grand intérêt pour notre histoire potière. En effet le plaignant, David Castanet, fut le premier d’une lignée de potiers reconnus ayant exercé tout au long du XIX ème siècle. Dans son magnifique livre « Le vase d’Anduze » Laurent Tavès nous apprend ainsi que le jeune homme est venu s’installer rue Fusterie en 1804 pour ouvrir son atelier. Ce qu’il ne nous dit pas et que vient confirmer sans ambiguïté notre document c’est qu’en attendant d’acquérir son indépendance, David Castanet est encore en 1806 au service de son voisin Jean Gautier et que celui-ci a été certainement son formateur… Une époque de transition car c’est ce même Jean Gautier qui forma aussi quelques années plus tôt le fils du cousin de sa femme, un certain Louis-Etienne Boisset…
Voici le texte de ce procès-verbal atypique, avec quelques remarques personnelles rajoutées entre parenthèses :
Est comparu David Castanet, journailler (journalier : ouvrier, manuel du pays) habitant de cette ville d’Anduze, lequel nous a requis de rédiger la plainte qu’elle vient nous rendre des faits ci-après détaillés, à quoi nous avons procédé d’après les déclarations du dit Castanet, qui a dit qu’il y a environ une heure la femme du sieur Louis Suisse est venue chez le sieur Jean Gautier, potier de terre de cette ville pour acheter un baquet. Le dit Gautier après lui avoir vendu le dit baquet lui a dit votre mari me doit deux jarres ; non a t’elle répondu, nous les avons payées à Castanet votre garçon qui est là ; alors le plaignant lui a dit non ma chère vous vous trompez, ce n’est pas à moi que vous les avez payées, parce que j’en aurais fait compte à mon bourgeois (mot d’argot d’autrefois désignant le patron, l’employeur). Elle a beaucoup fait du train (expression ancienne populaire exprimant l’emportement d’une femme) et a dit au plaignant que s’il soutenait de n’avoir point reçu le paiement des dites deux jarres il serait bien capable d’autres choses. Ce qui l’a décidé de se transporter chez le dit Louis qui du moment qu’il l’a vu il lui a dit ce n’est pas à toi que j’ai payé les jarres et lui a fait ses excuses. Mais le nommé Gervais aîné, boulanger de cette ville, ayant appris sans doute par quelque faux rapport que la femme du dit Louis, qui est sa sœur, avait été maltraitée par le comparaissant est couru chez le sieur Gautier, a trouvé Castanet, le pris au collet, l’a secoué fortement en lui disant c’est toi qui a battu ma sœur, et l’aurait maltraité si les personnes qui se trouvaient présentes ne lui avait empêché. Alors on l’a fait sortir de la maison, et s’en allant il l’a menacé qu’il le lui paierait. Sous lesquels faits le dit Castanet affirme vrais et sincères et désigne pour témoins Frédéric Dhombre journailler, Angélique Gautier (cousine de Etienne Boisset et épouse de Jean Gautier), Jean Gautier père, potier de terre, et le nommé Guillot domestique chez Mr d’Estienne aîné.
Comme dans l’avant dernier billet il s’agit d’une plainte déposée sous l’autorité de notre juge de paix de l’époque, Jean Coulomb aîné. Cette fois la date – le 7 mai 1806 – est compréhensible immédiatement car écrite selon notre calendrier grégorien au détriment du républicain (brumaire, nivôse, pluviôse, etc…), définitivement abandonné par l’Empire quelques mois plus tôt.
En dehors de la description savoureuse des déboires du plaignant, avec quelques fois des mots d’argot et des expressions populaires oubliés depuis longtemps, ce petit manuscrit officiel de plus de deux cents ans s’avère être aussi d’un grand intérêt pour notre histoire potière. En effet le plaignant, David Castanet, fut le premier d’une lignée de potiers reconnus ayant exercé tout au long du XIX ème siècle. Dans son magnifique livre « Le vase d’Anduze » Laurent Tavès nous apprend ainsi que le jeune homme est venu s’installer rue Fusterie en 1804 pour ouvrir son atelier. Ce qu’il ne nous dit pas et que vient confirmer sans ambiguïté notre document c’est qu’en attendant d’acquérir son indépendance, David Castanet est encore en 1806 au service de son voisin Jean Gautier et que celui-ci a été certainement son formateur… Une époque de transition car c’est ce même Jean Gautier qui forma aussi quelques années plus tôt le fils du cousin de sa femme, un certain Louis-Etienne Boisset…
Voici le texte de ce procès-verbal atypique, avec quelques remarques personnelles rajoutées entre parenthèses :
Est comparu David Castanet, journailler (journalier : ouvrier, manuel du pays) habitant de cette ville d’Anduze, lequel nous a requis de rédiger la plainte qu’elle vient nous rendre des faits ci-après détaillés, à quoi nous avons procédé d’après les déclarations du dit Castanet, qui a dit qu’il y a environ une heure la femme du sieur Louis Suisse est venue chez le sieur Jean Gautier, potier de terre de cette ville pour acheter un baquet. Le dit Gautier après lui avoir vendu le dit baquet lui a dit votre mari me doit deux jarres ; non a t’elle répondu, nous les avons payées à Castanet votre garçon qui est là ; alors le plaignant lui a dit non ma chère vous vous trompez, ce n’est pas à moi que vous les avez payées, parce que j’en aurais fait compte à mon bourgeois (mot d’argot d’autrefois désignant le patron, l’employeur). Elle a beaucoup fait du train (expression ancienne populaire exprimant l’emportement d’une femme) et a dit au plaignant que s’il soutenait de n’avoir point reçu le paiement des dites deux jarres il serait bien capable d’autres choses. Ce qui l’a décidé de se transporter chez le dit Louis qui du moment qu’il l’a vu il lui a dit ce n’est pas à toi que j’ai payé les jarres et lui a fait ses excuses. Mais le nommé Gervais aîné, boulanger de cette ville, ayant appris sans doute par quelque faux rapport que la femme du dit Louis, qui est sa sœur, avait été maltraitée par le comparaissant est couru chez le sieur Gautier, a trouvé Castanet, le pris au collet, l’a secoué fortement en lui disant c’est toi qui a battu ma sœur, et l’aurait maltraité si les personnes qui se trouvaient présentes ne lui avait empêché. Alors on l’a fait sortir de la maison, et s’en allant il l’a menacé qu’il le lui paierait. Sous lesquels faits le dit Castanet affirme vrais et sincères et désigne pour témoins Frédéric Dhombre journailler, Angélique Gautier (cousine de Etienne Boisset et épouse de Jean Gautier), Jean Gautier père, potier de terre, et le nommé Guillot domestique chez Mr d’Estienne aîné.
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