C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

6 janvier 2019

Anduze et le général oublié de l’armée révolutionnaire… 2

Alexis Chalbos, dixième enfant sur quatorze de Joseph Chalbos, notaire, et de Magdeleine de Fayet du Mazel, aristocrate, est né le 27 septembre 1730 à Cubières en Lozère (environ 90 kms au Nord-Ouest d’Anduze). Il commence sa carrière militaire comme simple soldat engagé volontaire à partir de 1751, dans la cavalerie légère de l’armée de Louis XV.

On le retrouve à partir de 1753 incorporé au régiment de Normandie dont une garnison est stationnée à Anduze. Les casernes étant en réparation, les soldats sont logés dans les différentes auberges locales. C’est dans l’une d’elles, le Lyon d’Or, que le Cubiérien fera la connaissance de sa future femme Marie Beaux, fille naturelle de l’aubergiste et de Jeanne Cazalis. Il l’épousera le 23 avril 1755 à l’église d’Anduze, quelques semaines après la naissance de leur premier enfant, Léger Chalbos. De cette union naîtront deux autres enfants mais seul le dernier des trois, prénommé comme son père Alexis, survivra : il fit aussi une brillante carrière militaire (il finit colonel de cavalerie au huitième régiment des Chasseurs à Cheval), couronnée en 1804 par la distinction d’officier de la Légion d’Honneur attribuée par l’Empereur.
 
Mais revenons à son père qui, à partir de 1756 et la « Guerre de Sept Ans » va commencer à se faire remarquer par ses supérieurs. Sous-officier puis officier sorti du rang, il va continuer sa lente ascension. Excellent cavalier il se distinguera à partir de 1766 pour l’instruction à cheval, notamment à Saumur. En 1788 il obtient du roi la Croix de Saint Louis, prestigieuse décoration. Promu capitaine en 1789, il est rappelé d’une retraite bien méritée par la période révolutionnaire – même s’ils sont issus de l’Ancien Régime la Révolution a besoin de cadres militaires expérimentés ! – qui  va accélérer ses différentes nominations : lieutenant colonel en 1792, colonel en avril 1793, général de brigade le 6 mai de la même année pour devenir général de division le 22 mai !…
Républicain affirmé et intelligent, durant cette époque trouble il déjouera tous les pièges susceptibles de le conduire à l’échafaud comme beaucoup d’autres généraux ayant commis des erreurs. C’est la « Guerre de Vendée », où il est envoyé par la Convention à partir du mois de mars 1793, qui lui donnera l’opportunité d’exercer tous ses talents de stratège et de meneur d’hommes, malgré des problèmes de santé récurrents. Après différents postes de commandement de Places d’armes, il décédera dans l’exercice de ses fonctions à celle de Mayence le 17 mars 1803, à l’âge de 72 ans.

Quant à Marie Beaux, elle n’a à priori jamais suivi son époux dans ses différentes affectations durant toutes ces années. Sans doute étaient-ils déjà « séparés » depuis longtemps au moment du dépôt de sa plainte en 1793, lui se consacrant entièrement à sa vie militaire. Mais ils étaient restés en bon terme puisqu’un acte notarial de 1802 nous apprend qu’il donne procuration à sa femme pour percevoir certains revenus fonciers. Elle décèdera en 1809 à Anduze, rue Bouquerie.
 

J’ai puisé l’essentiel des renseignements concernant le général Chalbos dans une importante brochure, très complète, lui étant entièrement consacrée et éditée en 2011 par le Centre d’Etudes et de Recherches littéraires et scientifiques de Mende. Une association parrainée par les plus grandes instances du département : l’interrêt tardif de la Lozère — et, du fait de ses représentants, de la France — pour l’une de ses grandes figures historiques vient à peine réparer une injustice dont s’était déjà plaint son fils en 1836. Celui-ci demandait que l’on grave le nom du général sur l’Arc de Triomphe. Il est vrai que lorsque l’on détaille la longue liste des généraux de la Révolution et de l’Empire du magnifique monument de l’Etoile, il est incompréhensible qu’Alexis Chalbos en soit absent. A moins que, comme l’affirme une humoriste célèbre d’aujourd’hui, « On ne nous dit pas tout ! »…
En 1884 le maire de Cubières s’adressa au Ministre de la Guerre pour le projet d’une statue qui ne sera jamais réalisée.

Finalement, à l’initiative du président de l’association de Mende et du maire du village, une plaque commémorative du militaire a été posée sur sa maison natale en 2008 ; en attendant peut-être un jour une véritable reconnaissance nationale.
Sur l’Arc ?…

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