Suite et fin de cette note très intéressante que nous a laissé G.R. dans son ouvrage « Le Vallon d’Anduze ».
« A part l’honneur qu’il eut d’être porté et cité à l’ordre du jour, cette affaire lui valut le brevet de chef d’escadron qu’il refusa, et renvoya à Paris, en manifestant le désir de demeurer à la tête de sa compagnie. Mais, soit que nos gouvernants d’alors s’imaginassent qu’il ne se croyait pas assez récompensé, soit autre vue de leur part, ils lui envoyèrent sa nomination de général de brigade qu’il aurait refusé aussi si ses amis ne lui eussent fait comprendre qu’il allait s’exposer à être mandé à la barre de la Convention, et si un représentant du Peuple qui se trouvait au camps, ne lui eut dit en langage du temps : Capitaine tu dois accepter, la Nation décerne les palmes au mérite, et, en te récompensant, elle croit récompenser un bon b…..! (1)
« Mr. Blanc accepta. Il eut, sous son commandement, dix mille hommes de notre meilleure cavalerie, entre autres les deux régiments de carabiniers. L’occasion lui en étant souvent fournie, souvent il se distingua à la tête de cette troupe d’élite, et il aurait infailliblement poussé son chemin plus loin, ou se serait fait tirer, si le sort n’en eut décidé autrement. Un jour, au milieu d’une affaire des plus chaudes, un boulet de canon lui passe si près de la tête qu’il le rend complètement sourd et le laisse comme atterré sous le coup.
« Cette infirmité, que rien ne put lui guérir, le rendant impropre à suivre les armées le fit nommer commandant de place à Cambrai…
« Mais, soit qu’il s’imaginât que c’était descendre que d’accepter ce poste ainsi qu’il l’a dit plusieurs fois, soit, qu’en perdant l’ouïe, il eut perdu alors une partie de sa raison, il partit pour Paris sans regarder qu’il n’avait pas deux ans de service dans son grade de général de brigade, et alla solliciter sa retraite qui, d’après la loi, ne lui fut accordée que comme Capitaine.
« Il était dans le dix-huitième mois de son grade supérieur, et comptait, en tout, trente cinq ans, deux mois, vingt cinq jours de service, y compris quatre campagnes. Sa pension de retraite, annuelle et viagère, fut fixée à onze cents francs, quatre vingt neuf centimes seulement, tandis que, après son décès, celle de sa femme, ma belle-mère, fut portée à mille francs, la loi lui donnant droit, comme marié durant l’activité de service de son mari, au quart de la retraite du grade supérieur de ce dernier.
« Le général s’était retiré, d’abord à Laon, chef lieu du département de son épouse ; mais le 11 floréal an 10 de la République, il quitta ce lieu avec sa femme et ses trois enfants en bas âge, et, voyageant à petites journées en voiture, il arriva, le sixième prairial an 10 à Anduze où il est mort le 20 septembre 1820. Jamais convoi funèbre, chez nous, n’a été plus pompeux, ni plus nombreux en assistants que le sien ! »
« A part l’honneur qu’il eut d’être porté et cité à l’ordre du jour, cette affaire lui valut le brevet de chef d’escadron qu’il refusa, et renvoya à Paris, en manifestant le désir de demeurer à la tête de sa compagnie. Mais, soit que nos gouvernants d’alors s’imaginassent qu’il ne se croyait pas assez récompensé, soit autre vue de leur part, ils lui envoyèrent sa nomination de général de brigade qu’il aurait refusé aussi si ses amis ne lui eussent fait comprendre qu’il allait s’exposer à être mandé à la barre de la Convention, et si un représentant du Peuple qui se trouvait au camps, ne lui eut dit en langage du temps : Capitaine tu dois accepter, la Nation décerne les palmes au mérite, et, en te récompensant, elle croit récompenser un bon b…..! (1)
« Mr. Blanc accepta. Il eut, sous son commandement, dix mille hommes de notre meilleure cavalerie, entre autres les deux régiments de carabiniers. L’occasion lui en étant souvent fournie, souvent il se distingua à la tête de cette troupe d’élite, et il aurait infailliblement poussé son chemin plus loin, ou se serait fait tirer, si le sort n’en eut décidé autrement. Un jour, au milieu d’une affaire des plus chaudes, un boulet de canon lui passe si près de la tête qu’il le rend complètement sourd et le laisse comme atterré sous le coup.
« Cette infirmité, que rien ne put lui guérir, le rendant impropre à suivre les armées le fit nommer commandant de place à Cambrai…
« Mais, soit qu’il s’imaginât que c’était descendre que d’accepter ce poste ainsi qu’il l’a dit plusieurs fois, soit, qu’en perdant l’ouïe, il eut perdu alors une partie de sa raison, il partit pour Paris sans regarder qu’il n’avait pas deux ans de service dans son grade de général de brigade, et alla solliciter sa retraite qui, d’après la loi, ne lui fut accordée que comme Capitaine.
« Il était dans le dix-huitième mois de son grade supérieur, et comptait, en tout, trente cinq ans, deux mois, vingt cinq jours de service, y compris quatre campagnes. Sa pension de retraite, annuelle et viagère, fut fixée à onze cents francs, quatre vingt neuf centimes seulement, tandis que, après son décès, celle de sa femme, ma belle-mère, fut portée à mille francs, la loi lui donnant droit, comme marié durant l’activité de service de son mari, au quart de la retraite du grade supérieur de ce dernier.
« Le général s’était retiré, d’abord à Laon, chef lieu du département de son épouse ; mais le 11 floréal an 10 de la République, il quitta ce lieu avec sa femme et ses trois enfants en bas âge, et, voyageant à petites journées en voiture, il arriva, le sixième prairial an 10 à Anduze où il est mort le 20 septembre 1820. Jamais convoi funèbre, chez nous, n’a été plus pompeux, ni plus nombreux en assistants que le sien ! »
Si la période révolutionnaire fut violente et incertaine pour une majorité des cadres de l’armée, elle offrit aussi à certains soldats d’origine modeste comme Chalbos et Blanc l’opportunité d’optimiser une fin de carrière, avec plus ou moins de réussite selon leur compétence… et leur état de santé !
Une époque favorable à l’émergence de personnalités les plus diverses qui surent profiter de circonstances exceptionnelles pour faire évoluer leur situation personnelle. Encore un exemple avec ce capitaine qui, en décembre 1793, contribua grâce à son sens tactique et son obstination à la reprise du port et de la ville de Toulon aux Anglais. Trois jours après ce succès il passa du grade de capitaine à celui de général de brigade ! Il faut dire aussi qu’à la différence de nos deux généraux précédents, celui-ci n’avait que 24 ans lors de cette nomination et son extraordinaire ascension ne faisait que commencer : il s’appelait Napoléon Bonaparte…
(1) Recopié tel que : je n'ai pas trouvé le mot correspondant aux points de suspension.
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