Aujourd’hui je vous propose de retourner à l’époque trouble de la Révolution avec un beau document inédit de Sauve…
Un écrit officiel de la commune reconnaissant avoir bénéficié d’un prêt de six milles livres de la part d’une personnalité anduzienne dont le nom complet, à particule et peu à la mode à cette période, fut raccourci pour écrire simplement Antoine Rodier.
Antoine Rodier de Labruguière (1747-1833) a laissé une trace dans notre histoire locale grâce notamment à la rédaction d’un petit journal du voyage qu’il entreprit entre 1770 et 1771 « d’Anduze à Amsterdam ». Il était accompagné de son frère Albert mais aussi à l’aller de deux membres de la célèbre famille Lafarelle de retour d’une visite à leurs cousins de Montpellier et d’Anduze. Ce journal fut publié en 1900 par Joseph Simon, conservateur de la bibliothèque de Nîmes.
Le jour de cet « arrangement financier » nous sommes en août 1793 et Robespierre a pris le pouvoir à Paris depuis quelques semaines avec son comité de salut public qui instaurera la Terreur. Donc en France l’atmosphère révolutionnaire se durcit, d’autant plus que la disette commence à apparaître, notamment dans le Gard. Alors quand les instances locales ne réquisitionnent pas de force le grain, ils « empruntent » aux plus fortunés pour en acheter. Est-ce que ce service rendu fut « conseillé » à l’aristocrate pour montrer ses bonnes dispositions envers la République, ou bien s’agit-il de l’action personnelle d’un citoyen solidaire de compatriotes dans le besoin ? Nous n’avons pas la réponse mais il n’en demeure pas moins que cette reconnaissance de dette fut établie plus d’un an après à son nom, en décembre 1794 : la mort de Robespierre en juillet de la même année et la fin de la Terreur ont du encourager Antoine Rodier à rappeler son bon souvenir à la mairie de Sauve afin d’avoir une chance un jour de récupérer son argent…
« Nous soussignés maire, et officiers municipaux de la commune de Sauve, district de monthipolite (1), département du gard, déclarons qu’il est dû par notre commune au citoyen Antoine Rodier habitant d’Anduze, six mille livres qu’il preta a notre dite commune en vertu de la délibération prise par le Conseil général de la dite commune le dix huit du mois d’aoust (2) mil sept cens quatre vingt treize, vieux stile (3), qui furent employés a l’achat des bleds (4) pour notre grenier de subsistance, de laquelle somme il lui fut consenti un billet le deux septembre de la dite année mil sept cens quatre vingt treize par les citoyens Malzac maire, Seguin aîné, Blanc, officiers municipaux, et Maurin trésorier alors en exercice, lequel billet nous avons vizé, et paraphé pour etre envoyé a la liquidation generale a paris, et etre liquidé en faveur du dit Antoine Rodier s’il y a lieu. et comme il est possible que le billet vienne a s’égarer, c’est pourquoi nous lui avons fait la présente déclaration pour lui servir en cas de besoin.
fait a Sauve dans la maison commune le dix huit frimaire an troisième (5) de la republique une et indivisible. »
(1) De 1794 à 1795 Saint Hypolite change de nom pour s’appeler Mont Hipolite. Ce n’est qu’au milieu du dix-neuvième siècle qu’apparaît son nom définitif : Saint-Hippolyte-du-Fort.
(2) Orthographe ancienne du mois d’août.
(3) Le calendrier républicain ne sera créé qu’à partir d’octobre 1793.
(4) Orthographe ancienne de blé.
(5) 8 décembre 1794.
Un écrit officiel de la commune reconnaissant avoir bénéficié d’un prêt de six milles livres de la part d’une personnalité anduzienne dont le nom complet, à particule et peu à la mode à cette période, fut raccourci pour écrire simplement Antoine Rodier.
Antoine Rodier de Labruguière (1747-1833) a laissé une trace dans notre histoire locale grâce notamment à la rédaction d’un petit journal du voyage qu’il entreprit entre 1770 et 1771 « d’Anduze à Amsterdam ». Il était accompagné de son frère Albert mais aussi à l’aller de deux membres de la célèbre famille Lafarelle de retour d’une visite à leurs cousins de Montpellier et d’Anduze. Ce journal fut publié en 1900 par Joseph Simon, conservateur de la bibliothèque de Nîmes.
Le jour de cet « arrangement financier » nous sommes en août 1793 et Robespierre a pris le pouvoir à Paris depuis quelques semaines avec son comité de salut public qui instaurera la Terreur. Donc en France l’atmosphère révolutionnaire se durcit, d’autant plus que la disette commence à apparaître, notamment dans le Gard. Alors quand les instances locales ne réquisitionnent pas de force le grain, ils « empruntent » aux plus fortunés pour en acheter. Est-ce que ce service rendu fut « conseillé » à l’aristocrate pour montrer ses bonnes dispositions envers la République, ou bien s’agit-il de l’action personnelle d’un citoyen solidaire de compatriotes dans le besoin ? Nous n’avons pas la réponse mais il n’en demeure pas moins que cette reconnaissance de dette fut établie plus d’un an après à son nom, en décembre 1794 : la mort de Robespierre en juillet de la même année et la fin de la Terreur ont du encourager Antoine Rodier à rappeler son bon souvenir à la mairie de Sauve afin d’avoir une chance un jour de récupérer son argent…
« Nous soussignés maire, et officiers municipaux de la commune de Sauve, district de monthipolite (1), département du gard, déclarons qu’il est dû par notre commune au citoyen Antoine Rodier habitant d’Anduze, six mille livres qu’il preta a notre dite commune en vertu de la délibération prise par le Conseil général de la dite commune le dix huit du mois d’aoust (2) mil sept cens quatre vingt treize, vieux stile (3), qui furent employés a l’achat des bleds (4) pour notre grenier de subsistance, de laquelle somme il lui fut consenti un billet le deux septembre de la dite année mil sept cens quatre vingt treize par les citoyens Malzac maire, Seguin aîné, Blanc, officiers municipaux, et Maurin trésorier alors en exercice, lequel billet nous avons vizé, et paraphé pour etre envoyé a la liquidation generale a paris, et etre liquidé en faveur du dit Antoine Rodier s’il y a lieu. et comme il est possible que le billet vienne a s’égarer, c’est pourquoi nous lui avons fait la présente déclaration pour lui servir en cas de besoin.
fait a Sauve dans la maison commune le dix huit frimaire an troisième (5) de la republique une et indivisible. »
(1) De 1794 à 1795 Saint Hypolite change de nom pour s’appeler Mont Hipolite. Ce n’est qu’au milieu du dix-neuvième siècle qu’apparaît son nom définitif : Saint-Hippolyte-du-Fort.
(2) Orthographe ancienne du mois d’août.
(3) Le calendrier républicain ne sera créé qu’à partir d’octobre 1793.
(4) Orthographe ancienne de blé.
(5) 8 décembre 1794.
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