C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

30 septembre 2012

Cordelier : un "mot clé" de l'histoire d'Anduze…

Un Frère mineur ou Franciscain ou Cordelier.
Notre beau parc des Cordeliers fait à juste titre la fierté des Anduziens et ceux-ci, par une fréquentation quotidienne soutenue, montrent leur grand attachement à ce lieu à la fois calme et ludique, propice à toutes sortes de rencontres et d'échanges… sinon à la méditation ! Transition un peu facile, certes, pour évoquer et se remettre en mémoire la signification du nom religieux de ce site merveilleux.
Saint François d'Assise fonda, dans le premier tiers du XIII ème siècle, l'ordre des Frères mineurs ou Franciscains. L'appellation populaire " cordeliers " viendra plus tard, lors de leur participation à la septième croisade organisée par Saint Louis entre 1248 et 1254. Ayant été particulièrement remarqués au cours d'une bataille, le roi aurait demandé leur nom et on lui aurait répondu que c'était des hommes liés  de cordes. Depuis on les nomme familièrement en France cordeliers.
Si il est avéré que les Franciscains possédaient un couvent à Alès au début du XIV ème siècle et d'ailleurs participèrent en 1309 à la commission chargée de l'interrogatoire des Templiers enfermés dans le château royal, pour Anduze leur arrivée sur notre territoire a dû se faire sensiblement à la même époque, la date des plus anciens titres du couvent des Cordeliers de notre cité étant de 1330 d'après le docteur Viguier dans sa notice sur la ville d'Anduze de 1823.
Le milieu du XVI ème siècle verra mettre au premier plan l'action du célèbre cordelier anduzien Nicolas Ramondy, puisque celui-ci, suite à un prêche de Carême à l'église Saint Etienne – qui n'était pas à l'emplacement actuel – particulièrement agressif envers le clergé, entra par la grande porte dans l'histoire de l'Eglise Réformée d'Anduze. Le pasteur Hugues, dans son important ouvrage de 1864 sur la Réforme, décrit en détail cet épisode à rebondissements de l'année 1547 qui marqua de son empreinte cette période où " les tendances vers les idées nouvelles se trahirent pour la première fois ".
L'histoire de la communauté de Saint François nous permet aussi d'apprendre qu'il n'est pas étonnant de retrouver un cordelier en première ligne pour dénoncer certains abus ou manquements de sa propre Eglise, le premier siècle d'existence de l'ordre nous en fournissant quelques précédents… Il faut dire qu'à l'origine, cette nouvelle confrérie était fondée sur la prédication accompagnée d'une totale pauvreté, les frères vivant d'humbles travaux manuels et de la générosité aléatoire de l'aumône. Des préceptes très durs qui, malgré le succès que rencontra cette communauté et son développement, forcèrent François, sous la pression de sa hiérarchie catholique, à modifier à plusieurs reprises la règle de l'ordre pour l'assouplir. Mais jusqu'à sa mort, en 1226, celui-ci restera fidèle à sa règle primitive, laissant même un testament où il professe la " pauvreté évangélique ". En dispensant les Frères mineurs  en 1230 de suivre cette dernière recommandation du fondateur, le pape Grégoire IX provoqua la sédition de moines tenant à conserver la pauvreté absolue prônée par François d'Assise. Ils seront appelés " les Spirituels " et pourchassés pendant de nombreuses années, notamment en Languedoc, les plus chanceux d'entre eux terminant leur vie en prison quand les autres finirent sur les bûchers de l'Inquisition… On pourrait presque penser que ce Nicolas Ramondy et quelques autres cordeliers furent des réminiscences de ces Spirituels, environ trois siècles plus tard !…
Mais revenons à Anduze et à son " enclos des Cordeliers "…
A suivre

16 septembre 2012

Paul Chapel : la signalisation par le feu en Cévennes…

Le château de Tornac et sa tour à signaux.
Depuis les temps les plus reculés les hommes n'ont cessé de rechercher les meilleurs moyens de communiquer entre eux le plus rapidement possible. Et si aujourd'hui, grâce aux relais satellite, une simple information peut être transmise quasi instantanément à l'autre bout du monde, les anciens n'en avaient déjà pas moins initié le principe, de façon plus rudimentaire bien sûr, mais avec succès. Les satellites étant, notamment au Moyen-âge, les châteaux, les tours et autres points hauts judicieusement choisis, véritable maillage de relais permettant ainsi une signalisation optimale dans toutes les directions, avec le feu et la fumée comme agents transmetteurs.
Pour nous parler de ce sujet passionnant dont quelques empreintes patrimoniales demeurent encore visibles au sein de notre environnement de plaines et de montagnes, nous avons eu l'honneur et le grand plaisir d'accueillir monsieur Paul Chapel dans le magnifique espace voûté de la salle Ugolin, aux anciennes casernes d'Anduze.
Cela fait une bonne vingtaine d'années que ce spécialiste s'intéresse aux chaînes de signalisation et leurs articulations qui quadrillaient notre région, l'homme de terrain qu'il est allant vérifier sur place ses théories développées sur cartes et plans. Quelques publications sont venues concrétiser ses recherches, devenant ainsi de véritables documents de référence dans ce domaine, malgré quelques controverses entres passionnés inhérentes à ce genre d'études où la spéculation vient de temps en temps combler le manque d'informations documentaires et d'archives…
Pour cette conférence inédite, Paul Chapel avait demandé à son ami Gilbert Calcatelle de venir le seconder, ce qui a doublé notre plaisir. Rien d'étonnant de voir ces deux hommes ensembles, car si nous apprécions Gilbert comme notre " Monsieur dolmen ", ceux qui connaissent un peu cet autre homme de terrain, très érudit, savent qu'il n'en est pas moins intéressé par toutes les périodes de notre histoire et de leurs particularités.
Ce fut une bien belle soirée pour les nombreux amateurs d'histoire et de patrimoine locaux qui s'étaient déplacés !