C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

21 mai 2014

Sommières, actrice de notre histoire…

L'une des périodes les plus rayonnantes de notre histoire locale est sans aucun doute le Moyen-âge avec la fabuleuse saga des seigneurs d'Anduze qui réussirent au fil des années à s'imposer comme l'une des plus puissantes familles du Languedoc. Notamment avec de différentes et grandes alliances qu'elle développa pour agrandir ses terres et donc son influence dans toute la région. Parmi ses nombreuses possessions il y eut deux cités qui furent particulièrement et étroitement liées à son destin : Sauve et Sommières. Cette dernière a fait l'objet récemment d'un important et magnifique livre retraçant son histoire des origines à nos jours. Une iconographie abondante et de grande qualité vient illustrer les différents chapitres regroupés sur 280 pages grand format. 
Si Sommières suscite depuis longtemps l'intérêt de passionnés avec la publication de nombreux écrits sur le sujet, c'est aujourd'hui sans conteste le véritable premier ouvrage de référence sur cette ancienne place forte. Huit auteurs dont la compétence n'est plus à démontrer dans leurs spécialités sont venus assister l'archéologue Sophie Aspord-Mercier dans la concrétisation de ce projet éditorial important. De la Préhistoire aux guerres de religion en passant bien sûr par l'Antiquité et le Moyen-âge, toutes les époques qui forgèrent l'identité de cette petite ville pleine de charme sont abordées. Ceci sans oublier la description d'un vaste patrimoine architectural mais aussi d'un environnement largement tributaire de son fleuve le Vidourle qui, à l'instar de notre Gardon, se montre quelques fois envahissant et destructeur…
A Tornac et Anduze nous connaissons bien maintenant Sophie puisqu'elle est notre docteur en histoire de l'art et archéologie médiévale qui s'occupe actuellement des différents sondages archéologiques au château. Recherches méthodiques et sérieuses qui nous permettront certainement d'appréhender la destination culturelle du lieu de façon plus rationnelle grâce à une meilleure connaissance architecturale et historique du site. L'autre aspect positif de ces petits chantiers de fouilles est bien la prise de conscience de la Direction Régionale des Affaires Culturelles que les ruines du château de Tornac, Monument Historique Inscrit, n'ont peut-être pas encore livré tous leurs secrets et méritent donc une plus grande attention que naguère…

6 mai 2014

Quand Marie Charlotte chante du haut de sa tour…

Un billet un peu particulier aujourd'hui avec ces lignes qui furent écrites par mon père en 2003 pour l'ouvrage retraçant l'histoire de l'église Saint Etienne d'Anduze et édité par la paroisse catholique à cette date. Il s'agit ici de ses observations et réflexions personnelles concernant l'un des derniers vestiges architecturaux du Moyen-âge de notre cité qui, à l'instar de notre tour de l'Horloge, bénéficia d'un heureux concours de circonstances l'épargnant de la destruction :
" Dès le premier regard, le clocher intrigue par l’orientation de ses faces avec une différence de quelques degrés par rapport aux grands axes de l’église. Il apparaît vite bien plus ancien par la facture de son revêtement aux moellons bosselés très soignés de la partie inférieure. En revanche, le sommet, largement ajouré sur les quatre côtés sous le dôme, où se trouve la cloche unique, pourrait avoir été construit avec l’église en 1686 et remplacé une simple structure en ferronnerie supportant la cloche. Selon la coutume, cette cloche porte l’inscription gravée des circonstances de son baptême :
 
AU FRAIS DES CATHOLIQUES D'ANDUZE SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM DE ME NOMME MARIE CHARLOTTE • LE M•TE CHARLES DE NARBONNE LARA MR COSTE CURE LE PARAIN M•R• FAIT PAR CARLE JACOB • ROUSSALIER • LA MARRAINE M•ME LA BARONNE MARIE FELICITE DE MERLET •• MDCCCXXXXVII
 
" Ce clocher fut donc épargné lors de la démolition du temple à la Révocation de l’Edit de Nantes et bien qu’il ait pu lui servir ainsi durant 85 ans. Mais il n’avait pas été construit avec le temple en 1600, l’Eglise Réformée de l’époque ne prévoyait en général qu’un modeste portique au-dessus du fronton. Il faut alors en déduire que notre clocher avait été déjà épargné, par les protestants cette fois, lors de la démolition du prieuré et de l’église Saint-Etienne en 1567, et l’on peut donner deux raisons à cela :
D’abord, on l’a vu, la ville avait un droit d’usage des cloches et par ailleurs en ce temps de guerre, il n’eut pas été raisonnable d’éliminer une tour aussi solide pendant qu’on fortifiait Anduze de tous côtés, une tour qui n’avait en fait aucun caractère religieux. Ensuite elle avait été véritablement conçue pour un rôle défensif. De l’extérieur, on y accède aujourd’hui par une porte ouvrant sur une passerelle de plain-pied avec le Plan de Costes (Place René Cassin) et ce niveau est de l’autre côté à 6m au-dessus du sol de l’église actuelle. Ses murs ont de 1,30 à 1,40 m d’épaisseur portant un escalier intérieur aux hautes marches de pierre qui conduit à la plate-forme supérieure. Sur le trajet on découvre, dans la paroi face Est, deux magnifiques archères superposées et aménagées selon les règles les plus classiques de l’architecture militaire moyenâgeuse. Cette particularité est très peu connue car les orifices, occultés par le mur de l’église, sont aujourd’hui invisibles du dehors. On peut sans doute avancer qu’étant donnée sa position et son orientation, cette tour faisait partie de l’enceinte du château des seigneurs d’Anduze à la fin du XII ème et début du XIII ème siècle.
Un chemin montant d’accès au château contournait le pied même de la tour car l’on remarque à la base de l’arête N.O. les pierres d’angle joliment taillées d’origine en pan-coupé pour faciliter le passage des chariots.
Evidemment une nouvelle énigme s’impose : Pourquoi cette tour a-t-elle échappé en 1256 à la destruction du château imposé à Pierre Bermond VII par le roi Louis IX (Saint-Louis)? On ne voit qu’une réponse acceptable : Elle était déjà considérée comme le clocher de l’église paroissiale Saint-Etienne…
Ce clocher, trois fois rescapé des injustices de l’Histoire, est bien une véritable relique du passé Anduzien ! "