C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

7 mai 2020

La tour de l'Horloge, sa méridienne, Germain Rodrigo…


Germain Rodrigo en 2005
Cela fait un moment maintenant que la cloche de la tour de l’Horloge est silencieuse, ne répondant plus aux heures et demi-heures annoncées par les aiguilles du cadran qui, elles, continuent d’avancer. Une panne difficile à réparer du fait d’un accès devenu problématique depuis la rénovation intérieure du monument. Si nous sommes particulièrement fiers de notre escalier hélicoïdal qui mène à la terrasse, celui-ci constitue aussi une véritable barrière au passage d’une échelle digne de ce nom permettant à un technicien de maintenance d’arriver au niveau de la fameuse cloche ! Avouons que personne n’avait anticipé ce genre de problème, architecte compris !
Amener l’échelle par l’extérieur à l’aide d’une corde est une vraie « galère » car nous n’avons aucune vision du sol du fait de l’épaisseur du mur ; la seule solution aujourd’hui est la location d’une nacelle mais imaginons que le technicien, une fois la-haut, soit obligé de changer une pièce qu’il n’a pas et de revenir…
Bref, il nous faut un accès pratique mais surtout définitivement sécurisé pour le personnel de maintenance. Nous avons donc décidé, sur les conseils de la société spécialisée qui s’occupera des travaux, de faire sceller des barreaux avec une ligne de vie sur l’édicule en pierre qui supporte la cloche ; l’ouvrage sera bien sûr exécuté avec toutes les normes en vigueur, le premier barreau étant déjà fixé à une certaine hauteur du sol de la terrasse pour éviter toute tentation des visiteurs et autres enfants à vouloir grimper…

Puisque aujourd’hui je vous parle de la tour, je vais vous communiquer un texte sur sa méridienne qui fut installée probablement au dix huitième siècle. Cet article est à ma connaissance le plus complet actuellement. Je ne connais malheureusement pas l’auteur de ces lignes, particulièrement compétent et dont j’aurais volontiers donné le nom.

Une information en entrainant souvent une autre je vais aussi en profiter pour rendre hommage à Germain Rodrigo qui, en 1978, s’attela à la réfection entière de cette grande méridienne. Peintre en bâtiment de profession à Anduze, cet homme humble et réservé était aussi un véritable artiste. Ayant sympathisé tous les deux, un jour il m’a fait l’honneur de m’accueillir chez lui pour me montrer sa petite galerie de tableaux, des copies d’œuvres de maîtres anciens ; j’avais été épaté par les reproductions et le talent de cet homme sans aucune formation artistique !… Il est décédé en deux mille dix, à l’âge de cent trois ans, une autre performance !… 

« Sur ce cadran vertical le gnomon n’existe pas, il est remplacé par un disque solaire métallique soutenu par trois arceaux, et comportant un trou central placé de façon telle que la ligne imaginaire tracée de ce trou au point de départ du faisceau des lignes horaires se trouve marquée la direction de l’axe du monde, faisant, comme il convient, avec la plaque du cadran un angle égal au complément de la latitude d’Anduze.
« Les lignes horaires inscrites tous les quarts d’heure s’échelonnent entre onze heures et une heure de l’après-midi.
« Lorsque le soleil luit à cette période de la journée, il projette par le trou du disque un rayon de lumière qui vient dessiner sur le cadran un petit cercle lumineux très net, qui permet de lire l’heure soit directement sur les lignes horaires, soit par interpolation. Il n’était pas possible de faire dire au cadran des heures antérieures à onze heures et postérieures à treize heures, la construction cylindrique de la tour aurait entrainé des déformations.
« Par contre, le cadre enregistre les saisons. On conçoit qu’en été avec le soleil élevé dans le ciel, le rayon passant par le trou du disque donne un cercle de lumière sur la partie basse de la table du cadran, en l’espèce vers la courbe du solstice d’été. A l’inverse, le soleil bas de l’hiver donne un cercle de lumière sur la partie haute de la table du cadran, en l’espèce, vers la courbe du solstice d’hiver.

« Six courbes (solstices) et une droite (équinoxe) matérialisant sur le cadran les entrées dans les signes du Zodiaque, qui s’échelonnent tous les trois mois vers la date du 21. L’on n’apprend plus sur les bancs de l’école la suite des animaux symboliques qui représentent ces dates et que le peintre a fidèlement reproduits sur le cadran. Mais leur liste, apprise par cœur, chantonnent encore dans la mémoire des personnes âgées : Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Vigo, Libraque, Corpius, Arcitenens, Caper, Amphora, Pisces. Traduisons par nos descendants : Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagitaire, Verseau et Poissons. »