C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

22 décembre 2018

Anduze et le général oublié de l’armée révolutionnaire… 1

Pierre Mourgue, huissier de la justice de paix d’Anduze, nous a laissé trois documents originaux signés par lui en septembre 1793 et concernant les suites d’une plainte déposée par Marie Beaux pour coups et blessures. Les trois feuillets sont les citations à comparaître de différents témoins de l’affaire, sur ordonnance du juge de paix de l’époque, le nommé Chabaud.
J’ai choisi de publier en illustration celle concernant le citoyen Bousquet, médecin anduzien qui examina la requérante. Je n’ai malheureusement pas retrouvé la plainte elle-même, ce qui nous aurait permis de connaître l’auteur présumé des faits mais aussi leurs circonstances : il est simplement spécifié dans les citations que Marie Beaux, d’Anduze, est l’épouse (1) du général de division Alexis Chalbos « au service de la République ».

« L’an mil sept cens quatre vingt treize et le vingt six septambre par nous pierre mourgue huissier de la justice de pais de la ville d’anduse y habitant soussigne a la requette de citoyenne marie Beaux epouse de citoyen alexis Chalbos general de division au service de la Republique habitante de cette ville d’anduse. En conséquence de l’ordonnance du citoyen juge de pais de la dite ville randue sur la plainte de la requerante du quatorze septambre courant, j’ay cité le citoyen Bousquet medecin habitant du dit anduse a comparoir vendredy prochain vingt sept du courant a sept heures du matin par devant le citoyen chabaud homme de loy juge de pais de la ville d’anduse pour faire son raport des coups et meurtrisures que la dite marie Beaux pretant avoir recux et dont il lui est fait mantion dans sa dite plainte, et déposer vestille sur ce qu’il sera interoge luy déclarant que faute par luy de comparoir a la dite heure ou a celle de la surseance il sera condamné et l’amande suivant la loy et au dit Bousquet j’ai laisse copie et parlant a luy meme trouve dans son domicile et soy due. Mourgue »

J'avoue que si le nom du général ne me disait rien, l'officier gradé de façon aussi élevée dans l’armée révolutionnaire et aux attaches anduziennes avait piqué ma curiosité : en savoir un peu plus sur ce personnage oublié de notre histoire s'avérait indispensable ! Je n'ai pas été déçu…
 
A suivre…

(1) A cette époque la femme mariée gardait son nom de jeune fille.

8 décembre 2018

Les liens d'Anduze et Barre des Cévennes au Moyen-âge…

Quelle bonne idée d’avoir réédité, par l’intermédiaire de "le bousquet-la barthe éditions", le petit livret introuvable de Louis Jourdan « Barre et sa seigneurie ». Ce texte agréable à lire, paru en 1901 dans les Mémoires du Club Cévenol, retrace de façon vivante à travers ses différents seigneurs l’histoire du village des origines à la Révolution. D’une soixantaine de pages il est aujourd’hui complété par des petites notes d’éclaircissement judicieuses de Jean-Paul Chabrol, historien et écrivain que l’on ne présente plus.

Situé à un peu plus de cinquante kilomètres au Nord Ouest de notre cité, en Cévennes lozériennes, Barre a eu son importance dans le maillage stratégique (surveillance et défense) des possessions de la puissante maison d’Anduze au Moyen-âge. Voici quelques lignes à ce propos de Louis Jourdan :

« (…) En 1052, dans un acte du 12 janvier, le testament d’Almérade, seigneur d’Anduze, la localité de Barre est mentionnée. Almérade donne à son fils Pierre tout ce qu’il possède à Anduze et ses appartenances, et, entre autres lieux, le château de Barre et tout ce qui en dépend (omne succidimentum ejus) et le château de Peyremale. Parmi les nobles témoins (boni homines) présents à cet acte, les premiers cités sont Fredol de Barre et son fils Galterius. Comme on le voit, Barre en ce temps-là dépendait d’Anduze, mais il avait ses seigneurs particuliers qui le tenaient en fief des seigneurs d’Anduze.

« La maison d’Anduze, si puissante par ses possessions et ses alliances, tenait sous sa haute seigneurie toutes nos Cévennes : Portes, Dèze, Saint-Germain-de-Calberte, Saint-Etienne, Moissac, Meyrueis, etc. J’ai sous les yeux copie de nombreux documents qui en font foi. Je ne rappelle ici les donations faites, par elle, de l’église St-Pierre-de-Meyrueis, à l’abbaye de Gellone, en 1042, que parce que Fredol de Barre y assiste comme témoin. Il figure encore, en 1049, dans la donation qu’Almérade et sa femme Enaurs firent de la moitié de leur domaine, sis dans la paroisse de St-Martin, à la même abbaye, dans l’espoir que, par l’intercession de Saint Guillaume, un fils leur naîtrait.

« (…) Pendant le XIIe siècle, les seigneurs de Barre suivent et assistent leurs nobles suzerains d’Anduze à la guerre et ailleurs ; et certes le devoir féodal n’était point une sinécure pour les fidèles de ces Bernard et de ces Bermond que nous trouvons mêlés à tous les différends, à toutes les querelles du Languedoc et de la Provence. Il ne se signait point un traité sans que leur paraphe figurât au bas de l’acte ; pas une bataille ne se donnait dans les diocèses de Nîmes, Maguelone, Agde, Béziers, Carcassonne, Narbonne et Toulouse, sans que leur cri de guerre y retentit. Grand honneur pour le seigneur de Barre, compagnon de tant d’aventures. Long souci pour la châtelaine songeant à l’époux absent et regardant, du haut de la montagne, l’étroit et abrupt sentier par où le sire doit revenir glorieux et éclopé. (…) »


Publiée à trois cents exemplaires depuis le printemps dernier, cette petite mais très intéressante édition risque de devenir bientôt elle aussi introuvable !…