C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

28 décembre 2019

La maison d’Anduze et les sénéchaux de Beaucaire… 3

Avec cette troisième partie, consacrée essentiellement aux Bermond, nous rentrons dans le vif du sujet. Celui-ci trouvera son point d’orgue dans le prochain billet avec les démêlées des seigneurs d’Alès avec Pierre d’Athies. Véritable personnage de roman avec son profil d’homme de pouvoir violent et cupide, il fut sans aucun doute parmi les moins recommandables des sénéchaux de Beaucaire !…

LA LUTTE DES PREMIERS SENECHAUX CONTRE LA NOBLESSE

« Action militaire des premiers sénéchaux. – La tâche des premiers sénéchaux semblait donc pouvoir se réduire à peu de chose au point de vue militaire. Peut-être auraient-ils réussi, s’il l’avait voulu, à établir sans violence leur autorité dans le pays ; du moins, les premières années qui suivirent la conquête ne furent-elles marquées par aucun soulèvement.
« Mais, se sentant maîtres indépendants, les officiers royaux, non contents d’affermir leur domination, voulurent aussi l’étendre ; ils s’efforcèrent non seulement de prévenir les révoltes, mais encore de ruiner une noblesse qui constituait, par le seul fait de sa puissance, un obstacle à celle du roi, dont les justices limitaient la sienne, dont les châteaux forts enfin restaient un refuge possible pour les hérétiques et les rebelles.
« Aussi bien est-ce dans la lutte contre les châteaux forts que peut se résumer, à peu de chose près, l’action militaire des sénéchaux de Beaucaire. En s’en emparant, en les détruisant, ils ruinaient en effet dans leur élément les seigneuries qu’ils combattaient : une fois possesseurs d’un château, ils étaient maîtres de toute la circonscription territoriale qui en dépendait.
« (…) Au pays cévenol, les sénéchaux livrèrent à la maison d’Anduze une guerre sans merci et accablèrent de vexations les Pelet d’Alais, devenus coseigneurs du roi ; en Gévaudan, ils conduisirent ou ordonnèrent plus d’une chevauchée (ici la définition de chevauchée est une expédition militaire répressive et violente) contre les barons turbulents du pays ; enfin ils prirent part à la répression des derniers soulèvements du comte de Toulouse et de ses partisans contre la domination royale.

« Ruine de la maison d’Anduze. – Nulle part l’intervention des officiers de la sénéchaussée ne fut aussi énergique que dans la seigneurie d’Anduze, nulle part du moins elle n’eut, dès le temps de saint Louis, d’aussi complets résultats.
« On se l’explique aisément. Parmi les rares défenseurs que la cause toulousaine avait trouvés dans le Languedoc oriental, aucun ne lui avait été, on l’a vu, plus fidèle que Pierre Bermond VII. De tous les seigneurs du pays, il était le plus puissant, le plus dangereux pour la domination royale, étant un des moins éloignés du centre de son établissement.
« Aussi la lutte s’engagea-t-elle de bonne heure entre les sénéchaux et lui : par malheur, nous n’en connaissons guère que les effets. Nous savons cependant par un passage des enquêtes de saint Louis qu’elle était déjà commencée du temps de Pèlerin (Pèlerin Latinier, sénéchal de Beaucaire entre octobre 1226 et octobre 1238) ; on ne s’explique point en effet, sans l’hypothèse d’une guerre, l’amende prononcée par le viguier de Sommières contre un homme qui avait pénétré dans le château de Sauve alors que Pierre Bermond, seigneur du lieu, s’y trouvait.
« Un autre texte vient confirmer cette hypothèse ; il nous montre le baile royal (Agent financier et judiciaire du Sud. Son équivalent au Nord était le prévôt) Meynier, qui exerçait ses fonctions du temps de Pierre d’Athies (sénéchal de Beaucaire à partir de 1239), emprisonnant un homme accusé d’avoir soutenu Pierre Bermond.

« Si on constate de plus qu’en 1239 le roi a remplacé celui-ci comme coseigneur d’Alais, on admettra que c’est avant cette date qu’eut lieu la lutte qui enleva la seigneurie d’Alais à Pierre Bermond, en sorte que le seigneur de Sauve paraît avoir devancé la révolte de Trencavel, vicomte de Béziers, en 1240 : lorsqu’il s’y associa, il était vaincu déjà et dépouillé en partie.

« A cette nouvelle lutte il perdit encore Sommières, dont on lui avait jadis donné une moitié en gage, et sa ville de Sauve, dont le roi s’empara. En 1243, il avait perdu toute sa terre.
« Le roi lui assignait six cents livres tournois de rente annuelle, mais s’emparait de ses châteaux, de ses fiefs et de ses revenus. A Roquedur, dont il lui laissait la ville et le château (Le village, situé à quelques kilomètres au sud-ouest du Vigan, ne possède plus aujourd’hui de sa forteresse que quelques rares pans de murs, mais le site reste magnifique avec une vue imprenable sur la région à 360° !), il faisait enlever les machines de guerre et ordonnait à son sénéchal d’examiner s’il devait détruire ou conserver cette forteresse ; dans toute la terre d’Hierle, sur laquelle la rente était assignée, Pierre Bermond n’avait pas le droit d’en construire ou d’en réparer une seule. Il se voyait de plus interdire l’entrée des châteaux et des villes d’Alais, d’Anduze, de Sommières et de Sauve, sans l’assentiment du roi.
« Ainsi était consommée la ruine du seigneur cévenol le plus redoutable au roi ; il payait chèrement sa longue fidélité au parti toulousain. (…) »
« Les progrès considérables que sa défaite faisait réaliser au pouvoir royal dans la région alaisienne en devaient amener rapidement d’autres.
« Maître d’une moitié de Sommières par la dépossession de Pierre Bermond VII, le roi eut vite fait de s’emparer de l’autre partie de la ville, qui appartenait au frère du seigneur de Sauve, Bermond, lequel y avait succédé à son père : la royauté acheva ainsi de substituer dans le pays cévenol son autorité à celle de la maison d’Anduze.
« A dire vrai, en 1248, Bermond n’avait plus à Sommières que des droits restreints ; non seulement son père avait cédé à Pierre Bermond VII la moitié de la ville, mais il avait dû confier de gré ou de force au sénéchal de Beaucaire Pèlerin Latinier la tour de son château ; l’accord conclu au mois d’août entre saint Louis et le seigneur de Sommières ne faisait guère sans doute que consacrer en droit un état de fait déjà ancien. Mais, en même temps qu’il abandonnait définitivement au roi tous ses droits sur la ville, Bermond cédait toutes les possessions qu’il avait au château de Calberte et dans la vallée environnante. Il recevait en échange le château du Cailar (Château disparu aujourd’hui).
« Ainsi dépouillé de ses terres les plus importantes, le nouveau seigneur du Cailar ne possédait plus que des fiefs assez lointains, qu’il n’était point dans l’intérêt de la royauté de lui disputer, tel celui de Saussines, dont il partageait la justice avec l’abbé de Psalmody (Un des plus anciens et célèbres monastères de la région au Moyen-âge qui était situé non loin d'Aigues-Mortes ; il n'en reste que quelques ruines aujourd'hui) et où il avait des vassaux.
 

« (…) Ainsi par la violence ou par des échanges habiles consacrant de lentes usurpations, les premiers sénéchaux avaient étendu le pouvoir royal au détriment des seigneurs de Sauve, dans les châteaux d’Anduze, de Sauve, de Sommières et d’Alais. »

A suivre


Photo du haut : Une partie du site du premier château des seigneurs d’Anduze, à flan de St Julien et dominant la ville.
Photo du bas : Carte postale ancienne montrant quelques ruines du château de Sauve situées sur un éperon rocheux au-dessus de la ville.

14 décembre 2019

La maison d’Anduze et les sénéchaux de Beaucaire… 2

Suite du premier volet présentant les rapports de force entre seigneurs d’une même famille confrontée aux intérêts personnels de chacun. Des rivalités dont surent se servir les Montfort, ainsi que le père de saint Louis, Louis VIII. Un vieil adage résume parfaitement l'action royale : « diviser pour mieux régner » !…

« Le père de Pierre Bermond ne lui avait cependant pas donné plus que son oncle l’exemple de l’attachement à la cause toulousaine ; en 1212, il s’était efforcé d’obtenir du pape Innocent III la succession de son beau-père (Pierre-Bermond VI avait épousé Constance, fille de Raimond VI, comte de Toulouse) ; Pierre Bermond VII, au contraire, se ralliait dès 1218 au parti de Raimond VI, qui lui donnait le château de Valzergues, quatre mille marcs d’argent fin, la suzeraineté de la terre des Pelet et les comtés de Milhau et du Gévaudan, ses droits sur la terre de Bernard VII d’Anduze et le château de Joyeuse ; le seigneur de Sauve promettait en revanche à son grand-père de le soutenir toujours loyalement et de lui prêter secours contre tout homme, excepté le roi de France, et même contre le roi si celui-ci refusait de lui faire droit. 
« Pour se venger de cette alliance, Amauri de Montfort confisqua les domaines de Pierre Bermond et en disposa en faveur de Bernard VIII d’Anduze, qui lui était resté fidèle et qui lui en fit hommage le 15 avril 1220. Ainsi était dépossédé par les conquérants le seul allié que Raimond VI eût pu trouver dans la famille de Sauve.
« Mais le triomphe de Bernard d’Anduze devait être de courte durée ; il mourut trois ans plus tard, et son neveu en profita pour se faire rendre justice ; au mois de septembre 1223, l’évêque de Nîmes restitua au seigneur de Sauve la ville d’Alais, le Mas-Dieu et divers châteaux ; Pierre Bermond cédait en échange aux enfants de Bernard VIII d’Anduze et à sa veuve Vierne six deniers de Melgueil sur le péage d’Alais, les châteaux de Calberte et de Bellegarde, les droits qu’il possédait sur le péage de Portes ; les héritiers d’Anduze lui faisaient hommage de tous ces biens.
« Satisfait de cette restitution et las sans doute de batailler, ne pouvant d’ailleurs prolonger seul la résistance, le seigneur de Sauve s’empressa de faire sa soumission à Louis VIII, quand ce prince eut envahi à son tour le Languedoc.
« En 1226, au mois de mai, il reconnaissait tenir du roi de France : Sauve, Anduze, ses possessions à Alais et tous ses autres châteaux, excepté ceux qu’il tenait des seigneurs ecclésiastiques.
« Ainsi, au moment où s’établit l’autorité royale dans le pays cévenol, deux seigneurs y dominent : l’un, Bernard Pelet, co-seigneur d’Alais, ne s’est point opposé à la conquête ; l’autre, plus indépendant, Pierre Bermond, partage avec Bernard la seigneurie d’Alais, mais vit en mauvaise intelligence avec lui ; il n’a cessé de combattre en faveur des comtes de Toulouse et n’a cédé qu’au roi de France. Son autorité, très vaste, s’étend en outre sur Sauve, sur Anduze, qu’il tient de Louis VIII ; il est vassal des évêques de Lodève, de Nîmes, d’Uzès, d’Agde, de Viviers ; maître de la moitié de Sommières, de la terre d’Hierle, où il possède de riches mines d’argent et de cuivre, il apparaît comme un obstacle redoutable à l’extension de l’autorité du roi de France. (…) »
 

« (…) On le voit, les sénéchaux royaux de Beaucaire n’allaient pas trouver en face d’eux de bien redoutables adversaires. Les seigneuries les plus puissantes du pays (ici le pays est l’ensemble de la sénéchaussée de Beaucaire) appartenaient aux évêques, qui avaient livré au roi de France le midi hérétique. Quant aux anciens partisans du comte de Toulouse, seigneurs ou chevaliers ils avaient fait leur soumission. En mai 1226, Pierre Bermond, seigneur de Sauve, Héracle de Montlaur, en juin Bernard Pelet, Rostan de Sabran, les chevaliers des Arènes (il faut savoir qu’à l’époque les arènes de Nîmes, transformées quelques siècles plus tôt en un vaste château entouré de douves remplies d’eau par les Wisigoths, servaient de logis à un grand nombre de chevaliers souvent issus de la petite noblesse environnante et qui avaient choisi de quitter leur famille pour venir se regrouper à Nîmes…), ceux de Beaucaire, avaient déposé les armes devant Louis VIII.
« Après la reddition d’Avignon, tout le midi s’était rendu, le Languedoc occidental comme le Languedoc oriental, et jusqu’aux lointains seigneurs de la haute montagne.
« La résistance de la noblesse du pays n’avait été ni bien sérieuse, ni bien durable : ce n’avait été qu’un mouvement sans ensemble, sans cohésion, affaibli par les rivalités de famille, compromis par les luttes des nobles et des bourgeois. On avait vu des seigneurs profiter de la ruine de leurs parents ou même la préparer ; les habiles s’étaient efforcés de suivre, quand ils ne pouvaient la deviner, la fortune des armes, mais tous les avaient posées devant le roi de France.
« En 1229, quand fut signé le traité de Paris, les dernières luttes étaient apaisées, rien ne faisant plus obstacle à saint Louis et à ses officiers ; les seules seigneuries qui eussent tenté de leur résister se trouvaient morcelées à l’infini, rivales, et généralement impuissantes. (…) »

A suivre.

1 décembre 2019

La maison d’Anduze et les sénéchaux de Beaucaire… 1

Avec ce billet et quelques autres qui suivront je vais revenir sur une période locale que j’affectionne particulièrement : le Moyen-âge.
Si, au cours de notre riche histoire, Anduze prit une importance considérable dans la région lors des guerres de religion, – à partir du seizième jusqu’au dix huitième siècle – il n’en demeure pas moins que la cité avait déjà gagné ses lettres de noblesse quelques centaines d’années plus tôt avec la saga de la célèbre maison d’Anduze.
Un rayonnement qui s’éteindra progressivement à partir du treizième siècle avec l’arrivée de la croisade contre les Albigeois. Celle-ci donnera un prétexte à la royauté pour s’emparer des territoires du Sud et sonner ainsi le glas du pouvoir féodal languedocien, notamment sous saint Louis avec la plus puissante famille des Cévennes qui sera dépouillée et ruinée par l’action brutale des représentants du roi : les
sénéchaux de Beaucaire…

Ma source concernant ces événements historiques est un important et rare ouvrage que j’ai découvert récemment et dont j'ai eu l’opportunité d’acquérir un exemplaire à titre personnel dans son édition originale de 1910 : « L’administration royale dans la sénéchaussée de Beaucaire au temps de saint Louis ».
Cette étude très complète, accompagnée de tous les justificatifs et preuves, est à l’origine une thèse de Robert Michel, un étudiant de vingt quatre ans se présentant pour un diplôme d’archiviste-paléographe en 1908. Grâce à ce travail remarquable celui-ci sortit premier de sa promotion et, cerise sur le gâteau, les hautes instances de la Société de l’Ecole des Chartes d’où il était issu décidèrent de publier son œuvre dans le cadre de leur collection réputée « Mémoires et documents ».
Ce passionné d’histoire mais aussi d’arts (son père était conservateur du musée du Louvre…) fut engagé comme archiviste aux Archives Nationales. Jeune homme doué et déjà très érudit, il était sans aucun doute promis à une brillante carrière mais les circonstances et le destin en décidèrent autrement puisque la mort le faucha le treize octobre 1914 sur un champs de bataille de la Grande Guerre, à l’âge de trente ans…


La sénéchaussée de Beaucaire à l’époque de saint Louis s’étendait d’Aigues-Mortes au Sud jusqu’au Velay au Nord, en passant par le Gévaudan. Notre Gard actuel en faisait partie entièrement avec la frontière du Rhône à l’Ouest et une partie Est de l’Hérault dont Montpellier. Mais il s’agit ici pour moi de vous proposer seulement les textes qui concernent les seigneuries principales du pays cévenol et de découvrir peut-être d’autres aspects moins connus de leur histoire. Ayant retiré ces extraits à des endroits différents du livre, j'interviens quelques fois pour apporter des précisions (en jaune) pour une meilleure compréhension du contexte historique. 

LA NOBLESSE AVANT 1229

(…) « Seigneuries du pays cévenol. – A Alais était établie depuis près d’un siècle la maison des Pelet ; maîtresse de la moitié de la ville et d’un grand nombre de châteaux forts au pays environnant, elle groupait autour d’elle, au début du XIII ème siècle, de puissants seigneurs, tels ceux de Sauve, de Boucoiran, de Remoulins, de Naves, de Rousson.
« Le 18 juillet 1210, Raimond Pelet avait reconnu tenir en fief du comte de Toulouse tous ses biens, et avait arboré sur la tour de son château, au cri de Tolosa ! la bannière de Saint-Gilles, mais, sept ans plus tard, il rendait hommage à Simon de Montfort pour la seigneurie d’Alais et se rangeait au parti des adversaires de Raimond VII (comte de Toulouse) ; aussi le second auteur de la chanson de la croisade (poème de 9578 vers écrit en langue d'oc par deux auteurs différents de l'époque et qui raconte les événements de la croisade albigeoise. Le manuscrit se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale) le compte-t-il au nombre des ennemis du jeune comte et le flétrit-il des noms de « glouton et d’avare ». En 1220, Raimond Pelet faisait hommage à Amauri de Montfort (fils de Simon de Montfort qui devint le chef de la croisade à la mort de son père) ; le 17 juin 1226, il suppliait Louis VIII, alors au siège d’Avignon, de bien vouloir recevoir son fils et héritier Bernard à l’hommage qu’il ne pouvait, accablé d’infirmités, lui rendre en personne.
« Avec la famille des Pelet, celle de Sauve et Anduze était la plus puissante du pays cévenol. Des mariages et des acquisitions successives l’avaient rendue, au début du XIII ème siècle, maîtresse de presque tout le pays qui devait former plus tard le diocèse d’Alais. Elle eût pu constituer un appui sérieux pour le parti toulousain, avec lequel des liens de parenté l’unissaient. Pierre Bermond VI, seigneur de Sauve, avait épousé en effet la fille de Raimond VI, Constance, et se trouvait de la sorte beau-frère de Raimond VII ; de plus, par le mariage de Sibile d’Anduze, fille de Bernard VII d’Anduze et sœur de Pierre Bermond VI, avec Raimond Pelet, la famille d’Anduze se trouvait alliée à celle d’Alais.
« Par malheur, l’esprit d’union lui fit au plus haut point défaut. d’un côté, Bernard VIII d’Anduze lia sa cause à celle des adversaires de Raimond, de l’autre, son neveu Pierre Bermond VII défendit longtemps le comte de Toulouse. »

A suivre

16 novembre 2019

Les malheurs du « receveur à cheval » d’Anduze…

Drôle d’histoire que celle de ce vingt six mars mille huit cent quinze à Anduze… Nous avions vu jusqu’à présent, parmi les différentes plaintes déposées auprès du juge de paix, défiler les principaux corps de métier ordinaires de ce début du dix neuvième siècle : potier, chapelier, fabricant de bas, roulier, etc ; mais il nous manquait l’administration où quelques fois l’entente cordiale entre collègues, à l’instar des professions citées plus haut, n’était pas gagnée d’avance. Vous me direz qu’encore aujourd’hui… mais cela saigne sans doute un peu moins qu’à l’époque !

Toujours le texte recopié tel quel :

« Cejourd’hui dimanche vingt six mars de l’an mil huit cent quinze, à deux heures de relevé, devant nous Jean Coulomb aîné juge de paix officier de police auxiliaire de la ville et canton d’anduze et dans notre cabinet au dit anduze, assisté de Jacques Gache notre greffier (c’est la première fois que dans une plainte la famille du greffier va être aux premières loges).
« Est comparu monsieur Poulat, receveur a cheval des impositions indirectes, habitant de cette ville d’anduze, qui nous a dit, qu’il y a quelques instants qu’étant avec son collègue monsieur Mathieu commis a cheval, employé aux mêmes droits, à travailler au second étage de la maison Gache (ou demeure le dit monsieur Poulat) pour les opérations relatives à leurs fonctions, le dit mr. Mathieu, d’après les observations qui lui ont été faites, peut-être avec un peu trop de vivacité par le plaignant sur son travail, a pris une règle qui était sur la table et lui en a donné de la pointe trois coups de toute sa force sur la tête ; le premier lui a percé le chapeau, presque neuf et très fort, le second a enfoncé la forme, et le troisième lui a déchiré la peau et sa chair jusqu’à l’os, de la longueur d’un pouce entre l’œil gauche et le nez ; le plaignant, qui ne s’attendait pas à une pareille entreprise de la part du dit mr. Mathieu, a resté pendant un moment stupéfait, mais étant revenu à lui, s’est levé et lui a dit, que vous ai je fait pour m’assassiner chez moi ? le dit mr. Mathieu qui sentait sans doute déjà la sottise qu’il venait de faire, craignant que le plaignant vint sur lui pour tirer vengeance de cet outrage, a pris une chaise et s’est mis en mesure, pour parer les coups, mais les cris que le dit Poulat avait fait en disant vous venés m’assassiner chez moi, s’étaient faits entendre, et la demoiselle Elise Gache qui se trouvait au premier étage est montée de suite pour voir ce que c’était, et a entendu que le plaignant demandait au dit mr. Mathieu ce qu’il lui avait fait pour agir de cette sorte, et a vu que ce dernier qui était armé d’une chaise, l’a quittée dans l’instant même et la mise derrière lui sans que sur les interpellations du dit monsieur Poulat il répondit le moindre mot ; elle s’est avancée et mise au milieu d’eux pour empêcher qu’il arrivat des plus grands malheurs ; dans cet intervale la femme Gache née Lapierre était descendue pour appeller du secours, disant qu’elle avait entendu mr Paulat qui criait et se plaignait qu’on l’assassinait chez lui. 
Le sieur Louis Gascuel fabriquant de chapeaux est monté avec son épouse et plusieurs autres personnes, et ayant vu le dit mr. Poulat, tout en sang, à demandé ce que c’était ; c’est a t’il dit mr. Poulat que mr. Mathieu m’a assassiné chez moi sans lui avoir donné aucun sujet, je vous prie tous qui étes là de ne point le laisser sortir sans qu’il dise les motifs qui l’ont porté a de pareils excès ; mais le dit mr. Mathieu a resté immobile, tout pâle et défait, sans se plaindre que le plaignant fut le provocateur ; qu’il les priait de vouloir bien le laisser sortir. Enfin le lui ayant permis il s’est enfui en sautant les degrés de quatre en quatre, et à la seconde marche il allait si vite qu’il est venu se buter a une table qui avait été entreposée au ? ; ignorant s’il s’est fait mal, est sorti de la dite maison ; il a été chez la dame Bernard Cazalis, son auberge ordinaire, sans rien dire de ce qu’il venait de se passer, s’est lavé les mains, s’est fait donner une serviete pour les essuyer et s’en est allé la tête baissée sans dire un mot : tous lesquels faits le dit mr. Poulat affirme vrais et sincères et désigne pour témoins d’iceux, Elize Gache, Magdelaine Lapierre femme Gache, Louis Gascuel fabricant de chapeaux, Adélaïde Gache, femme de Louis Gascuel, Novis aîné garçon chapelier, et Elisabeth Gascuel tous habitans du dit anduze, et du tout requiert actes et a signé. »

2 novembre 2019

Emprunt familial, rue de la Monnaie…

Nous retrouvons nos juge de paix et greffier préférés du Premier Empire avec cette plainte et un lieu d’Anduze qui a beaucoup changé depuis ! En effet, si aujourd’hui il nous reste un petit tronçon de la rue de la Monnaie qui commence  place de la République pour rejoindre rapidement la place du 8 mai 1945, à l’origine la voie étroite descendait jusqu’à la rue Sainte-Marie. C’est le déblaiement des ruines des vieux immeubles la bordant qui avait formé au vingtième siècle l’espace inesthétique que nous connaissions. Récemment des travaux de rénovation et d’aménagement ont enfin permis d’améliorer sensiblement les lieux et d’offrir à la vue une place agréable, ceci pour le bénéfice de tout un quartier.

Mais revenons à cette plainte recopiée telle quelle et dont je vous propose la lecture. Jacques Gache, le greffier, nous avait habitué à un meilleur français ! Les fautes viennent accentuer le caractère pitoyable de cette petite histoire familiale…
Par contre, exactement à cette date, une grande histoire familiale fait un sans faute avec la victoire d’Amstetten en Autriche, due à l’exceptionnelle cavalerie du maréchal Murat, beau-frère indispensable mais si encombrant de l’Empereur…

« Cejourd’hui quatorze brumaire de l’an quatorze (5 novembre 1805) à quatre heures de relevé devant nous Jean Coulomb aîné Juge de paix de la ville et canton d’anduze, et dans notre cabinet assisté de Jacques Gache notre greffier.
« Est comparu sieur Jean Cabanes cordonnier habitant de cette ville d’anduze, lequel nous a requis de rédiger la plainte qu’il vient nous rendre des faits ci après détaillés, à quoi nous avons procédé d’après les déclarations du dit Cabanes qui nous a dit que le jour d’hier, environ les sept heures du soir, il vit entrer dans sa chambre qu’il occupe sur le derrière de la maison de monsieur David Chabrand, rue de la monnaie, les nommés Raynal menuisier et son épouse, du dit anduze lesquels d’un air colère, entrèrent chez lui et lui dirent qu’il maltraitoit leur fille (observant que le plaignant est leur gendre) et dans le temps qu’ils disputait leurs raisons avec la dite Raynal sa belle mère, le dit Raynal qui tenait la main à son épouse, firent si bien leur jeu qu’ils enlevèrent à linsu ou par force de la chambre du dit Cabanes, le matelat de son lit, ainsi que la couverte de laine, l’oreiller ou traversier
(traversin), et trois draps de lit, le dit Cabanes s’en apercevant voulut empêcher qu’on lui dévalisa sa chambre, mais la dite Raynal lui donna plusieurs coups de poings et soufflets (gifles), sur les joues et la tête, et emportèrent la couverte, le traversier, le matelat, trois draps de lits, et la couverture d’indienne (tissus de coton), qui étoit sur le lit ; au bruit que cela fit plusieurs personnes vinrent et le dit Cabanes prit plusieurs personnes à témoin de ce qu’on lui avait pris ; tous lesquels faits il affirme vrais et sincères et désigne pour témoins d’iceux Louis Bourguet, aubergiste, et son épouse, monsieur Chabrand, propriétaire de la maison, tous d’anduze et du tout requiert. Requis de signer (ici il doit s’agir du plaignant) a déclaré ne savoir le faire. »

19 octobre 2019

Un fonds « Henri Barbusse » à Anduze…

Au mois de juin dernier la municipalité a eu le plaisir de recevoir une petite délégation fort sympathique représentant l’association des « Amis d’Henri Barbusse » dont le siège se trouvait en région parisienne et qui, aujourd’hui, a cessé ses activités. Cette rencontre a eu lieu à leur demande, finalisation de leur projet de remettre à la ville d’Anduze un petit fonds de livres, documents et archives divers, essentiellement originaux, concernant le grand écrivain.
 
Henri Barbusse, né à Asnières sur Seine le 17 mai 1873 et issu d’une vieille famille cévenole protestante de Tornac, a marqué de son empreinte littéraire et politique la France du premier tiers du vingtième siècle. Une époque particulière traversée par la Grande Guerre à laquelle il participa volontairement. Ses récits sur cette période brutale et douloureuse, écrits avec la sensibilité exacerbée de l’humaniste qu’il était, ont contribué fortement à sa renommée nationale (Prix Goncourt en 1916 pour son œuvre "Le Feu - Journal d’une escouade").
 
Après la guerre il entra au parti communiste français. Il défendit ses convictions à travers livres et autres différents articles. Il combattit l’impérialisme et le colonialisme tout en s’inquiétant de la montée du fascisme en Europe. Fasciné par la révolution Russe, il fit quelques voyages en URSS où il rencontra Lénine à plusieurs reprises. De santé fragile, c’est au cours de l’un de ses déplacements à Moscou qu’il décéda d’une pneumonie en août 1935. Il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Il n’est pas rare aujourd’hui de le retrouver associé à une rue ou une place dans de nombreuses villes françaises. A Anduze nous avions en mai 2011 baptisé une des allées du parc des Cordeliers à son nom.
 
Avec ce don Anduze est honorée de devenir la deuxième ville, après Paris et la Bibliothèque Nationale, dépositaire d’une partie concrète de l’histoire d’Henri Barbusse et de contribuer ainsi à la sauvegarde de sa mémoire…

5 octobre 2019

Le grand temple d'Anduze : un géant malade…

Le grand temple, classé Monument Historique depuis 1979, est fermé au public depuis le vingt trois janvier deux mille dix neuf par arrêté municipal et la date de sa réouverture est programmée, si tout va bien, pour le printemps deux mille vingt deux…
Voici résumées les différentes raisons qui ont conduit à cette fermeture exceptionnelle.

Alexandre Autin, architecte du patrimoine, a été chargé en deux mille dix huit par la municipalité d’une étude de diagnostic patrimonial du bâtiment en vue de travaux de mise aux normes de l’électricité et de l’installation d’un nouveau moyen de chauffage.
Lors d'une inspection des combles, son œil exercé de professionnel détecta différents désordres de la charpente.

Il faut rappeler ici le caractère extraordinaire de l’édifice – temple dont nous nous plaisons à considérer qu’il est le plus grand de France, ce qu’il faudra bien un jour vérifier pour… l’officialiser ! – rectangulaire de trente cinq mètres de long sur vingt deux de large, avec une hauteur sous plafond de quatorze mètres. Un volume hors normes coiffé d’une toiture de huit cent mètres carré, soutenue par une immense charpente composée de six fermes (la ferme étant un élément de charpente triangulaire supportant une toiture à pentes). Trois d’entre elles avaient été remplacées à la toute fin du dix neuvième siècle pour devenir métalliques (fermes une, quatre et cinq), montrant ainsi déjà des problèmes de défaillance à l’époque…

C’est la ferme d’origine numéro six, celle que l’on découvre en premier lorsque l’on débouche dans les combles, qui déclencha immédiatement l’inquiétude de l’architecte : la base de sa partie centrale, constituée par l’assemblage armé de deux longues et énormes poutres, s’est affaissée sur la voûte ; celle-ci, construite en briques de terre cuite de huit centimètres d’épaisseur, n’a pas vocation à soutenir une telle charge !
Cet affaissement ne s’est pas produit du jour au lendemain mais certainement depuis l’origine de la construction de la charpente, dans les années mille huit cent vingt : un défaut dû à un manque de rigueur dans le montage de la charpente de la part de l’entrepreneur par rapport au plan initialement prévu et d'ailleurs innovant pour l’époque. Millimètre après millimètre, durant toutes ces années, la ferme a perdu sa résistance à la flexion et repose maintenant sur la voûte. Le problème supplémentaire est que ce désordre en a entrainé automatiquement d’autres au niveau des différentes poussées qui s’exercent sur les murs de l’édifice (des lézardes sont apparentes).

Tous ces éléments, pouvant finir par mettre en péril l’intégrité de la structure de l’édifice, ont conduit avec l’appui de la DRAC à la réalisation d’un diagnostic poussé de la charpente mais aussi de la maçonnerie de l’ensemble du bâtiment par un procédé laser à la pointe de la technologie. Les instruments sont venus confirmer l’état préoccupant du temple. Des capteurs électroniques ont été posés sur les différentes fissures pour en contrôler l’évolution sur un an.
Au vu des sommes considérables à engager pour la réfection totale de notre monument et le caractère urgent de la mise en route du chantier, l’ensemble du dossier a été pris en charge par les services d’Alès Agglomération, celle-ci ayant la compétence « Bâtiments d’intérêt communautaire ».

Au-delà bien sûr de la communauté protestante, ce sont tous les amoureux du patrimoine qui suivront cette affaire sensible car le grand temple demeure l’un des monuments les plus emblématiques de notre cité !…

21 septembre 2019

Anduze 1899 : le chemin de fer de la discorde… 2

Voici la suite et fin de cette étonnante délibération municipale qui permit quand même, après de longues tractations, de conserver au parc des Cordeliers l'essentiel de son intégrité.
Je joins à ce billet un document inédit et précieux (cliquer dessus pour l'agrandir) trouvé aux archives de la ville : le plan du premier projet de la compagnie PLM qui suscita la polémique qui nous occupe ; rien que le titre a dû d’emblée courroucer les Anduziens :  « Ligne de St Jean-du-Gard à Anduze », alors qu’il était plus logique et surtout plus « diplomatique » d'écrire ligne d’Anduze à St jean-du-Gard !
Quant au projet proposé et abandonné du Conseil que vous allez découvrir, il résonne étrangement aujourd’hui avec les graves problèmes du quai que nous connaissons…
 

 « Que ce ne serait pas l’agrément seul qui en souffrirait mais aussi l’hygiène intéressée à conserver, dans une ville resserrée comme la nôtre, la seule promenade publique qu’elle possède ;
« Considérant que ce tracé offre en outre un autre danger : c’est que la voie passant en tranchée ou en souterrain le long de la colline du Poulverel, ne coupe les eaux de sources qui alimentent la ville, ce qui serait désastreux pour celle-ci ;
« Considérant que la ville d’Anduze aurait au contraire tout intérêt à voir adopter un tracé qui ferait infléchir la ligne vers la droite à partir de Malhiver, de manière à la faire passer le long du Gardon pour venir rejoindre les chaussées du quai et de la route nationale ;
« Que, de la sorte, on éviterait les inconvénients signalés plus haut, et l’on aurait le triple avantage d’avoir un tracé plus court, incontestablement moins coûteux, enfin de mettre la ville à l’abri  des inondations du Gardon ;
« Considérant, en effet, que les terrains empruntés par la voie dans ce projet seraient, pour la plupart, d’une valeur bien inférieure à ceux qui sont traversés dans le projet de la compagnie.
« Qu’il n’est même pas excessif de supposer que certains propriétaires céderaient  volontiers gratuitement le passage, en retour de l’avantage qu’ils trouveraient à être protégés contre les inondations de la rivière ;
« Qu’au surplus la ligne pourrait emprunter, dans la traversée de la ville, les anciennes chaussées construites au 18e siècle par les Etats du Languedoc ; chaussées d’une solidité éprouvée, puisqu’elles ont résisté pendant bientôt 2 siècles à la violence des crues du Gardon ;
« Que sur ces chaussées la voie pourrait être établie à peu de frais ;
« Qu’ainsi sans augmentation de dépense de la part de l’Etat et de la compagnie – probablement même avec une dépense moindre – la ville pourrait être protégée contre les inondations de la rivière ;
« Qu’il serait d’autant plus équitable de donner à notre ville cette satisfaction, que la prolongation du chemin de fer est de nature à léser gravement ses intérêts déjà bien compromis par la dépopulation et par la crise que traversent depuis plusieurs années les industries locales
« Délibère, à l’unanimité,
« Il y a lieu de prier instamment M. le Ministre des Travaux Publics :
1°- De refuser son approbation au tracé proposé par la compagnie PLM comme à tout tracé qui pourrait porter préjudice à la promenade des Cordeliers et compromettre l’alimentation d’eau de la ville ;
2°- De mettre à l’étude tout autre solution qui éviterait les inconvénients signalés ci-dessus. Celles notamment d’un tracé par la rive gauche avec rapprochement de la gare, et d’un tracé sur chaussée le long du Gardon (rive droite) de manière à mettre la ville à l’abri des inondations.
3°- De faire faire en même temps une enquête approfondie sur ce dernier projet tant au point de vue des avantages qu’il offrirait à la ville, que des économies à réaliser.
4°- De faire rechercher si dans chacun de ces projets il ne serait pas possible, sans porter atteinte à la promenade des Cordeliers, de rapprocher la gare actuellement distante de plus de 1800 mètres.
« La présente délibération sera transmise à M. le Ministre des Travaux Publics, à M. le Préfet du Gard, à M.M. les Sénateurs et Députés du Gard avec prière de l’appuyer énergiquement auprès de qui de droit.
« Signatures.

7 septembre 2019

Anduze 1899 : le chemin de fer de la discorde… 1


L'ancienne gare qui fut détruite
La gare actuelle, ici à peine achevée
Lorsque j’ai effectué quelques recherches concernant l’ancien maire d’Anduze César Berthezène (voir billet 2/juin 2019), je suis tombé sur l’une des délibérations de son Conseil dont le sujet était la future implantation de la ligne de chemin de fer Anduze/Saint Jean du Gard…

Si aujourd’hui le train à vapeur des Cévennes est bien intégré dans son environnement anduzien, ce que l’on sait moins ce sont les discussions orageuses entre la municipalité, la compagnie PLM et le ministre des travaux publics de l’époque pour déterminer le tracé définitif de la nouvelle voie traversant la cité !
Pour bien comprendre la position du Conseil municipal d’alors il faut rappeler qu’avant le projet de prolongation jusqu’à Saint Jean du Gard, Anduze avait l’avantage certain d’être le terminus de la ligne, avec une gare située au Plan des Molles.

Cette délibération, assez longue mais jubilatoire, a le mérite de traduire parfaitement et en détails l’état d’esprit du Conseil et surtout de nous faire connaître une contre-proposition de sa part au tracé de la compagnie : si celle-ci avait été retenue, elle aurait simplement changé totalement la physionomie de la ville que nous connaissons aujourd’hui ! Mais, qui sait, peut-être aussi résolu les problèmes récurrents d’inondation avec un quai prolongé et renforcé en conséquence !…

En voici la première partie (Les textes en couleur et entre parenthèses sont des commentaires personnels) :

« L’an mil huit cent quatre vingt dix neuf le deux juillet à deux heures de l’après midi (les conseils avaient souvent lieu un dimanche, jour non encore chômé à l’époque…) le Conseil Municipal s’est réuni en séance publique à la Mairie sous la présidence de M. Coulomb Fernand, 1er adjoint.
« Etaient présents MM. Coulomb Fernand, 1er adjoint Président, Boisset Adolphe, Monier Paul, Laurent Jules, Rennes Emile, Deleuze Jules, Domergue Jean, Lafont Auguste, Lafont Louis, Puech Paul, Faïsse Auguste, Gout Louis, Chaudoreille Raymond, Blanc Auguste, Bastide Alfred, Rigal Félix, Fontane Henri, Guy Jules.
« Absents MM. Berthezène César, Maire, Dumas César, Salvidan César et Sinard César. ( A noter ce hasard amusant : tous les Césars du Conseil étaient absents ce jour là !)
« MM. Fontane Henri, secrétaire et Justin Boisset secrétaire auxiliaire prennent place au bureau.

« M. le Président dit qu’il a appris directement que la compagnie PLM avait adopté pour le chemin de fer d’Anduze à Saint Jean du Gard le tracé traversant notre belle promenade des Cordeliers et qu’elle allait le soumettre à l’approbation de monsieur le Ministre des Travaux Publics.
« Cette décision portant un grave préjudice à notre ville il invite le Conseil à délibérer sur les mesures à prendre pour sauvegarder les intérêts confiés à sa garde.
« Le Conseil,
« Considérant que le tracé proposé par la compagnie PLM offre de graves inconvénients pour la ville et qu’il entrainerait en outre des dépenses excessives :
« Qu’en effet, à partir de la gare actuelle, la ligne projetée après avoir effectué une courbe qui nécessiterait le changement de la route nationale n°107 (devenue aujourd’hui la D907), traverserait les prairies arrosages, les jardins potagers et d’agrément qui s’étendent au Sud-Est de la ville, en un mot la partie la plus riche du pays ;
« Que par suite, il est à présumer que des indemnités très considérables devront être payées aux divers propriétaires,
« Considérant que ce projet entrainerait également l’établissement d’un passage à niveau sur la route nationale n°107, passage établi sur une voie très fréquentée, aux abords d’une ville, et dans le voisinage d’une gare, c’est à dire dans les conditions les plus défavorables.
« Considérant que dans ce projet la voie traverserait notre beau parc des Cordeliers dans sa plus grande largeur (ce premier projet ne prévoyait pas de tunnel passant sous le parc : les plans conservés aux archives de la ville montrent que la ligne aurait traversé les pelouses actuelles et que la gare des voyageurs se serait trouvée à peu près au niveau du Monument aux Morts qui n’existait pas encore !);
« Que si les ingénieurs chargés de l’établissement des voies ferrées paraissent se soucier fort peu de conserver au pays qu’elles traversent leurs sites pittoresques, leurs beautés naturelles et les promenades créées au prix de lourds sacrifices, le Conseil se faisant l’interprète de la population toute entière ne saurait protester trop vivement contre un pareil acte de vandalisme, qui détruirait complètement notre magnifique jardin public ; (…) »


A suivre

24 août 2019

C'est fait ! Le clocher de l'église carillonne…

Pour ce billet de rentrée parlons un peu patrimoine, secteur important d'Anduze ! D'ici peu je vous donnerai des explications sur notre grand temple, classé Monument Historique, qui est actuellement fermé au public pour des raisons de sécurité, sa charpente montrant des signes de faiblesse. 

En ce qui concerne l'église je vous propose quelques photos prises lors de l’installation cet été de l'étonnant carillon venu remplacer l'instrument précédent, la défaillante Marie Charlotte.
Les techniciens de l’entreprise Azur Carillon ont d’abord monté les différentes et lourdes pièces de bois en chêne sur la terrasse pour construire le nouveau beffroi qui abrite maintenant les six cloches. Une à une, celles-ci ont été hissées et mises en place sur la magnifique petite charpente, selon une procédure précise des spécialistes. 
En attendant de placer les protections anti-pigeons et les abat-sons prévus pour octobre/novembre, des filets provisoires qui devraient protéger le beffroi des souillures des volatiles ont été installés.
 
Le jeudi 15 août, jour de l’Assomption pour les catholiques, l’abbé Noblet a procédé au milieu d’un important public à la présentation des sonneries de chaque cloche sur la petite place René Cassin, située au pied du clocher. Depuis nous ré-entendons chaque jour l’Angélus qui sonne à sept heures, douze heures et dix neuf heures…

15 juin 2019

César Berthezène, un maire de la fin du dix neuvième siècle…

Au mois d’avril dernier la municipalité a accepté un don particulier de la part des descendants d’un certain César Berthezène, qui fut maire d’Anduze à la fin du dix neuvième siècle. Il s’agit en l’occurence de quelques documents originaux concernant sa vie militaire et d’une grande huile sur toile (97 X 130 cm), avec un large cadre, le représentant avec sa famille. C’était l’occasion de faire plus ample connaissance avec ce premier magistrat oublié qui, de prime abord et avec beaucoup d’autres, n’a pas laissé une trace impérissable dans la commune. Car si ce nom ne nous est pas inconnu avec une petite place publique portant ce patronyme, rien ne nous confirme à ce jour qu’il s'agit bien de notre homme.
 
Avant de s’occuper de politique, César Berthezène fera une carrière militaire bien remplie dans l’infanterie, devenant un officier sorti du rang. En mars 1858 il passera du grade de sergent major à celui de sous-lieutenant et obtiendra en août 1859 la médaille de la campagne d’Italie. En janvier 1863 il est promu lieutenant et est nommé en décembre 1869 Chevalier de l’Ordre impérial de la Légion d’Honneur. Son dernier grade, celui de capitaine, il l’obtiendra en juillet 1870. Ayant servi en Algérie, la médaille coloniale sera décernée à l’officier retraité en mars 1895.
 
Le prestige de l’armée et les décorations obtenues durent favoriser son élection au poste de maire par le Conseil municipal le dix sept mai 1896. Il succédait à Hippolyte Soulier. Son mandat très court (4 ans) fut surtout marqué par le projet ferroviaire de la ligne Anduze/St Jean-du-Gard qui commençait à prendre forme avec notamment des propositions de la société d’exploitation qui déclenchèrent une véritable levée de boucliers de la part des élus anduziens. J’aurais l’occasion de reparler un peu plus tard de cet épisode étonnant.
Le vingt mai 1900, Eugène Galoffre succéda à César, celui-ci restant quand même conseillé municipal jusqu’en 1904. Le capitaine décéda en 1914, à l’âge de quatre vingt quatre ans…

1 juin 2019

Un commerçant de la nouvelle rue d’Anduze…

En ce mois d’août 1852 nous retrouvons notre bon et patient commissaire Chibert au prise avec un commerçant irascible de la rue Neuve qui, au vu des nombreux procès-verbaux le concernant, devait être une des bêtes noires du policier ! En voici un exemple parmi d’autres.
 
«L’an mil huit cent cinquante deux le huit août ;
« Nous Charles Ambroise Chibert, commissaire de police d’Anduze étant en tournée de surveillance j’ai remarqué que le sieur Driole Louis, marchand de nouveautés rue Neuve à Anduze, avait en étalage des marchandises au devant de son magasin et qui étaient sur deux caisses renversées servant de tables ; et de vêtements sur deux guéridons, qui étaient sur la voie publique de plus d’un mètre, ce qui empêchait la libre circulation.
« Le cinq du courant il avait déjà exposé des marchandises sur une grande table ronde qui était sur la voie publique, et qu’il n’a pas voulu retirer. Malgré son opiniâtreté je lui ai permis de les laisser pour cette journée, lui disant que je le prévenais pour la dernière fois qu’à l’avenir je lui dresserais procès verbal.
« Malgré ces avertissements il s’est obstiné à le faire. Il avait encore aujourd’hui des marchandises comme je viens de le dire. Je lui ai dit : décidément vous ne voulez donc pas tenir compte de mes avertissements ? Veuillez, je vous prie, retirer les marchandises ; et ne me mettez donc pas dans la nécessité de verbaliser contre vous, et au lieu d’obtempérer à ma complaisance il s’emporta en criant dans la rue qu’il ne les ôterait pas (et c’est ce qu’il a fait), que je pouvais lui dresser procès-verbal, qu’il s’en foutait et qu’il en mettrait toujours.
« En vertu de l’article 12 du règlement de police de la ville d’Anduze, j’ai dressé le présent procès-verbal de simple police, pour être remis à monsieur le juge de paix du canton d’Anduze, pour sur les conclusions du ministère public être statué.
Anduze le jour, mois et an que dessus,
Le commissaire de police, Chibert »

5 mai 2019

Misserel de Tornac, vagabond de la première classe !…

A travers le procès-verbal de gendarmerie que je vous propose aujourd’hui nous remontons le temps jusqu’au onze août mille huit cent cinquante deux à Tornac. Trois gendarmes à cheval « à la résidence d’Anduze » font leur tournée et tombent inopinément sur un individu en train de manger près d’un feu, au milieu des vignes…
Mais je vous laisse découvrir ce rapport qui a attiré mon attention car la situation et les personnages auraient pu être facilement dans un roman de Victor Hugo ! Pour la petite histoire, à cette époque – août 1852 – le grand écrivain était nouvellement exilé à l’île de Jersey car en tant qu’homme politique il avait pris violemment position contre le coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte ; cela eut pour conséquence son bannissement de la France pendant un certain temps…

« Ce jourd’hui onze août mil huit cent cinquante deux, nous Arragon Alexis, Verre Etienne et Berthomien Jean, gendarmes à la résidence d’Anduze, revêtus de notre uniforme, faisant une tournée de communes pour la répression du braconnage, parvenus en celle de Tornac, nous avons aperçu un individu dans une vigne qui avait allumé du feu et faisait rôtir du poisson en plein air, nous nous sommes approchés de cet individu. Les réponses qu’il a données à nos questions nous ont bientôt convaincus que nous avions affaire à un vagabond de la première classe. Il avait l’une des manches de sa blouse remplie de prunes, pressé de nous dire d’où venaient ces prunes, il nous a répondu les avoir volées dans la propriété de madame veuve Lauze de Tornac.
« Questionné de nous dire qui il était, il a dit se nommer Misserel Jean-Pierre, natif de Tornac. Sur ce nous lui avons déclaré que se trouvant en état de vagabondage et nanti d’objets volés, nous le faisions prisonnier pour être conduit devant monsieur le Procureur de la République à Alais, auquel magistrat nous adressons le présent procès-verbal et copie à monsieur le Commandant de cette compagnie.
Fait à Anduze les jours, mois et an que dessus.
Berthomien, Verre, Arragon »


En bas de page les gendarmes précisent dans leur signalement que l’homme serait âgé de dix huit ans : espérons pour lui que ce jeune « vagabond de la première classe » n’a pas fini au bagne de Toulon pour quelques prunes !…

21 avril 2019

D'Anduze à la principauté d'Orange…

Parmi les diverses archives retrouvées dans les combles de la mairie, celles dont je vous fais part régulièrement sur ce blog, il y a aussi un grand parchemin déroulé et abimé. Sans doute un rescapé de la grande inondation de 1958 (les tâches et salissures ainsi que la déformation de la fine peau d’agneau très gondolée devenue aussi dure que du carton montraient une exposition prolongée à l’humidité). Par contre l’important texte qui l’habille est parfaitement lisible mais… incompréhensible pour celui qui n’a pris aucun cours de latin ! Une écriture soignée dont certains mots, le titre en particulier mais aussi dans le texte, ont été tracés en couleur dorée. On remarque aussi une des signatures qui est graphiquement très belle, son auteur ayant suggéré avec talent le profil d’un oiseau !

Nous avons fait appel aux compétences de la restauratrice Aurélie Tanguy pour savoir ce qu’il serait possible de faire pour conserver dans de bonnes conditions ce grand document (41 X 60 cm). Dans un premier temps elle réussit à l’aplanir, ce qui lui permit de faire à ma demande des photographies assez nettes du texte pour que je puisse les transmettre à une spécialiste pour traduction. En attendant la fin de la restauration du parchemin et ensuite son encadrement sous verre pour sa conservation, nous allions enfin connaitre la destination de cet écrit.
La spécialiste c’est Marie-Lucy Dumas, historienne des Cévennes et présidente du « Lien des Chercheurs Cévenols », qui a eu la gentillesse de me faire une réponse précise et rapide. Il s’agit en fait d’un diplôme de docteur en droit canon et civil de l’université d’Orange, reçut en 1670 par Jacob Bezesse, Anduzien, après le passage de ses épreuves devant ses pairs qui l’ont qualifié « d’un mérite éminent et à l’unanimité ». Ce « grade » a été attribué dans le « palais » sous le haut patronage du chancelier de l’université, l’évêque d’Orange Alexandre Fabre, en présence également du « viguier du prince sérénissime ».

Un petit mot, sans entrer dans les détails, sur la principauté d’Orange et ce prince qui était à l’époque Guillaume III, ennemi juré de Louis XIV qui revendiquait depuis longtemps ce petit territoire voisin de la France. A la mort du prince, qui était entre-temps devenu aussi en d’autres circonstances roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, le roi soleil en profita pour l’occuper. A partir de 1713 l’acquisition sera reconnue officiellement. Enfin, après avoir été réunie au Dauphiné en 1734, la principauté fera partie intégrante du Vaucluse, nouveau département créé en 1793.


Alors bien sûr, comme me l’a écrit notre amie Marie-Lucie, ce document n’est « pas forcément intéressant pour les Anduziens mais plutôt pour les archives municipales d’Orange… ». Mais, en dehors du caractère inédit de ce grand parchemin au sein de nos propres archives locales, il concerne aussi une famille anduzienne au premier chef. Un patronyme du dix septième siècle oublié aujourd’hui et dont il reste tout à découvrir…

7 avril 2019

Naissance à Anduze de quatre des six enfants de Marie-Charlotte…

De gauche à droite l'abbé Noblet, Etienne, Jason, Nicolas et Julien.
Ce fut un bon week-end que ces 5, 6 et 7 avril, malgré le temps incertain, car nous avons assisté aux différentes étapes d’une opération rarissime et en tout cas complètement inédite à Anduze : les coulées et les démoulages en direct de quatre des six cloches du carillon qui viendra orner le beffroi du clocher de l’église d’Anduze.

Quelques mots pour résumer les circonstances qui nous ont amenées à organiser cet événement exceptionnel où les aspects cultuels et culturels sont intimement liés. Ils ajoutent ensemble une page particulièrement valorisante à notre histoire locale.

Une grosse cloche d’environ 670 kg pour plus d’un mètre de diamètre ornait le clocher de l’église ; née en 1847 et baptisée Marie-Charlotte, la vieille dame fut descendue il y a un an et demi à peu près pour les examens approfondis de symptômes visuels alarmants. Les conclusions confirmèrent nos craintes : sa dégradation avancée et irréparable ne lui permettant plus de regagner sa terrasse, une mise à la retraite après plus d’un siècle et demi de bons et loyaux services était inéluctable.

La municipalité, propriétaire des bâtiments de l’église dont le clocher, était prête à prendre en charge le remplacement de la cloche quand elle reçut une proposition de l’abbé Noblet, curé d’Anduze. Celui-ci voulait profiter de l’opportunité de ce changement pour installer un carillon de plusieurs cloches, elles-mêmes issues de la fonte de l'ancienne, afin d’obtenir un instrument aux possibilités musicales nettement plus élargies pour accompagner les différents services religieux du culte. Un souhait que nous n’avions aucune raison de refuser à partir du moment où la paroisse prenait en charge le surcoût financier de cette opération.

Culturellement et dans le cadre des JEMA (Journées Européennes des Métiers d’Art), c’était aussi pour la ville d’Anduze l’occasion ou jamais d’inviter les techniciens et véritables artisans d’art d’Azur Carillon à venir exprimer de façon concrète leur savoir-faire ancestral sur notre espace communal. Julien, Etienne, Nicolas et Jason nous ont donc emmenés, au cours de ces trois jours, dans leur univers particulier de fondeurs de cloches en nous expliquant aussi les différentes opérations conduisant à la réalisation des instruments.
Une fois finalisées ces cloches prendront place dans l’église d’Anduze pour une présentation au public et seront baptisées par l’évêque de Nîmes le lundi de Pâques 22 avril 2019. Il faudra le temps des travaux des nouveaux accès à la terrasse ainsi que de l'installation de la belle charpente en bois du beffroi pour que les six instruments soient opérationnels vers le 15 août 2019.

Concernant les coulées voici quelques images qui valent mieux qu’un long discours…



23 mars 2019

Les monnaies d’Anduze et de Roquefeuil : une histoire de famille…

Dans quelques semaines, au mois de mai, nous retrouverons avec plaisir Laurent Schmitt pour une conférence particulièrement attendue puisqu’elle viendra compléter avec de nouveaux éléments celle qu’il avait faîte il y a une dizaine d’années déjà sur le monnayage d’Anduze ! Organisée par le Club Numismatique Cévenol pendant le week-end de leur bourse nationale annuelle, nous serons heureux de tous les retrouver pour ce moment culturel et particulièrement convivial !
 
En attendant ce rendez-vous je voudrais dire quelques mots sur une famille dont la monnaie a toute sa place à côté des différents Bernardins dans la vitrine du collectionneur : celle des Roquefeuil. C’est une maison noble ancienne et puissante qui trouve son origine à Saint-Jean-du-Bruel, situé côté Est de l’Aveyron et à la frontière du Gard, aux environs du Vigan. A l’instar de la maison d’Anduze, au douzième siècle elle est auréolée d’un certain prestige depuis au moins trois cents ans.
 
Mais le spectre d’une fin de lignée et le jeu des alliances décideront Geoffroy de Roquefeuil, dernier descendant mâle de la famille, à faire entrer dans le giron familial de la maison d’Anduze sa fille unique et seule héritière. En 1129 il donna Adélaïde en mariage à Bertrand d’Anduze, troisième fils du seigneur Bernard IV. Cette union était accompagnée d’une condition : que les futurs enfants du couple portent le nom et le blason des Roquefeuil. Au bout de quelques années, Bertrand, devenu donc de Roquefeuil par son mariage, va bénéficier d’un concours de circonstances totalement imprévu qui va l’obliger à s’occuper des immenses possessions anduziennes : son frère ainé, qui était devenu le seigneur attitré d’Anduze sous le nom de Bernard V se retire en 1164 pour se faire moine, suivant les traces de son frère cadet Pierre Bermond, seigneur de Sauve, qui avait abandonné son pouvoir en 1161 pour la robe de bure ! Et, fait incroyable à l’époque, le jeune fils et héritier de Bernard V, Pierre-Bernard, rejoint son père en 1165 à l’abbaye de Bonneval !
Pour ne pas laisser le fief d’Anduze sans gouvernance, Bertrand de Roquefeuil le prend sous son aile. Il avait eu deux fils avec Adélaïde : l’ainé, Raimond, récupèrera la seigneurie de Roquefeuil tandis que Bertrand, le deuxième, s’occupera d’Anduze sous le nom de Bernard VI.
 
Côte à côte les deux maisons vont poursuivre leur chemin ensemble un certains temps, mais des grands événements de l’Histoire vont finir par les rejoindre et leur attribuer un destin différent. En attendant elles battirent chacune monnaie, symbole de leur puissance locale.
Le denier de Roquefeuil, rarissime aujourd’hui et donc nettement plus cher à l’achat que le Bernardin, plus facile à trouver, n’a certainement pas bénéficié de la même production que les pièces d'Anduze-Sauve. Il suffit de le regarder pour savoir qu’il n’en demeure pas moins de la même famille, et cela dans tous les sens du terme !…

9 mars 2019

Le général anduzien méconnu de l'armée révolutionnaire… 2

Suite et fin de cette note très intéressante que nous a laissé G.R. dans son ouvrage « Le Vallon d’Anduze ».

« A part l’honneur qu’il eut d’être porté et cité à l’ordre du jour, cette affaire lui valut le brevet de chef d’escadron qu’il refusa, et renvoya à Paris, en manifestant le désir de demeurer à la tête de sa compagnie. Mais, soit que nos gouvernants d’alors s’imaginassent qu’il ne se croyait pas assez récompensé, soit autre vue de leur part, ils lui envoyèrent sa nomination de général de brigade qu’il aurait refusé aussi si ses amis ne lui eussent fait comprendre qu’il allait s’exposer à être mandé à la barre de la Convention, et si un représentant du Peuple qui se trouvait au camps, ne lui eut dit en langage du temps : Capitaine tu dois accepter, la Nation décerne les palmes au mérite, et, en te récompensant, elle croit récompenser un bon b…..! (1)
« Mr. Blanc accepta. Il eut, sous son commandement, dix mille hommes de notre meilleure cavalerie, entre autres les deux régiments de carabiniers. L’occasion lui en étant souvent fournie, souvent il se distingua à la tête de cette troupe d’élite, et il aurait infailliblement poussé son chemin plus loin, ou se serait fait tirer, si le sort n’en eut décidé autrement. Un jour, au milieu d’une affaire des plus chaudes, un boulet de canon lui passe si près de la tête qu’il le rend complètement sourd et le laisse comme atterré sous le coup.
« Cette infirmité, que rien ne put lui guérir, le rendant impropre à suivre les armées le fit nommer commandant de place à Cambrai…
« Mais, soit qu’il s’imaginât que c’était descendre que d’accepter ce poste ainsi qu’il l’a dit plusieurs fois, soit, qu’en perdant l’ouïe, il eut perdu alors une partie de sa raison, il partit pour Paris sans regarder qu’il n’avait pas deux ans de service dans son grade de général de brigade, et alla solliciter sa retraite qui, d’après la loi, ne lui fut accordée que comme Capitaine.
« Il était dans le dix-huitième mois de son grade supérieur, et comptait, en tout, trente cinq ans, deux mois, vingt cinq jours de service, y compris quatre campagnes. Sa pension de retraite, annuelle et viagère, fut fixée à onze cents francs, quatre vingt neuf centimes seulement, tandis que, après son décès, celle de sa femme, ma belle-mère, fut portée à mille francs, la loi lui donnant droit, comme marié durant l’activité de service de son mari, au quart de la retraite du grade supérieur de ce dernier.
« Le général s’était retiré, d’abord à Laon, chef lieu du département de son épouse ; mais le 11 floréal an 10 de la République, il quitta ce lieu avec sa femme et ses trois enfants en bas âge, et, voyageant à petites journées en voiture, il arriva, le sixième prairial an 10 à Anduze où il est mort le 20 septembre 1820. Jamais convoi funèbre, chez nous, n’a été plus pompeux, ni plus nombreux en assistants que le sien ! »
 
 
Si la période révolutionnaire fut violente et incertaine pour une majorité des cadres de l’armée, elle offrit aussi à certains soldats d’origine modeste comme Chalbos et Blanc l’opportunité d’optimiser une fin de carrière, avec plus ou moins de réussite selon leur compétence… et leur état de santé !

Une époque favorable à l’émergence de personnalités les plus diverses qui surent profiter de circonstances exceptionnelles pour faire évoluer leur situation personnelle. Encore un exemple avec ce capitaine qui, en décembre 1793, contribua grâce à son sens tactique et son obstination à la reprise du port et de la ville de Toulon aux Anglais. Trois jours après ce succès il passa du grade de capitaine à celui de général de brigade ! Il faut dire aussi qu’à la différence de nos deux généraux précédents, celui-ci n’avait que 24 ans lors de cette nomination et son extraordinaire ascension ne faisait que commencer : il s’appelait Napoléon Bonaparte…


(1) Recopié tel que : je n'ai pas trouvé le mot correspondant aux points de suspension. 

23 février 2019

Le général anduzien méconnu de l'armée révolutionnaire… 1

Il y a quelques semaines je vous proposais « un général oublié de l’armée révolutionnaire », Alexis Chalbos, celui-ci ayant eu, sans être Anduzien, des attaches particulières avec notre cité… Eh bien vous allez découvrir un autre général oublié de l’armée révolutionnaire ! Mais cette fois-ci Anduzien…
 
J’ai découvert son existence dans un ouvrage qui fait partie des quelques trésors littéraires que possède la ville d’Anduze et qui sont d’une très grande valeur patrimoniale, historique et bien sûr culturelle. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est entièrement manuscrit. D’environ cent quarante pages pour un format de dix-neuf par vingt-huit centimètres, il est daté de 1868 avec le titre principal « Le Vallon d’Anduze ». Selon une dédicace présente sur la première de couverture, l’auteur, dont nous ne connaissons que les initiales G.R., avait offert cet exemplaire unique à la bibliothèque municipale d’alors.
 
Le livre a deux parties distinctes : la première et la plus importante est consacrée à la description et aux réflexions de l’écrivain sur Anduze et ses environs sous la forme d’un immense poème composé de 202 strophes écrites dans une calligraphie très homogène. Il est vrai qu’à cette époque le Félibrige est à son apogée et s’exprimer en vers est une activité ludique dans l'air du temps ; la deuxième partie, m’intéressant plus particulièrement, regroupe des petites notices explicatives numérotées dépendantes des renvois présents dans son texte. Elles concernent le plus souvent des personnalités locales que l’auteur fréquentait. Parmi ces notes l’une d’elle est plus longue que les autres pour résumer l’étonnante carrière militaire d’un certain Jean Jacques Blanc, né à Anduze.
 
A l’instar de Chalbos, il s’engagea très jeune dans la cavalerie royale et gravit rapidement tous les échelons quand arriva la période révolutionnaire, pour finir, lui, général de brigade !… A priori les deux hommes ne se trouvèrent pas sur les mêmes champs de bataille mais peut-être se sont t-ils croisés. Mais revenons à cette note que nous a laissé G.R. dont le témoignage exceptionnel est d’autant plus précieux que celui-ci s’avérait être, d’après ses dires, le gendre du général…

« Né à Anduze le 27 septembre 1745, bel homme, très fort, malgré sa taille élancée et peu commune (1 mètre 84 centimètres), Mr Jean Jacques Blanc, général de brigade en herbe, à l’âge de 17 ans, poussé vers le métier des armes, s’enrôla volontairement, et avait atteint sa vingt-neuvième année de service, n’étant que maréchal-des-logis dans le Régiment du Roi, cavalerie, lorsque survint en France la grande époque de 1789. Alors commença, pour celui qui devait être un jour mon beau-père, une phase nouvelle dans la glorieuse carrière militaire.
« En peu de temps, il passa successivement un grade de Sous-lieutenant et de Lieutenant ; fut fait chevalier de St Louis sous l’Assemblée Constituante ; fit partie de l’Armée du Nord, et fut bientôt nommé Capitaine de Dragons, poste et arme qu’il affectionnait et dans lequel il croyait trouver son bâton de maréchal, mais poste que lui fit franchir, malgré lui, sous la Convention Nationale, un acte de bravoure dont je parlerai tout à l’heure.
« Il était dans la division du général Souham, au quartier général de Courtray, on demande des cavaliers de bonne volonté pour aller dégager, s’il se peut, une compagnie de chasseurs qui, s’aventurant un peu trop dans une patrouille, s’était vu barrer le passage par un escadron de hulans
(1), et s’était exposée à être mise en pièces ou être faite prisonnière ; il sort des rangs à cet appel, sa compagnie entière veut le suivre, il prend un chemin détourné, joint les chasseurs près d’être attaqués, prend le commandement des deux compagnies et, fondant au galop sur les hulans, il les force à prendre la fuite laissant trois cents des leurs morts ou blessés sur le champ de bataille, le chef d’escadron compris. (…)»
 
A suivre

(1) Le hulan était un lancier des armées slaves et allemandes.

31 janvier 2019

Le garçon chapelier « mordeur » de Jean Galoffre…

Après un an où dans un billet j’évoquais la célèbre maison Galoffre en 1806 avec la « drôle d’atmosphère » y régnant entre garçons chapeliers, nous y retournons aujourd’hui avec une plainte qui confirme les rivalités exacerbées entre collègues de travail. Celles-ci menaient de façon récurrente à une extrême violence, souvent gratuite. Le nom de Becardy apparaissait déjà dans ma première évocation (Baptiste) en tant qu’accusé. Dans celle proposée ce jour et qui d’ailleurs fut dressée par le juge de paix quelques mois avant l’autre, il s’agit certainement de son frère Jean qui, lui, se pose en victime. Il est appuyé par un intéressant certificat médical de l’époque rédigé par un certain Miergues, « chirurgien patenté n°226 de la ville d’Anduze »…

«Cejourd’hui trente mai an dix huit cent six a dix heures du matin devant nous Jean Coulomb aîné Juge de paix officier de police judiciaire de la ville et canton d’anduze, et dans notre cabinet assisté de Jacques Gache notre greffier.
Est comparu Jean Becardy garcon chapellier chez mr Jean Galoffre, habitant d’anduze, lequel nous a requis de rédiger la plainte qu’il vient nous rendre des faits ci après détaillés a quoi nous avons procédé d’après les déclarations du dit Becardy qui a dit qu’il y a environ demi heure, il était a déjeuné, et avait posé sans attention sa veste et sa chemise sur une planche qui touchait un peu des chapeaux que le nommé françois Lacour avait fabriqués lorsque celui ci s’en est appercut il a pris la chemise et la veste et les a jettés par terre. Sur cella le plaignant lui a demandé pourquoi il faisait cela, le dit Lacour lui a répondu qu’il étoit un brigand, un coquin et a plusieurs reprises lui a sauté dessus, l’a pris par les cheveux, l’a raproché de lui et lui a fait une morsure considérable a la machoire coté droit, et ne l’a lâché que lorsque plusieurs personnes sont venus pour le dégager, et avec beaucoup de peine néanmoins le dit Lacour quoique cela la tenu longtemps par les cheveux sous lesquels faits le comparaissant affirme vrais et sincères désigne pour témoins dieux Paul, fils a pade dit la muse, les fils cadets a la veuve Perrier au couvent, Etienne Jourdan et Joseph, tous compagnons ou apprentis chez le dit mr Galoffre, habitant d’anduze et du tout requiert acte, se déclare partie civile et a signé Jean Becardi.
(1) »

(1) Nous avons ici l’exemple type des changements d’orthographe de nos noms propres au cours des siècles : il n’y a pas encore si longtemps, tous les actes officiels administratifs, quels qu’ils soient, se faisaient manuellement ainsi que leurs copies. Les erreurs étaient donc fréquentes d’un document à l’autre, jusqu’à ce que les dernières finissent par être pérennisées avec le temps… Ici le greffier du juge de paix a « décidé » de mettre un y à la fin de Becardy, alors que le propriétaire du nom a signé, sur la même feuille, avec un i bien visible…

19 janvier 2019

Un jeune « délinquant routier » épinglé… en 1852 !

Alors qu’aujourd’hui les progrès technologiques fantastiques de l’automobile nous confirment pour bientôt une voiture autonome et sans conducteur, je ne peux résister au plaisir de vous soumettre ce procès-verbal d’un gendarme à cheval datant de 1852.
Il s’agit de l’interpellation d’un jeune conducteur qui, profondément endormi, avait laissé les commandes de sa « deux chevaux » aux équidés. C’est vrai que ceux-ci, grâce à une programmation infaillible et sans doute de longue date, devaient bien connaître le chemin !…

« Ce jourd’hui dix neuf avril mil huit cent cinquante deux, vers midi et demie, nous soussigné Simonin Laurents gendarme à la résidence de Lédignan (Gard).
Rapportons que revenant d’Anduze pour le service étant parvenu au quartier de la Madeleine commune de Tournac canton d’Anduze, sur la route nationale n°107 de Nimes à Clermont-férant, avons rencontré une voiture à deux roues attelée de deux chevaux, chargée de diverses marchandises dont le conducteur était profondément endormi dessus, nous l’avons aussitôt éveillé et lui avons enjoint de se tenir à côté de ses chevaux tel que le prévoit l’ordonnance royale du 29 octobre 1820, paragraphe 20, interpellé de nous déclaré ses noms, prénoms, âge, profession, domicile, et s’il était le propriétaire de la dite voiture.
Déférant à notre invitation le dit voiturier a déclaré se nommé Barry paulin âgé de 17 ans, fils de françois Barry commissionnaire de roulage domicilié à St Jean de Maruejols, canton de Barjac, arrondissement d’alais, et la voiture appartenir à son père.
Avons en conséquence déclaré au dit Barry paulin procès-verbal de sa contravention que nous avons rédigé pour être adressé à Mr le Commissaire de police de la ville d’Anduze, remplissant les fonctions de ministère public près le tribunal de simple police de ce canton, et copie sera transmise à Mr le chef d’escadron commandant la gendarmerie du Gard. Fait et clos à Lédignan, les jours, mois, et an que dessus. Simonin »

6 janvier 2019

Anduze et le général oublié de l’armée révolutionnaire… 2

Alexis Chalbos, dixième enfant sur quatorze de Joseph Chalbos, notaire, et de Magdeleine de Fayet du Mazel, aristocrate, est né le 27 septembre 1730 à Cubières en Lozère (environ 90 kms au Nord-Ouest d’Anduze). Il commence sa carrière militaire comme simple soldat engagé volontaire à partir de 1751, dans la cavalerie légère de l’armée de Louis XV.

On le retrouve à partir de 1753 incorporé au régiment de Normandie dont une garnison est stationnée à Anduze. Les casernes étant en réparation, les soldats sont logés dans les différentes auberges locales. C’est dans l’une d’elles, le Lyon d’Or, que le Cubiérien fera la connaissance de sa future femme Marie Beaux, fille naturelle de l’aubergiste et de Jeanne Cazalis. Il l’épousera le 23 avril 1755 à l’église d’Anduze, quelques semaines après la naissance de leur premier enfant, Léger Chalbos. De cette union naîtront deux autres enfants mais seul le dernier des trois, prénommé comme son père Alexis, survivra : il fit aussi une brillante carrière militaire (il finit colonel de cavalerie au huitième régiment des Chasseurs à Cheval), couronnée en 1804 par la distinction d’officier de la Légion d’Honneur attribuée par l’Empereur.
 
Mais revenons à son père qui, à partir de 1756 et la « Guerre de Sept Ans » va commencer à se faire remarquer par ses supérieurs. Sous-officier puis officier sorti du rang, il va continuer sa lente ascension. Excellent cavalier il se distinguera à partir de 1766 pour l’instruction à cheval, notamment à Saumur. En 1788 il obtient du roi la Croix de Saint Louis, prestigieuse décoration. Promu capitaine en 1789, il est rappelé d’une retraite bien méritée par la période révolutionnaire – même s’ils sont issus de l’Ancien Régime la Révolution a besoin de cadres militaires expérimentés ! – qui  va accélérer ses différentes nominations : lieutenant colonel en 1792, colonel en avril 1793, général de brigade le 6 mai de la même année pour devenir général de division le 22 mai !…
Républicain affirmé et intelligent, durant cette époque trouble il déjouera tous les pièges susceptibles de le conduire à l’échafaud comme beaucoup d’autres généraux ayant commis des erreurs. C’est la « Guerre de Vendée », où il est envoyé par la Convention à partir du mois de mars 1793, qui lui donnera l’opportunité d’exercer tous ses talents de stratège et de meneur d’hommes, malgré des problèmes de santé récurrents. Après différents postes de commandement de Places d’armes, il décédera dans l’exercice de ses fonctions à celle de Mayence le 17 mars 1803, à l’âge de 72 ans.

Quant à Marie Beaux, elle n’a à priori jamais suivi son époux dans ses différentes affectations durant toutes ces années. Sans doute étaient-ils déjà « séparés » depuis longtemps au moment du dépôt de sa plainte en 1793, lui se consacrant entièrement à sa vie militaire. Mais ils étaient restés en bon terme puisqu’un acte notarial de 1802 nous apprend qu’il donne procuration à sa femme pour percevoir certains revenus fonciers. Elle décèdera en 1809 à Anduze, rue Bouquerie.
 

J’ai puisé l’essentiel des renseignements concernant le général Chalbos dans une importante brochure, très complète, lui étant entièrement consacrée et éditée en 2011 par le Centre d’Etudes et de Recherches littéraires et scientifiques de Mende. Une association parrainée par les plus grandes instances du département : l’interrêt tardif de la Lozère — et, du fait de ses représentants, de la France — pour l’une de ses grandes figures historiques vient à peine réparer une injustice dont s’était déjà plaint son fils en 1836. Celui-ci demandait que l’on grave le nom du général sur l’Arc de Triomphe. Il est vrai que lorsque l’on détaille la longue liste des généraux de la Révolution et de l’Empire du magnifique monument de l’Etoile, il est incompréhensible qu’Alexis Chalbos en soit absent. A moins que, comme l’affirme une humoriste célèbre d’aujourd’hui, « On ne nous dit pas tout ! »…
En 1884 le maire de Cubières s’adressa au Ministre de la Guerre pour le projet d’une statue qui ne sera jamais réalisée.

Finalement, à l’initiative du président de l’association de Mende et du maire du village, une plaque commémorative du militaire a été posée sur sa maison natale en 2008 ; en attendant peut-être un jour une véritable reconnaissance nationale.
Sur l’Arc ?…