C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

19 octobre 2013

Cette loi qui changea les élections municipales…

Allez, un peu d'histoire ! La petite et la grande se croisant entre Anduze et Paris avec ce billet un peu plus long que d'habitude !…

Parmi les personnalités anduziennes les plus marquantes du dix neuvième siècle, il ne fait aucun doute qu'Albin de Montvaillant, que j'avais déjà eu l'occasion d'évoquer dans un billet d'avril 2012, tient une place de choix. Cet avocat, écrivain à ses heures, fut nommé à la tête de la mairie d'Anduze en 1865. Il occupa ce poste jusqu'en septembre 1870, date à laquelle un certain nombre d'événements historiques nationaux l'encouragèrent assez rapidement à abandonner sa vie politique locale. En voici les différentes étapes.
Le 3 septembre 1870 sont organisées des élections municipales pour renouveler normalement les conseillés, ceci sous la houlette du délégué du préfet et donc maire nommé d'Anduze, Albin de Montvaillant. Celui-ci va profiter du scrutin pour se faire élire aussi conseillé municipal et, la main sur le cœur, il prêtera serment : " Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l'Empereur ! ". Seulement voilà, le lendemain 4 septembre, après une journée d'émeute à Paris, l'Empire est renversé ! Après avoir déclaré une guerre mal préparée à la puissante Prusse en juillet 1870, Napoléon III finit par se constituer prisonnier le 2 septembre à Sedan avec plus de 100 000 hommes. Apprenant la cuisante défaite, une foule parisienne envahit le Palais Bourbon où siège le Corps Législatif : l'empereur est déchu et la Troisième République proclamée.
Le 5 septembre à Anduze le Conseil élu quarante huit heures avant est dissous et une commission municipale provisoire est nommée par "
Adolphe Thiers
acclamation populaire " où le nom de Montvaillant n'apparaît pas. Le 7, Albert André sera nommé maire d'Anduze à la place d'Albin dont la démission a été acceptée…

La guerre n'est pas terminée. Les armées françaises battent en retraite sur tous les fronts et bientôt la capitale sera assiégée. Un hivers épouvantable attend les Parisiens qui résisteront longtemps avant de capituler en janvier 1871. Le gouvernement décide alors de signer un armistice avec la Prusse. Au mois de février, des élections générales donnent une nouvelle Assemblée nationale qui désigne Adolphe Thiers comme chef du gouvernement exécutif. Mais Paris grogne et, au mois de mars, entre en insurrection contre le gouvernement avec son mouvement baptisé " Commune de Paris ", qui va gagner progressivement les grandes villes de province comme Lyon, Marseille où Toulouse. Elles seront sévèrement réprimées et l'action des Communards se terminera à Paris avec ce qu'on appellera "la Semaine sanglante", à la fin du mois de mai.
Entre temps le gouvernement fit adopter le 14 avril 1871 une loi très importante concernant les élections locales : le Conseil municipal, élu au suffrage universel, élira lui-même le maire et ses adjoints, alors qu'auparavant ceux-ci étaient nommés par le préfet en pouvant être éventuellement choisis hors du Conseil. Avec quand même encore une restriction pour les villes de plus de vingt milles habitants, le gouvernement voulant rester maître des nominations les concernant. Il faut dire que la période n'était pas vraiment favorable à un climat de confiance !
La préfecture du Gard, en la personne du préfet Champrans, envoya de Nîmes une lettre étonnante datée du 18 avril 1871 à Albin de Montvaillant et dont voici la teneur :

"  Monsieur Albin de Montvaillant premier conseiller municipal, maire de la commune d'Anduze,
"  Monsieur le Maire,
"  J'ai l'honneur de vous donner connaissance de la nouvelle loi sur les élections municipales, en date du 14 de ce mois.
" D'après l'article 1er de cette loi, les commissions municipales, les maires et les adjoints en exercice et pris en dehors du Conseil municipal, doivent cesser leurs fonctions immédiatement après la publication de la loi.
" Provisoirement et jusqu'à l'installation des nouveaux Conseils municipaux, les fonctions de maires, d'adjoints et des présidents des bureaux électoraux, dans les communes administrées par les commissions municipales ou par des maires et adjoints pris en dehors du Conseil municipal, seront remplies par les membres des derniers Conseils municipaux, en suivant l'ordre d'inscription sur le tableau.
" En exécution de ces dispositions, je vous prie de vous concerter, dès la réception de la présente lettre, avec le maire actuellement en exercice qui, déjà prévenu par moi, voudra bien vous remettre le service de la mairie.
" Comme premiers actes de votre administration vous aurez à faire publier et placarder aux lieux ordinaires, l'affiche ci-jointe contenant la loi du 14 avril et vous entendre, pour les fonctions d'adjoint, avec le conseiller municipal venant après vous. Vous aurez ensuite, et sans perdre un instant, à vous occuper de la formation de la liste électorale qui doit être dressée dans les trois jours qui suivront la publication de la loi.
" Un prochain courrier vous apportera des instructions et les imprimés nécessaires pour la confection de ce travail. Vous pourriez, dès à présent, préparer les éléments de cette opération qui aura pour base la révision des listes électorales de 1870, avec cette condition que les électeurs devront être domiciliés depuis un an dans la commune.
" Je vous prie de vouloir bien accepter la charge provisoire que vous confie la loi, et dans le cas où il ne vous serait pas possible de la remplir, de la remettre, en mon nom, au membre du Conseil municipal inscrit après vous, en lui faisant tenir la présente lettre et l'affiche qui l'accompagne.
" Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
 
" Le Préfet du Gard "

La réponse ne se fit pas attendre puisqu'elle date du 20 avril 1871. Le plus curieux est qu'elle fut adressée au sous-préfet d'Alais comme si c'était lui qui avait été l'auteur de la première ! Un petit mystère mais toujours est-il qu'Albin de Montvaillant avait déjà définitivement tourné la page de sa vie politique anduzienne :

" J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, qui me fait connaître qu'en ma qualité de premier conseiller municipal élu par le suffrage universel, la loi du 14 avril 1871 me confie les fonctions de maire jusqu'aux élections nouvelles.
" Je vous remercie, monsieur le Sous Préfet, de votre communication, et tout en approuvant la loi qui rend ainsi hommage au suffrage universel et qui proteste contre l'usurpation des commissions municipales, je me vois au regret obligé de vous faire connaître que je n'accepte pas ces fonctions.
"Recevez, monsieur le Sous Préfet, l'assurance de ma considération très distinguée.
" Albin de Montvaillant "

3 octobre 2013

Anduze ou la passion de la céramique…

Ensemble de céramiques fines gallo-romaines
Quand un chercheur passionné de terres cuites arrive en Cévennes et foule une terre potière dont la réputation n'est plus à faire comme celle d'Anduze, ça ne peut donner obligatoirement qu'un coup de cœur ! Ce fut sans aucun doute le cas de Freddy Thuillier. Remarquez, comme le souligne judicieusement Bernard de Fréminville dans son récent petit livre sur la Porte des Cévennes : " Pas un espace de terre qui ne révèle ici, pour peu qu'on le creuse, un fragment de poterie ". Alors on peut comprendre aisément avec quelle facilité notre docteur en archéologie – sa thèse de doctorat portait sur les ateliers de potiers gallo-romains – jugea notre environnement exceptionnellement favorable pour d'éventuelles recherches à venir…
En attendant, et suite à sa demande, la ville d'Anduze l'accueille avec grand plaisir pour une conférence le samedi 12 octobre à partir de 17h30 à la salle Ugolin, aux Casernes. L'intervention sera accompagnée d'un power-point et d'une présentation de mobiliers céramiques. En voici les différents thèmes : 1/ La fabrication des terres cuites, ses techniques, sa chaîne opératoire, et les vestiges archéologiques en rapport avec ces techniques. 2/ Les produits fabriqués et leurs fonctions et utilisations. 3/ Les terres cuites, sources d'informations pour les archéologues.
Si les céramiques, sous toutes leurs formes et leurs destinations, participent aujourd'hui plus que jamais à notre économie et à notre identité culturelle locale, elles témoignent aussi à travers le temps de la longue histoire d'Anduze et de ses environs…