C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

21 novembre 2013

La porte de la Maison Commune…

Cette vieille et magnifique porte, qui s'ouvre aujourd'hui sur la grande salle d'un cabinet de kinésithérapeutes dont le faux plafond masque de belles voûtes, est sans aucun doute l'un des vestiges les plus emblématiques du patrimoine anduzien. Mais surtout emblématique de tout un quartier historique qui fut pendant des siècles le centre de tous les pouvoirs anduziens, qu'ils soient d'ordre politique ou religieux.  Celui-ci est situé dans les " Hauts d'Anduze ", entre les rues Notarié et de la Monnaie, reliées entre elles par la place du Cimetière ou place Saint Etienne ou place de l'église ou, pardon, place de la République !…
Viguier, dans sa notice sur la ville d'Anduze, nous parle d'un acte de 1442 constatant que la communauté d'Anduze et la confrérie de Saint-Etienne achetèrent une maison contiguë à celle que possédait déjà la confrérie depuis 1384 et qui deviendra un Hôtel-de-Ville. Ces deux maisons sont réunies dans le compois de 1535 sous le nom de Maison de la Confrérie et en 1546 ce nom deviendra celui de Maison Consulaire. Cette confrérie était l'une des cinq associations charitables d'Anduze à laquelle appartenait peut-être bien quelque consul et qui dans ce cas pouvait offrir si nécessaire le logis aux desservants de l'église Saint Etienne (forcément située dans le même secteur que celle d'aujourd'hui pour être à proximité du premier château des seigneurs d'Anduze, nous ignorons à ce jour quel fut son emplacement exact). Depuis le Moyen-âge, ceux-ci appartenaient au prieuré contigu à l'église et comprenait outre le Prieur et son vicaire, une douzaine de religieux.
Or, en 1561, presque tout Anduze est acquis à la Réforme dont le culte s'installe dans l'église, les prêtres ayant du céder la place. Fin 1567, ayant démoli l'église comme tous les autres édifices catholiques, les protestants installent leur culte dans une salle de la Maison Consulaire. Mais celle-ci devenant trop petite, décision est prise d'agrandir tout l'ensemble par la construction d'un nouveau local côté ancien cimetière, constituant ainsi un véritable pâté de maisons entre les deux ruelles citées plus haut. Siège actuellement d'une agence d'assurances, sa façade a conservé la trace du blason de la ville – martelé à la Révolution –  daté de 1590.
Après 1600, une fois construit le nouveau temple, les catholiques récupérèrent progressivement leur ancien domaine de la confrérie et y aménagèrent une chapelle. En 1634, invoquant le droit de propriété de l'Eglise, le vicaire intenta une action pour récupérer aussi le reste des locaux comme logements. Bien sûr les consuls ne cédèrent pas et il fallut que l'affaire aille jusqu'au Parlement de Toulouse pour qu'en 1647, comme le raconte Jean-Pierre Hugues dans son livre : " Les magistrats furent autorisés à rester dans la Maison de Ville, mais à la condition qu'ils paieraient au vicaire une rente annuelle de douze livres ". Il s'agissait de la salle haute de la Maison et cela constituait du même coup la reconnaissance de propriété de l'Eglise…
Après la révocation de l'Edit de Nantes, le temple à son tour démoli fit place à la nouvelle église d'aujourd'hui, terminée en 1688. Dès-lors et d'un commun accord, les services consulaires s'installèrent au large au rez-de-chaussée, et le presbytère au premier étage. Ce " modus-vivendi " va durer ainsi près de cent quarante ans malgré la poursuite des guerres de religions, et une éclipse due aux événements de la période révolutionnaire. En 1825, la Municipalité aménage un nouvel Hôtel de Ville dans l'une des ailes des anciennes casernes où il se trouve encore aujourd'hui, tandis que le presbytère catholique est resté au premier étage de l'ancienne Maison Consulaire, utilisant aussi le rez-de-chaussée pour ses diverses réunions paroissiales, ceci jusqu'au milieu du vingtième siècle.
Vendus et passés dans le domaine privé, les vieux bâtiments furent rehaussés de plusieurs étages, transformés en appartements et locaux commerciaux dans les années 1990 après avoir abrité pendant longtemps l'atelier d'un menuisier qui adorait travailler devant le pas de sa porte… de sa si magnifique porte !…

2 novembre 2013

L'hommage aux Enfants d'Anduze…


Bientôt la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918, aussi c'est peut-être le bon moment pour écrire quelques mots sur un ouvrage particulier d'Anduze puisque dédié au souvenir : notre Monument aux Morts.
C'est le 14 juin 1919 que le maire Jean Gaussorgues et son Conseil décidèrent d'organiser un comité chargé de mettre en route le projet d'un monument à la mémoire des Enfants d'Anduze victimes de la Grande Guerre. Quelques mois plus tard, en février 1920, suite à un courrier du préfet annonçant que des trophées de guerre pourront être accordés aux communes sous certaines conditions, la municipalité fit une demande de deux canons pour la ville. Le 28 novembre de la même année, les élus municipaux votent quatre mille francs en faveur du comité, somme qui vient s'ajouter à celles de la souscription publique. Ce jour là est fait aussi le choix du lieu : " Le comité qui s'est constitué à l'effet d'ériger un monument à la mémoire des Enfants d'Anduze morts pour la France a fait le choix du parc des Cordeliers pour l'emplacement du dit monument qui serait édifié au pied de la grande pelouse de gauche, faisant face à l'entrée du jardin, demande au Conseil l'autorisation voulue."
Voici maintenant une courte mais inédite description du monument puisqu'elle fut écrite au dos d'une carte postale ancienne représentant celui-ci et que me montra Pierre Salvidant, collectionneur émérite et véritable mémoire d'Anduze : " Ce monument est tout en pierre de Brouzet. Le coq victorieux, au-dessus d'un drapeau impérial allemand, une patte sur le casque, à côté un sabre brisé. Ce sujet a été tiré dans un bloc de pierre mesurant 2m X 2m X 1 mètre. Le coq seul mesure 1m30 de hauteur ". La réputation de cette pierre calcaire du Gard datant du Crétacé inférieur n'est plus à faire depuis longtemps. D'ailleurs, entre autres références, celle-ci prendrait même sa part de l'imposant socle de la statue de la Liberté : tout un symbole !…
Notre monument fut inauguré le 14 août 1921. Dans le même temps il y eut aussi la réception des deux canons, transportés aux frais de la commune du parc d'artillerie de Vincennes à celui des Cordeliers. Disparus aujourd'hui, une carte postale de l'époque nous les présente installés de chaque côté de l'entrée du parc.
Depuis, malheureusement, d'autres noms sont venus s'ajouter progressivement à ceux gravés dans la pierre avec les différents conflits du vingtième siècle, multipliant ainsi les cérémonies du souvenir… pour ne pas oublier !