C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

5 mai 2019

Misserel de Tornac, vagabond de la première classe !…

A travers le procès-verbal de gendarmerie que je vous propose aujourd’hui nous remontons le temps jusqu’au onze août mille huit cent cinquante deux à Tornac. Trois gendarmes à cheval « à la résidence d’Anduze » font leur tournée et tombent inopinément sur un individu en train de manger près d’un feu, au milieu des vignes…
Mais je vous laisse découvrir ce rapport qui a attiré mon attention car la situation et les personnages auraient pu être facilement dans un roman de Victor Hugo ! Pour la petite histoire, à cette époque – août 1852 – le grand écrivain était nouvellement exilé à l’île de Jersey car en tant qu’homme politique il avait pris violemment position contre le coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte ; cela eut pour conséquence son bannissement de la France pendant un certain temps…

« Ce jourd’hui onze août mil huit cent cinquante deux, nous Arragon Alexis, Verre Etienne et Berthomien Jean, gendarmes à la résidence d’Anduze, revêtus de notre uniforme, faisant une tournée de communes pour la répression du braconnage, parvenus en celle de Tornac, nous avons aperçu un individu dans une vigne qui avait allumé du feu et faisait rôtir du poisson en plein air, nous nous sommes approchés de cet individu. Les réponses qu’il a données à nos questions nous ont bientôt convaincus que nous avions affaire à un vagabond de la première classe. Il avait l’une des manches de sa blouse remplie de prunes, pressé de nous dire d’où venaient ces prunes, il nous a répondu les avoir volées dans la propriété de madame veuve Lauze de Tornac.
« Questionné de nous dire qui il était, il a dit se nommer Misserel Jean-Pierre, natif de Tornac. Sur ce nous lui avons déclaré que se trouvant en état de vagabondage et nanti d’objets volés, nous le faisions prisonnier pour être conduit devant monsieur le Procureur de la République à Alais, auquel magistrat nous adressons le présent procès-verbal et copie à monsieur le Commandant de cette compagnie.
Fait à Anduze les jours, mois et an que dessus.
Berthomien, Verre, Arragon »


En bas de page les gendarmes précisent dans leur signalement que l’homme serait âgé de dix huit ans : espérons pour lui que ce jeune « vagabond de la première classe » n’a pas fini au bagne de Toulon pour quelques prunes !…