C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

31 mars 2018

Anduze 1817 : le perruquier et le docteur…

Livre de la Bibliothèque Nationale

« Mr. Hercule Gache perruquier doit à Mr. Viguier médecin, la somme de vingt-cinq francs (25 fr) – Savoir pour soins et visites relativement à la maladie de sa femme au mois de mars, – vingt francs (20 fr). Pour conseils donnés verbalement à sa femme chez elle le 12 avril – cinq francs (5 fr). Ce qui fait 25 fr pour la somme due. à Anduze le 10 juillet 1817. Pour acquit Viguier »

Cette reconnaissance de dette, établie plusieurs mois après les interventions du médecin, est émouvante à plusieurs titres.
D’abord elle montre les difficultés d’une profession, celle de perruquier, qui à cette époque est à bout de souffle, la Révolution étant passée par là pour ralentir la coutume essentiellement aristocratique de porter perruque. Même si l’on retrouve des traces de cette activité dans l’Antiquité, en France c’est Louis XIII qui initia durablement cette pratique suite à une grave maladie qui lui fit perdre une partie de ses cheveux. Les courtisans, pour lui plaire, emboîtèrent le pas et le postiche capillaire devint progressivement, au-delà d’une mode, un véritable emblème représentatif de la noblesse. Parmi tous les Louis qui lui succédèrent, c’est certainement sous le quatorzième qu'il fut utilisé à son paroxysme. L’artisan perruquier acquit un statut très important.

En deuxième lieu ce petit document témoigne de l’exercice professionnel de l’un des plus célèbres docteurs d’Anduze, Alexandre-Louis-Guillaume Viguier. Ceux qui s’intéressent à l’histoire de notre cité ont reconnu l’auteur de la « Notice sur la ville d’Anduze et ses environs », publiée en 1823 et rééditée en 1987 par les éditions Lacour.
De façon plus amusante nous découvrons aussi, avec ce manuscrit inédit, l’étonnante signature du jeune praticien. Son étude graphologique pourrait sans doute s’avérer intéressante…

16 mars 2018

Anduze, avril 1792 : l’affaire de l’incendie du château de Veirac… (4)

Dans cette quatrième et dernière partie je n’ai recopié que l’introduction du dernier procès-verbal en notre possession, celle-ci présentant les très intéressants noms et métiers de l’ensemble des témoins anduziens convoqués le vingt huit avril 1792 par le juge de paix. Pour le reste du document il ne s’agit que de la confirmation des déclarations enregistrées sur le même modèle que celles que je vous avais transmises précédemment. D’ailleurs la grande similitude des témoignages pourrait faire croire qu’ils s’étaient tous donnés le mot avant de venir, en déclarant notamment et à l’unanimité n’avoir reconnu personne ce jour-là au château de Veirac…

« L’an mil sept cens quatre vingt douze et le quatrième de la liberté, le samedi vingt huit avril, heure de huit du matin par devant nous Louis Fontane, homme de loy juge de paix, officier de police de la ville d’anduze. Sont comparus sieur Michel Gache, chapelier, sieur Jean Seyte, garnisseur de drap, sieur Paul Fraissinet cordonnier, sieur Pierre Blanc meunier, sieur Jean Fabre tailleur d’habit, sieur Antoine Fabre boulanger, sieur Jean Faïsse menuisier, sieur Antoine Lapierre perruquier, sieur Beaumont bridier (ouvrier qui fabriquait des brides en cuir), sieur Mercier aîné bourgeois, sieur Cadet Jullian fondeur et sieur Gilles Commune marchand chez le sieur Martin. Tous habitans de cette ville. Témoins appellés en vertu de la cédule (acte par lequel un juge de paix permet d’abréger les délais dans les cas urgents) délivrée par nous le jour d’hier 27e courant a l’effet de déclarer les faits & circonstances qui sont à leur connaissance au sujet du délit dont est question en la dénonce a nous faitte par le procureur de la commune de cette ville. Lesquels témoins sus nommés, après avoir preté le serment en tel cas requis, ont fait leur déclaration ainsi qu’il suit… »

Un petit mot concernant le propriétaire de cet énigmatique château de Veirac, appelé « sieur hostalier » dans les différents procès-verbaux. En 1715 le baron Daniel Hostalier de Saint-Jean, receveur des tailles, acheta au baron de Pézène la tour du même nom avec son îlot de bâtiments – qui était appelée à l’origine tour de Veirac car faisant partie du fief portant ce nom et situé dans le nord de la ville. Il s’agit donc de la même famille, d’autant plus que Thierry Ribaldone écrit, dans son excellent article sur la tour urbaine de Pézène dans Cévennes Magazine n° 1442, que son épouse conservera les droits seigneuriaux jusqu’à la Révolution. Ce qui est moins clair c’est la situation exacte du « château » qui fut incendié, désigné à plusieurs reprises dans les témoignages comme « maison de campagne »…
Nous avons encore à Anduze un « chemin de Veyrac » (notez ici le Y) traversant un quartier nommé de même et qui se trouve au sud-est de la cité, dans un environnement campagnard : le baron Hostalier avait-il aussi récupéré cette terre en même temps que la tour de Pézène ? Faisait-elle partie du même fief de Veirac (notez ici le I) ?… Des recherches seraient encore à faire ici !

Pour revenir à cette affaire d’incendie, nous n’avons pas dans le lot de documents en notre possession celui de la conclusion de l’enquête. Il est fort probable qu’elle fut finalement sans suite, du fait d’un dossier particulièrement vide, conséquence d’un contexte révolutionnaire où le silence devait être la règle d’or en ces temps troublés ! Une Révolution qui n’avait pas encore livré tout son cortège d’horreurs avec la Terreur qui se profilait à l’horizon…

3 mars 2018

Quand l’hiver habille Clara…




           En ce dernier jour de février, particulier
           Sous les fins flocons de neige virevoltants,
           Mes pas me conduisirent, le cœur palpitant,
           Vers le beau et magique parc des Cordeliers.

           Clara m’attendait, patiente comme toujours,
           Surprenante dans sa tenue d’hiver blanche.
           Tellement rare en habit du dimanche,
           Je félicitais la belle pour ce grand jour.

           Avant tout la fille du seigneur d’Anduze
           La troubadouresse voulait, sans excuse,
           Rappeler son personnage d’élégante.

           Et vous, dame Nature extravagante,
           Merci pour la création haute couture
           Qui mit en valeur notre chère sculpture…