C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

24 novembre 2018

Claudius Revoux, horloger d’Anduze…

Dans un billet du mois d’avril 2016 j’avais évoqué succinctement le nom de Revoux dont on apercevait sur une carte postale ancienne jointe un bout du magasin situé place Couverte, derrière la fontaine Pagode. Voisin du libraire Génolhac (1), j’ignorais alors qu’il était aussi son beau-frère, ayant épousé sa sœur Louise en 1883. Ces renseignements et les autres qui vont suivre m’ont été communiqués par madame Sylvette Carrichon, descendante de la famille. Des documents intéressants puisqu’en dehors du plaisir de mettre un visage derrière un nom, ils permettent aussi de constater que Claudius Revoux, horloger-bijoutier, n’était pas qu’un simple commerçant mais bien un véritable artisan-créateur à priori très apprécié au plus haut niveau de sa corporation.
 
En 1894 et à l’âge de trente cinq ans, la médaille d’or qu’il obtint à Paris de la Fédération Française des Horlogers, Bijoutiers et Orfèvres, a sans aucun doute dû booster son activité. Dans son bulletin municipal de 2011 la ville de Lézan lui rend hommage à travers un article précisant qu’il est l’auteur du dernier mouvement mécanique de leur tour de l’Horloge :  
« (…) En 1895, le sieur Claudius Revoux, horloger à Anduze, s’engage à fournir et à poser une horloge publique pour le compte de la commune et la somme de 1085, 60 frs conformément au projet établi par lui à la date du 7 décembre 1895 et approuvé par Mr le Préfet le 24 décembre 1895. Le 10 mars 1896, le PV de réception et bon fonctionnement était signé. Ainsi notre tour a été habitée par deux horloges mécaniques, celle de 1896 bien que marquant certains signes de fatigue bien compréhensibles est toujours à l’œuvre (…) »

Il serait logique, mais cela reste à vérifier, que l’horloger se soit aussi occupé de l’installation du dernier mouvement mécanique de notre propre tour de l’Horloge, sensiblement de la même époque et conservé aujourd’hui dans l’une des salles de la mairie…

(1) J’ai consacré un billet à son fils Alfred (1-novembre 2015), gravement blessé à la tête pendant la première guerre mondiale et qui écrivit un petit recueil de poésies lors de sa convalescence.

11 novembre 2018

Antoine Rodier de Labruguière : « d’Anduze à Sauve »…

Aujourd’hui je vous propose de retourner à l’époque trouble de la Révolution avec un beau document inédit de Sauve…
Un écrit officiel de la commune reconnaissant avoir bénéficié d’un prêt de six milles livres de la part d’une personnalité anduzienne dont le nom complet, à particule et peu à la mode à cette période, fut raccourci pour écrire simplement Antoine Rodier.

Antoine Rodier de Labruguière (1747-1833) a laissé une trace dans notre histoire locale grâce notamment à la rédaction d’un petit journal du voyage qu’il entreprit entre 1770 et 1771 « d’Anduze à Amsterdam ». Il était accompagné de son frère Albert mais aussi à l’aller de deux membres de la célèbre famille Lafarelle de retour d’une visite à leurs cousins de Montpellier et d’Anduze. Ce journal fut publié en 1900 par Joseph Simon, conservateur de la bibliothèque de Nîmes.

Le jour de cet « arrangement financier » nous sommes en août 1793 et Robespierre a pris le pouvoir à Paris depuis quelques semaines avec son comité de salut public qui instaurera la Terreur. Donc en France l’atmosphère révolutionnaire se durcit, d’autant plus que la disette commence à apparaître, notamment dans le Gard. Alors quand les instances locales ne réquisitionnent pas de force le grain, ils « empruntent » aux plus fortunés pour en acheter. Est-ce que ce service rendu fut « conseillé » à l’aristocrate pour montrer ses bonnes dispositions envers la République, ou bien s’agit-il de l’action personnelle d’un citoyen solidaire de compatriotes dans le besoin ? Nous n’avons pas la réponse mais il n’en demeure pas moins que cette reconnaissance de dette fut établie plus d’un an après à son nom, en décembre 1794 : la mort de Robespierre en juillet de la même année et la fin de la Terreur ont du encourager Antoine Rodier à rappeler son bon souvenir à la mairie de Sauve afin d’avoir une chance un jour de récupérer son argent…

« Nous soussignés maire, et officiers municipaux de la commune de Sauve, district de monthipolite (1), département du gard, déclarons qu’il est dû par notre commune au citoyen Antoine Rodier habitant d’Anduze, six mille livres qu’il preta a notre dite commune en vertu de la délibération prise par le Conseil général de la dite commune le dix huit du mois d’aoust (2) mil sept cens quatre vingt treize, vieux stile (3), qui furent employés a l’achat des bleds (4) pour notre grenier de subsistance, de laquelle somme il lui fut consenti un billet le deux septembre de la dite année mil sept cens quatre vingt treize par les citoyens Malzac maire, Seguin aîné, Blanc, officiers municipaux, et Maurin trésorier alors en exercice, lequel billet nous avons vizé, et paraphé pour etre envoyé a la liquidation generale a paris, et etre liquidé en faveur du dit Antoine Rodier s’il y a lieu. et comme il est possible que le billet vienne a s’égarer, c’est pourquoi nous lui avons fait la présente déclaration pour lui servir en cas de besoin.
fait a Sauve dans la maison commune le dix huit frimaire an troisième
(5) de la republique une et indivisible. »

(1) De 1794 à 1795 Saint Hypolite change de nom pour s’appeler Mont Hipolite. Ce n’est qu’au milieu du dix-neuvième siècle qu’apparaît son nom définitif : Saint-Hippolyte-du-Fort.
(2) Orthographe ancienne du mois d’août.
(3) Le calendrier républicain ne sera créé qu’à partir d’octobre 1793.
(4) Orthographe ancienne de blé.
(5) 8 décembre 1794.