C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

5 février 2017

Anduze et son tube de l’été 1852…


« Ce jourd’hui dix sept septembre mil huit cent cinquante deux, vers onze heures et demie du matin, nous Jouve, Etienne-Joseph, Maréchal des logis de gendarmerie à la résidence d’Anduze, revêtu de notre uniforme, fesant un service de surveillance dans l’intérieur de cette ville à l’occasion de la foire, nous trouvant sur le Plan-de-Brie, avons vu venir du côté de la tour de l’orloge, un jeune homme monté sur un cheval lancé au galop et a parcouru la voie publique dans cette allure.
Lui ayant fait de la main signe de s’arrêter, il a ralenti sa marche et l’ayant abordé, il a déclaré être le fils de M. Gilly, propriétaire à Anduze.
En conséquence et attendu que M. Gilly fils est en contravention à l’article 475 n°4 du code pénal A 27 de l’ordonnance du 16 juillet 1828, lui avons déclaré que nous allions dresser contre lui notre procès-verbal dont l’original sera remis à M. le commissaire de police chargé de la poursuite. Nous avons également fait part à M. Gilly père du contenu de notre procès-verbal comme responsable des actions de son fils. Copie du dit procès-verbal sera adressée à M. le commandant de cette compagnie.
Fait à Anduze les jour, mois et an que dessus. »


Ce rapport de gendarmerie, recopié tel quel, est explicite : en 1852 on verbalisait déjà les excès de vitesse en agglomération !…
Il faut dire qu’à cette époque la ville d'Anduze, au sommet de son ascension économique avec notamment ses nombreuses filatures, était particulièrement bien peuplée et d’autant plus lors de sa grande foire de septembre. C’est pour cette raison qu’elle bénéficiait d’une surveillance accrue avec, en dehors d’une brigade de gendarmerie, un commissaire de police rendu obligatoire pour les localités de plus de cinq milles habitants.
Celui de la porte des Cévennes cette année-là se nommait Charles-Ambroise Chibert. Pour faire plus ample connaissance avec lui et l’essentiel de ses activités, nous le suivrons de temps en temps à travers quelques-uns de ses nombreux procès-verbaux. Comme par exemple celui-ci (toujours recopié sans corrections) daté du 27 août 1852 :


« Hier à dix heures quarante cinq minutes du soir, étant en surveillance au faubourg du Pont, j’entendis des chants sur les quais qui bordent le gardon dans la ville ; non seulement que les chants sont défendus dans les rues depuis la chute du jour par un arrêté du maire d’Anduze en date du 29 février 1849, mais ces chants étaient obscènes, en voici quelques paroles : en m'asseyant je vis son c.., il était noir comm' du charbon, et rempli de m..p… Comme j’étais éloigné des chanteurs, je pris la cours et appelai le garde Driolle que je savais être sur le quai pour garder un chantier. Quand il m’eût rejoint nous doublâmes le pas et nous les ratrapâmes (chantant encore) en face de l’octroi de la porte du pas où je les sommai de me suivre à mon bureau, ce qu’ils firent sans résistance et là, j’en reconnus trois qui sont 1° Lucien Michel fils, 2° Gaston Arnassant fils, 3° Antoine Laporte fils, fabricant d’huile, le 4 ème me dit se nommer Chamboredon fils de l’huissier. Les quatre demeurent à Anduze, le 5 ème m’a déclaré se nommer Canonge Prosper, aubergiste à Alais rue Droite. Je leur ai déclaré procès-verbal.
Sur quoi nous commissaire de police sus dit avons renvoyé libres les dits individus susnommés, à la charge de se représenter lorsqu’ils en seront requis, et attendu qu’ils sont prévenus d’être contrevenus au sus dit arrêté, et d’être auteurs de bruit nocturne troublant la tranquillité publique, nous avons rédigé le présent procès-verbal, de simple police, pour être remis à Monsieur le juge de paix du canton d’Anduze pour, sur les conclusions du ministère public, être statué.
Anduze les jour, mois et an que dessus. »


Comme vous l’avez constaté, notre commissaire était assez embarrassé à propos des paroles de cette chanson paillarde qu’il avait entendues et il n’osa pas « s’étendre sur le sujet » dans son rapport. Aussi aujourd’hui je vous en livre vraiment quelques paroles que j’ai pu retrouver malgré les maigres indices qu'il a laissés, histoire de compléter enfin ce procès-verbal !…

« J’ai rencontré Marie-Suzon, brindezingue, la faridondon, j’ la fis asseoir sur le gazon, en m'asseyant je vis son con, il était noir comm' du charbon, et tout couvert de morpions, y en avait cinq cent millions, qui défilaient par escadrons, comm' les soldats d' Napoléon, et moi, comme un foutu cochon, j’ai baisé la Marie-Suzon… »
 

Aucun commentaire: