C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

5 octobre 2019

Le grand temple d'Anduze : un géant malade…

Le grand temple, classé Monument Historique depuis 1979, est fermé au public depuis le vingt trois janvier deux mille dix neuf par arrêté municipal et la date de sa réouverture est programmée, si tout va bien, pour le printemps deux mille vingt deux…
Voici résumées les différentes raisons qui ont conduit à cette fermeture exceptionnelle.

Alexandre Autin, architecte du patrimoine, a été chargé en deux mille dix huit par la municipalité d’une étude de diagnostic patrimonial du bâtiment en vue de travaux de mise aux normes de l’électricité et de l’installation d’un nouveau moyen de chauffage.
Lors d'une inspection des combles, son œil exercé de professionnel détecta différents désordres de la charpente.

Il faut rappeler ici le caractère extraordinaire de l’édifice – temple dont nous nous plaisons à considérer qu’il est le plus grand de France, ce qu’il faudra bien un jour vérifier pour… l’officialiser ! – rectangulaire de trente cinq mètres de long sur vingt deux de large, avec une hauteur sous plafond de quatorze mètres. Un volume hors normes coiffé d’une toiture de huit cent mètres carré, soutenue par une immense charpente composée de six fermes (la ferme étant un élément de charpente triangulaire supportant une toiture à pentes). Trois d’entre elles avaient été remplacées à la toute fin du dix neuvième siècle pour devenir métalliques (fermes une, quatre et cinq), montrant ainsi déjà des problèmes de défaillance à l’époque…

C’est la ferme d’origine numéro six, celle que l’on découvre en premier lorsque l’on débouche dans les combles, qui déclencha immédiatement l’inquiétude de l’architecte : la base de sa partie centrale, constituée par l’assemblage armé de deux longues et énormes poutres, s’est affaissée sur la voûte ; celle-ci, construite en briques de terre cuite de huit centimètres d’épaisseur, n’a pas vocation à soutenir une telle charge !
Cet affaissement ne s’est pas produit du jour au lendemain mais certainement depuis l’origine de la construction de la charpente, dans les années mille huit cent vingt : un défaut dû à un manque de rigueur dans le montage de la charpente de la part de l’entrepreneur par rapport au plan initialement prévu et d'ailleurs innovant pour l’époque. Millimètre après millimètre, durant toutes ces années, la ferme a perdu sa résistance à la flexion et repose maintenant sur la voûte. Le problème supplémentaire est que ce désordre en a entrainé automatiquement d’autres au niveau des différentes poussées qui s’exercent sur les murs de l’édifice (des lézardes sont apparentes).

Tous ces éléments, pouvant finir par mettre en péril l’intégrité de la structure de l’édifice, ont conduit avec l’appui de la DRAC à la réalisation d’un diagnostic poussé de la charpente mais aussi de la maçonnerie de l’ensemble du bâtiment par un procédé laser à la pointe de la technologie. Les instruments sont venus confirmer l’état préoccupant du temple. Des capteurs électroniques ont été posés sur les différentes fissures pour en contrôler l’évolution sur un an.
Au vu des sommes considérables à engager pour la réfection totale de notre monument et le caractère urgent de la mise en route du chantier, l’ensemble du dossier a été pris en charge par les services d’Alès Agglomération, celle-ci ayant la compétence « Bâtiments d’intérêt communautaire ».

Au-delà bien sûr de la communauté protestante, ce sont tous les amoureux du patrimoine qui suivront cette affaire sensible car le grand temple demeure l’un des monuments les plus emblématiques de notre cité !…

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