C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

18 juillet 2020

Le secret bien gardé de la fontaine Pagode…

Pour continuer un peu plus sur le thème des petits secrets des grands monuments d’Anduze, la fontaine Pagode n’a rien à envier à la tour de l’Horloge ! Non pas, bien sûr, pour sa date de construction, 1649 apparaissant encore sur l’une de ses rares tuiles vernissées d’origine ; une sorte de petit miracle quand on sait les nombreuses réfections de sa toiture effectuées au cours des siècles.

Son élégante structure d’inspiration asiatique aux proportions harmonieuses, soulignée par l’éclat de ses tuiles colorées, a traversé le temps et les différentes épreuves de notre histoire sans dommages irréparables.
Les derniers travaux importants la concernant se sont déroulés entre 2009 et 2010 et j’ai eu le plaisir de pouvoir les suivre de près. Sans esprit pervers, ce fut pour moi une véritable joie de voir cette vieille dame déshabillée et mise à nu pour enfin connaître ses secrets architecturaux les plus intimes ! Un privilège rare et non renouvelable avant de nombreuses années, sauf catastrophe.
 
Sur la photographie inédite du haut que je vous présente, vous voyez un exemple des étapes de rénovation de la fontaine en cours de travaux : vous apercevez la petite charpente nue en bois d’origine, abimée en surface mais encore assez solide pour être conservée ; des languettes neuves de bois de sapin brut sont clouées dessus (elles iront jusqu’au sommet du chapeau), remplaçant les anciennes en mauvais état ; en bas de la photo ce sont ces mêmes languettes neuves qui recouvrent la charpente principale, peintes d’un enduit blanc d’étanchéité (le chapeau aussi sera peint). 
C’est sur cette surface que furent clouées les tuiles récupérées sur le monument mais aussi des nouvelles pour remplacer celles qui étaient défectueuses. La décision avait été prise de remplacer l’épi de faîtage dont les différentes parties superposées, toutes en céramique, présentaient de nombreux éclats difficilement réparables. Celui-ci, à priori d’origine, est précieusement conservé par la municipalité.

Il est de tradition chez certaines catégories d’artisans, notamment ceux qui participent du compagnonnage, de laisser une trace de son passage ; une signature pour l’ouvrage accompli qui ne sera visible que pour un confrère qui viendra à son tour au chevet de l’œuvre à réparer, à restaurer, à entretenir, quelques fois cinquante ou cent ans plus tard. C’est un rituel ancestral secret, un lien à travers le temps n’appartenant qu’à ces professionnels atypiques, et où l’information au grand public est parcimonieuse sinon exclue.

Un matin d’hiver, arrivant à l’improviste à la fontaine entourée de son échafaudage, j’ai surpris le technicien responsable du chantier en train de placer discrètement quelques objets dans une cache aménagée : une bouteille de vin, un exemplaire du journal du jour griffonné et avec plusieurs signatures, quelques pièces de monnaie. Si ma présence imprévue ne l’a pas plus gêné que cela, sans doute grâce à ma curiosité bienveillante, je reste quand même persuadé que cet homme sympathique n’aurait rien dit de son initiative personnelle au référant municipal du chantier que j’étais à l’époque !

C’est pourquoi aujourd’hui je ne vous ai livré qu’un demi secret ; l’autre moitié, l’endroit de la cache, si vous le permettez je la garderai pour moi : je suis tellement fier de connaître au moins un secret bien gardé de l’un de nos monuments historiques !…

1 commentaire:

Noemie Machefer-Delamatta a dit…

Merci Phil c'est passionnant ! Noémie