C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

13 janvier 2018

Anduze, avril 1792 : l’affaire de l’incendie du château de Veirac… (1)

Toujours dans la suite des documents retrouvés par hasard au dernier étage de la mairie et non répertoriés dans nos archives municipales (ce que je vais entreprendre au plus tôt !), je suis tombé sur une liasse de feuillets manuscrits d’époque révolutionnaire relatant l’enquête concernant l’incendie criminel du dit « château de Veirac » au mois d’avril 1792…

Un témoignage local exceptionnel en relation avec l’événement historique plus large des nombreux incendies de châteaux dans le Gard et ailleurs. Voici ce que disait à propos de cet épisode le grand archiviste de notre département, Yves Chassin du Guerny, dans son fascicule consacré au château de Tornac, qui fut lui-même embrasé le 4 avril :
« (…) En ce même printemps, quantité de châteaux furent brûlés dans le département sous l’impulsion de la colère provoquée dans les esprits exaltés par l’accident de Villeneuve-les-Avignon (25 mars 1792) où soixante-neuf volontaires furent noyés. On crut à un complot fomenté par les aristocrates et on se vengea en incendiant leurs châteaux. » (…) Il est vrai aussi que les auteurs de ces excès étaient généralement des « patriotes », des amis de la Constitution, « de bons cultivateurs d’une moralité saine dans la conduite ordinaire de la vie ». Sans doute il se glissa dans leurs rangs de mauvais sujets poussés par l’amour du pillage. (…) »

Je vais donc vous proposer en plusieurs billets ce rapport original. Aujourd’hui, dans ce premier document, nous faisons la connaissance de Charles Louis Albaret, procureur d’Anduze et de Louis Fontane, juge de paix et officier de police d’Anduze ; ainsi que de son greffier, un certain Coulomb, peut-être de la même famille que le juge de paix que nous connaissons bien et qui officia à l’époque napoléonienne (voir billets précédents). Je vous parlerai aussi plus tard du sieur Hostallier, propriétaire des lieux sinistrés et bien sûr lié au nom de Veirac dont les différentes orthographes ont créé un imbroglio, source de confusion chez certains historiens contemporains :

« A monsieur le juge de paix officier de police de la ville d’anduse »

« Charles Louis Albaret procureur de la commune de la ville d’anduse vous remontre que jeudi dernier, cinquième du présent mois d’avril, l’on apprit au point du jour que des troupes armées portoient l’incendie & la dévastation dans tous les châteaux & maisons qu’on disoit appartenir aux ennemis de la Constitution ; cette funeste erreur, ce terrible aveuglement s’est propagé jusque sur notre territoire, la maison de campagne du sieur hostalier citoyen de montpeiller située dans le quartier de vairac a été dévastée & incendiée, pourquoi le dit procureur de la commune déclare qu’il vous dénonce le fait ci-dessus enoncé, dont-il offre d’affirmer la vérité, & qui sera attestée par les témoins amenés avec lui, & vous requiert d’agir conformément à la loi. » Signé Albaret et Fontane.

« La présente dénonce signée du sieur Albaret procureur de la commune de cette ville d’anduze nous a été présentée cejourd’huy mercredi onzième avril a une heure de retenue par le dit procureur de la commune le quel a affirmé que le fait étoit tel qu’il avoit exposé dans la dite dénonce de laquelle lui avons donné acte et attendu la présence des témoins amenés par le dit procureur de la commune nous avons reçu la déclaration des dit témoins sur les faits contenus en sa ditte dénonce des quelles déclarations ils été tenu notte par notre greffier pour servir & valoir ce qu’il appartiendra »
« Au surplus disons que sur le champ nous nous transporterons sur les lieux du délit pour en présence de deux notables être fait visite par un mâcon & un serrurier de l’état des dits lieux et prendre tous les éclaircissements relatif au délit dont est question dans la présente dénonce à anduze dans notre maison & cabinet le mercredi onzième avril mil sept cent quatre vingt douze. » Signé Fontane, juge de paix et officier de police.
 
A suivre…

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