C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

27 janvier 2018

Anduze, avril 1792 : l’affaire de l’incendie du château de Veirac… (2)

Avant d’aborder la suite du précédent billet, je voudrais apporter une rectification à celui-ci quant au texte que j’avais attribué à Yves Chassin du Guerny dans le fascicule à son nom concernant le château de Tornac. En effet, je viens de retrouver en parcourant le rarissime livre de Francis Bernard « Terre de Tornac », édité en 1947 à cent exemplaires numérotés, le même texte au mot près sur les incendies de châteaux en avril 1792… L’oubli de mentionner l’auteur du texte dans le fascicule et mon manque de vigilance ont conduit à cette erreur, aussi « rendons à César ce qui est à César »…

Cette deuxième partie nous permet de commencer à visiter l’endroit sinistré en compagnie du juge de paix et de divers témoins pour un procès-verbal d’état des lieux. Un château souvent qualifié dans le texte de « maison de campagne », ce qui corrobore bien l’idée qu’il s’agissait certainement d’un grand mas et ses dépendances. Une maison de maître que la qualité de ses propriétaires, dépendant de l’aristocratie et de la féodalité, a fait rebaptiser « château » par les simples citoyens de l’époque…

Les écrits ont été recopiés tels quels (fautes comprises) pour garder l’esprit du document. Par contre, la ponctuation étant totalement absente, je me suis permis d’en ajouter quelques-unes ici ou là pour rendre la lecture un peu plus digeste !
 
« L’an mil sept cens quatre vingt douze et le mercredi onzième avril a trois heures après midy, nous Louis Fontane juge de paix & officier de police de la ville d’anduze, en conséquence de notre ordonnance apposée au bas de la dénonce a nous faite cejourd’hui par le procureur de la commune de la ville d’anduze. Etant accompagné des sieurs Jean Regoure & Charles Silhol, tous deux notables de la ditte ville d’anduze, dont nous avons requis l’assistance a l’effet d’être en leur présence procédé aux opérations cy après dont nous leur avons fait connoitre l’objet, et de sieur Louis Ferrier maçon architecte et sieur Joseph Massot serrurier, citoyens de la ville d’anduze aussi requis de se trouver à la maison de campagne située au lieu de Veirac, appartenant au sieur hostalier citoyen de la ville de Montpellier, pour y visiter les dégats dévastations et incendies commises à la ditte maison de campagne & batiments y attenant dont il est fait mention en la dénonce du dit sieur procureur de la commune, les quels dits sieurs Ferrier & Massot ont preté en nos mains le serment de procéder en leur ame & conscience et de déclarer vérité. Nous nous sommes transportés a la ditte maison de campagne située comme est dit cy dessus au lieu de Veirac, ou étant nous avons trouvé le sieur Claude Villaret fermier du dit sieur hostalier, lequel sur notre réquisition nous a conduit à la ditte maison de campagne, et étant arrivés a la porte d’entrée nous avons requis les dits Ferrier & Massot d’en faire la visite avec nous a l’instant, a quoy procedant nous avons vu & les sieurs gens de l’art ont remarqué que le batant de la porte a droite en entrant dans la ditte maison a été brulé y en ayant encore une partie qui, quoique réduit en charbon, tient encore au gond supérieur ; et le batant a la gauche de la ditte porte d’entrée est hors de ses gonds et tient par une longue pièce de bois qu’on a placé dans la maison. La partie supérieure du dit batant est en bon état et la partie inferrieure a été brisée a coup de hache. Etant entrés dans la ditte maison nous avons vu l’aile droite en entran composée de trois pièces, l’une au rez de chaussée, l’autre au premier & la troisième au second. Celle du rez de chaussée éclairée par trois fenetres, deux du coté du midy & l’autre du coté du nord. Celle du premier éclairée par un même nombre de fenetre, deux du coté du midy & une du coté du levant, et celle du second égallement éclairée par deux fenêtres, l’une au levant & l’autre au midy, laquelle aile de batiment nous avons vu & les gens de l’art ont remarqué avoir été entièrement brulée jusque au couvert inclusivement, ainsy que toutes les portes contre vent & petit bois des dittes trois pièces a l’exception d’une petite partie du plancher formant la partie haute de la chambre du premier étage. Celle du rez de chaussée étant couverte d’un tas de ruine tuiles brisées et bois brulés ou a demi brulés, ny ayant dans cette partie que les quatre murs et vis a vis. La porte d’entrée de la ditte maison est un cavot s’enfonsan sous l’escalier, nous avons vu et les gens de l’art ont remarqué que la porte du dit cavot avoit été arraché ainsy que quelques étages en bois qui étoient dans le dit cavot. De la nous sommes entrés dans une pièce servant de cuisine au fermier située au rez de chaussée et sur la gauche en entrant. Dans la ditte maison nous avons vu & les gens de l’art ont reconnu que la porte a deux batants de la ditte cuisine avoit été arrachée & l’arboutant de fer qui tenoit un des dits batants coupé, que la cheminée en platre de la ditte cuisine a été abatue ainsy que le fourneau a recheau, que les portes des deux armoires qui sont dans la ditte cuisine ont été arrachées ainsy que les contre vents des deux fenetres situées au midy et éclairant la ditte cuisine… »

A suivre

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