C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

1 décembre 2019

La maison d’Anduze et les sénéchaux de Beaucaire… 1

Avec ce billet et quelques autres qui suivront je vais revenir sur une période locale que j’affectionne particulièrement : le Moyen-âge.
Si, au cours de notre riche histoire, Anduze prit une importance considérable dans la région lors des guerres de religion, – à partir du seizième jusqu’au dix huitième siècle – il n’en demeure pas moins que la cité avait déjà gagné ses lettres de noblesse quelques centaines d’années plus tôt avec la saga de la célèbre maison d’Anduze.
Un rayonnement qui s’éteindra progressivement à partir du treizième siècle avec l’arrivée de la croisade contre les Albigeois. Celle-ci donnera un prétexte à la royauté pour s’emparer des territoires du Sud et sonner ainsi le glas du pouvoir féodal languedocien, notamment sous saint Louis avec la plus puissante famille des Cévennes qui sera dépouillée et ruinée par l’action brutale des représentants du roi : les
sénéchaux de Beaucaire…

Ma source concernant ces événements historiques est un important et rare ouvrage que j’ai découvert récemment et dont j'ai eu l’opportunité d’acquérir un exemplaire à titre personnel dans son édition originale de 1910 : « L’administration royale dans la sénéchaussée de Beaucaire au temps de saint Louis ».
Cette étude très complète, accompagnée de tous les justificatifs et preuves, est à l’origine une thèse de Robert Michel, un étudiant de vingt quatre ans se présentant pour un diplôme d’archiviste-paléographe en 1908. Grâce à ce travail remarquable celui-ci sortit premier de sa promotion et, cerise sur le gâteau, les hautes instances de la Société de l’Ecole des Chartes d’où il était issu décidèrent de publier son œuvre dans le cadre de leur collection réputée « Mémoires et documents ».
Ce passionné d’histoire mais aussi d’arts (son père était conservateur du musée du Louvre…) fut engagé comme archiviste aux Archives Nationales. Jeune homme doué et déjà très érudit, il était sans aucun doute promis à une brillante carrière mais les circonstances et le destin en décidèrent autrement puisque la mort le faucha le treize octobre 1914 sur un champs de bataille de la Grande Guerre, à l’âge de trente ans…


La sénéchaussée de Beaucaire à l’époque de saint Louis s’étendait d’Aigues-Mortes au Sud jusqu’au Velay au Nord, en passant par le Gévaudan. Notre Gard actuel en faisait partie entièrement avec la frontière du Rhône à l’Ouest et une partie Est de l’Hérault dont Montpellier. Mais il s’agit ici pour moi de vous proposer seulement les textes qui concernent les seigneuries principales du pays cévenol et de découvrir peut-être d’autres aspects moins connus de leur histoire. Ayant retiré ces extraits à des endroits différents du livre, j'interviens quelques fois pour apporter des précisions (en jaune) pour une meilleure compréhension du contexte historique. 

LA NOBLESSE AVANT 1229

(…) « Seigneuries du pays cévenol. – A Alais était établie depuis près d’un siècle la maison des Pelet ; maîtresse de la moitié de la ville et d’un grand nombre de châteaux forts au pays environnant, elle groupait autour d’elle, au début du XIII ème siècle, de puissants seigneurs, tels ceux de Sauve, de Boucoiran, de Remoulins, de Naves, de Rousson.
« Le 18 juillet 1210, Raimond Pelet avait reconnu tenir en fief du comte de Toulouse tous ses biens, et avait arboré sur la tour de son château, au cri de Tolosa ! la bannière de Saint-Gilles, mais, sept ans plus tard, il rendait hommage à Simon de Montfort pour la seigneurie d’Alais et se rangeait au parti des adversaires de Raimond VII (comte de Toulouse) ; aussi le second auteur de la chanson de la croisade (poème de 9578 vers écrit en langue d'oc par deux auteurs différents de l'époque et qui raconte les événements de la croisade albigeoise. Le manuscrit se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale) le compte-t-il au nombre des ennemis du jeune comte et le flétrit-il des noms de « glouton et d’avare ». En 1220, Raimond Pelet faisait hommage à Amauri de Montfort (fils de Simon de Montfort qui devint le chef de la croisade à la mort de son père) ; le 17 juin 1226, il suppliait Louis VIII, alors au siège d’Avignon, de bien vouloir recevoir son fils et héritier Bernard à l’hommage qu’il ne pouvait, accablé d’infirmités, lui rendre en personne.
« Avec la famille des Pelet, celle de Sauve et Anduze était la plus puissante du pays cévenol. Des mariages et des acquisitions successives l’avaient rendue, au début du XIII ème siècle, maîtresse de presque tout le pays qui devait former plus tard le diocèse d’Alais. Elle eût pu constituer un appui sérieux pour le parti toulousain, avec lequel des liens de parenté l’unissaient. Pierre Bermond VI, seigneur de Sauve, avait épousé en effet la fille de Raimond VI, Constance, et se trouvait de la sorte beau-frère de Raimond VII ; de plus, par le mariage de Sibile d’Anduze, fille de Bernard VII d’Anduze et sœur de Pierre Bermond VI, avec Raimond Pelet, la famille d’Anduze se trouvait alliée à celle d’Alais.
« Par malheur, l’esprit d’union lui fit au plus haut point défaut. d’un côté, Bernard VIII d’Anduze lia sa cause à celle des adversaires de Raimond, de l’autre, son neveu Pierre Bermond VII défendit longtemps le comte de Toulouse. »

A suivre

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