C'est le passé et le présent qui se mélangent pour former la passionnante histoire culturelle de notre antique cité, tournée irrémédiablement vers l'avenir…
Ces "billets", pour amoureux d'Anduze, n'en sont que quelques modestes reflets.

14 avril 2020

Le magnifique héritage de Jean-Antoine Rehlan… 1

Avec ce grand billet je vais commencer à vous parler d’un important ouvrage entièrement manuscrit, daté de 1821, que les différentes municipalités anduziennes qui se sont succédées depuis sa réalisation ont pu miraculeusement conserver, même si, au vu de son état quand je l’ai découvert, cela n’a pas été à priori toujours dans les meilleures conditions…

Sans être le plus ancien il s’agit sans aucun doute pour moi du plus beau fleuron de la bibliothèque d’Anduze, aujourd’hui, et cela à plus d’un titre.
Commençons par la forme puisque ma première préoccupation quand je connus l’existence de ce grand exemplaire unique – format 38 X 25 cm – fut de redonner à son aspect extérieur une présentation digne de l’importance de son contenu. La couverture d’origine du livre était en carton et excessivement usée et abîmée, rendant sa restauration impossible. Par contre les six cent cinquante pages manuscrites intérieures ont gardé toute leur fraîcheur, sans aucun doute grâce à la qualité du papier-chiffon utilisé, avec une épaisseur suffisante pour supporter la plume d’oie recto-verso.
J’ai donc demandé à notre relieur d’art d’Anduze, le sympathique Jean-Luc Gonzalez, de s’occuper du malade ; ce qu’il a fait avec la compétence et l’amour du métier qu’on lui connaît pour un beau résultat tout en cuir et en sobriété.
 

Bien entendu ce qui fait l’essentiel du livre c’est le fond. Son titre, un peu long, a le mérite de nous mettre immédiatement au cœur du sujet : « Recueil de documens, concernant le bâtiment qui sert dans Anduze d’hôtel-de-ville et de presbytère ». L’auteur, qui n’avait signé qu’avec ses initiales J.A.R., m’est longtemps resté inconnu avant de découvrir son identité par hasard dans une relecture sommaire de la « Notice sur la ville d’Anduze et ses environs » du docteur Viguier, publiée en 1823. Celui-ci cite en renvois une partie de ses sources dont ce recueil, précisant qu’il se trouve à la mairie, laissé par son créateur, un certain Relhan.
Plus prêt de nous c’est André Chastand, ancien maire d’Anduze (1945 - 1947), qui évoque cet homme dans un chapitre de son « Histoire d’Anduze » de 1952 où il raconte les imbroglios à la fois urbanistiques, juridiques, consulaires, religieux concernant cette « maison contentieuse » et qui durèrent plusieurs siècles !… Il lui rend d’ailleurs hommage à la fin de son livre : « Jean-Antoine Relhan, maire en 1793, poète, écrivain et latiniste distingué ».

Ceux qui connaissent Anduze et son histoire savent que le bâtiment important dont il est question se trouve au niveau du côté bas de la place de la République, anciennement place de l’église, plus anciennement place Saint-Etienne, plus anciennement encore place du cimetière… Un quartier haut qui fut le premier centre historique de la cité, bien avant celui de la place Couverte.
Rehaussé et transformé en locaux commerciaux et appartements de façon pas très heureuse dans les années 1990, l’ensemble du bloc de la « Maison commune » est encore reconnaissable grâce à l’ancienne grande porte d’entrée en pierres taillées conservée. Sur une autre façade, 1590 est gravé au-dessous du blason de la ville, lui-même martelé à la Révolution mais dont on devine toujours les trois tours.

Quand Jean-Antoine Relhan commence l’énorme travail de recherche pour son ouvrage, nous sommes donc en 1821 et il a accès en mairie (encore place de la République) à toutes sortes d’archives ; dans ses écrits il consacre d’ailleurs une page intéressante sur ces « Archives de la commune » :
« Ces archives furent commencées en 1546 ; au moyen d’un grand coffre à 4 clés, placé dans la maison consulaire. Les actes latins qui s’y trouvaient et dont il ne reste aujourd’hui qu’un très petit nombre, furent traduits en français vers la fin du dix septième siècle.
« Le vieux coffre cessa de servir en 1695, que les papiers furent transportés chez le greffier de la ville, comme il est dit au paragraphe 1815 ci devant.
« Après avoir resté près d’un siècle chez le susdit greffier ou ses successeurs, les dites archives seront transférées de nouveau dans l’hôtel-de-ville, dès les premières années de la Révolution.
« Aux dernières réparations du dit hôtel-de-ville, dont il est parlé paragraphes 2725-2727 ci-devant, il a été fait un inventaire général des registres et papiers de la commune, tant anciens que modernes, et Mr. Coulomb-Roquiers, secrétaire en chef, les a arrangés d’une manière qui facilite singulièrement toutes les recherches.
« L’on y conserve en un même paquet, le registre particulier d’actes notariés découverts paragraphe 2720, et celui qui contient un extrait sommaire en français des actes latins dont il est parlé au commencement du présent article. »


Raconter l’ancien hôtel-de-ville d’Anduze et son pâté de maisons c’est être au cœur de notre histoire locale. D’autant que leurs vieux murs ont abrité durant des siècles presque toutes les institutions – à tour de rôle mais aussi ensemble pour certaines – qui participèrent à la vie publique, politique, sociale et religieuse du Moyen-âge au dix neuvième siècle.
Si le livre est daté de 1821 il n’en demeure pas moins que son auteur avait pris la liberté de le continuer bien au-delà, reprenant son manuscrit pour y ajouter quelques chapitres en fonction de l’actualité et du résultat de nouvelles recherches. C’est pour cela que nous y trouvons des informations concernant la construction du grand temple, mais aussi sur le déménagement de la mairie dans l’une des ailes des anciennes casernes…

A suivre

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